ilboursa arabic version ilboursa

Sheryl Sandberg, la First lady de la Sillicon Valley

ISIN : MA0000000050 - Ticker : MASI.ma
La bourse de Casablanca Ouvre dans 28h37min

Après sept années passées chez Google, Sheryl Sandberg a permis à Facebook de se muer en machine à cash. Du business à sa vie privée, tout chez cette femme d'influence est lié à la Silicon Valley.

Derrière chaque grand homme se cache une femme. Cette citation du poète français Gabriel-Marie Legouvé, érigée depuis au rang de formule consacrée, ne plairait sans doute pas à Sheryl Sandberg, numéro 2 de Facebook, fière représentante de l'empowerment féminin, si ce n'est du girl power. Et pourtant, dans l'ombre de son PDG, Mark Zuckerberg, cette directrice générale gère depuis 2008 la stratégie opérationnelle du premier réseau social mondial et siège au conseil d'administration du groupe depuis 2012. Autrement dit, les ventes, le marketing, le développement commercial, les ressources humaines, la politique publique et la communication de Facebook, c'est son pré carré. En fait, c'est simple, si ce site s'est mué en machine à cash, c'est grâce à Sheryl Sandberg.

Dès son arrivée, elle a su convaincre son patron de passer à un modèle économique basé sur la publicité, en toute discrétion, comme elle. Deux ans plus tard à peine, Facebook est devenu rentable.

La businesswoman — seule femme parmi la hiérarchie facebookienne, également la plus âgée des dirigeants de l'entreprise (47 ans) — a su récolter les fruits de ses prouesses. En 2011, elle a été l'employée la mieux payée avec 30 millions de dollars par an (plus que Zuckerberg lui-même) et, dans la foulée, s'est vue désignée par Forbes comme l'une des cinq femmes les plus puissantes au monde. En 2014, elle faisait cette fois partie du Top 10 des personnalités influentes dans le New York Times et intégrait le club très fermé des milliardaires (2 milliards de dollars).

À la table de Donald Trump, lors d'une rencontre avec les CEO 2.0 de la Silicon Valley le 14 décembre dernier, Sheryl Sandberg était assise juste à côté du vice-président Mike Pence. S'il fallait déterminer son niveau de puissance, ce plan de table pourrait parfaitement faire l'affaire. Et pourtant, elle a avoué avoir voté pour Hillary Clinton.

Une ascension fulgurante

Mais d'où vient cette role model, véritable déesse sacrée des “startuppers”?

D'un foyer bon chic bon genre de Washington où elle a vu le jour en 1969. Un frère et une sœur, un père ophtalmologue et une mère au foyer. La presse n'en saura pas plus. Brillante, elle étudie l'économie à la très prestigieuse Université de Harvard à partir de 1987, où elle obtiendra un Bachelor of Arts, puis un MBA en 1995.

La vie est souvent une histoire de rencontres. Au cours de ses études, la jeune Sheryl est repérée par Lawrence Summers, ancien secrétaire du Trésor américain et président de Harvard quand Mark Zuckerberg était lui-même étudiant. Entre eux, c'est le coup de foudre intellectuel. Summers devient son mentor. Ensemble, ils rejoignent la Banque Mondiale où elle a pour mission de gérer des projets de développement liés à la santé. Ensuite, elle part vivre d'autres aventures chez McKinsey & Company, puis au Trésor où elle travaille sur l'allègement de la dette des pays émergents, avant d'être recrutée par Google où elle officie en tant que "vice-présidente des ventes et opérations internationales en ligne" à partir de 2001. Un parcours d'élite.

Les années passent et, en 2007, elle fait la rencontre de Mark Zuckerberg lors d'un dîner de Noël organisé par Dan Rosenzweig, autre gros calibre de la Silicon Valley. Entre eux, le courant passe, et le créateur de Facebook la recontacte en 2008. À cette époque, il ne cherche pas particulièrement à recruter, mais il sait déjà que Sheryl Sandberg a les épaules pour endosser le rôle de directrice générale. Il l'invite à dîner deux fois par semaine pendant plus d'un mois pour la jauger, vérifier leur compatibilité, évoquer l'avenir de Facebook, et faire et défaire le monde numérique.

Les deux personnalités "matchent" parfaitement. Depuis son arrivée, cette spécialiste de la pub a fait du réseau social, créé par un post-ado immature, une multinationale cotée en Bourse ultra-rentable, qui compte désormais 1,8 milliard d'utilisateurs et dégage plus de 2 milliards de dollars de résultat net par trimestre.

Symbole du féminisme libéral

L'autre atout charme de Sheryl Sandberg ? Son image de wonder woman, capable de tout concilier. Sandberg se dévoue corps et âme au travail, mais rentre au domicile conjugal et familial chaque jour à 17h30. Lorsqu'elle prend la parole en public, elle prône l'ambition féminine, l'égalité entre les femmes et les hommes (qui en seraient les premiers gagnants selon elle) et, last but not least, le partage des tâches domestiques (qu'elle applique consciencieusement).

En 2013, elle a gravé son engagement dans le marbre à travers la publication d'un livre En avant toutes : les femmes, le travail et le pouvoir, où elle pointe notamment du doigt le comportement des femmes entre elles, si promptes au sabordage contre leurs rivales.

Mais cette mère de deux enfants a aussi dû faire face aux drames de la vie. En 2015, l'homme qu'elle a épousé dix ans plus tôt, David Goldberg, meurt brutalement d'un violent traumatisme crânien pendant leurs vacances au Mexique. La difficulté, elle est aussi du genre à en faire quelque chose de bon. En plus de son nouveau mantra ("penser positif" qu'elle martèle à chaque prise de parole), elle prépare un second livre sur l'adversité et la résilience, intitulé Le plan B.

Jamais fatiguée, elle a aussi créé un réseau international de femmes, les "Lean in Circles" qui regroupent 30 000 adhérentes dans le monde. Le but : faire en sorte que les femmes se soutiennent mutuellement dans leurs projets. Est-il utile de préciser qu'elle siège aussi aux conseils d'administration de Disney et Starbuck ? Et qu'elle prend le temps de répondre aux mails enflammés de ses admiratrices ?

En route pour la Maison-Blanche ?

Sa tournée parisienne de janvier 2017 l'a démontré, Sheryl Sandberg est un as de la communication diplomatique. Certains la comparent déjà à une “chef d'État” et lui prédisent un avenir à la Maison-Blanche, du côté des Démocrates (même si les récentes élections présidentielles américaines peuvent nous en faire douter). Lors de son discours à l'occasion de l'inauguration de Station F, un campus de startups à Paris, elle a rendu un vibrant hommage à la “ville des lumières frappée par les ténèbres”, flatté la gastronomie française et passé la parole à Anne Hidalgo, maire de la ville, dont Sheryl serait une “grande fan”.

Sa réussite est telle que beaucoup gambergent encore actuellement pour savoir qui d'elle ou de Zuckerberg est le véritable patron de Facebook. En attendant, Sheryl Sandberg a récemment retrouvé l'amour en la personne de Bobby Kotick, le fondateur d'Activision, une société de production de jeux vidéo, et fait la promesse de verser la moitié de sa fortune — soit un milliard de dollars — dans le combat qui lui tient tant à cœur : la réussite des femmes. Comme titrait le New York Times sur sa Une à propos d'elle : "Ne la détestez pas parce qu'elle a du succès".

Par NAJAT LASRI 

Publié sur Telquel N° 749  du 27 janvier au 2 février 2017

Publié le 02/02/17 20:29

SOYEZ LE PREMIER A REAGIR A CET ARTICLE

Pour poster un commentaire, merci de vous identifier.

4seL0x8q-2RlEUoICPWCLFdo2T_tehVSlZcW6pUYjK4 False