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Youssef Souli : « Le processus de recrutement des dirigeants des entreprises publiques manque de transparence et devrait être plus structuré »

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La récente nomination de Olfa Hamdi la tête de la compagnie TUNISAIR a soulevé une pléthore de questions concernant le processus de recrutement des hauts dirigeants des entreprises publiques. Pour répondre à ces interrogations, la rédaction d'ilBoursa s'est entretenue avec Youssef Souli, ancien conseiller auprès du ministère de l'Emploi au Canada et fondateur du cabinet spécialisé dans la chasse de têtes des cadres dirigeants, Workosolutions.

Aux quatre coins du globe, les chasseurs de tête ont l'oreille des dirigeants de grandes entreprises. " Une entreprise passe par plusieurs phases dans sa vie. Elle peut être en lancement, en croissance ou aussi en situation de crise ou de redressement. Dépendamment du contexte, de l'environnement et des enjeux, il faut bien définir le besoin et de là, le profil attendu. Ce process se fait avec les personnes qui maîtrisent les problématiques et enjeux du secteur à l'instant T. A partir de là, nous définissons un profil de poste selon plusieurs critères. On doit retrouver une adéquation entre les objectifs de l'entreprise et les capacités et expériences du candidat. Par exemple, si la société souhaite s'introduire en bourse on privilégiera des candidatures démontrant ce type d'expérience…ou des candidats ayant effectués des restructurations pour des entreprises en redressement ", explique Youssef Souli.

Bien entendu, le candidat devra prouver avoir travaillé auparavant sur ces difficultés et confirmer son succès et sa réussite. " De cette manière, nous pourrons estimer une méthodologie logique pour savoir si le candidat se rapproche le plus possible du contexte actuel de l'entreprise pour laquelle nous voulons recruter. C'est la démarche internationale ", poursuit le fondateur de Workosolutions. " Le candidat peut ne pas être du secteur, soit un Outsider, mais il doit avoir un minimum de compétences ou d'aptitudes dans l'exercice de ses fonctions ", précise Youssef Souli.

Par ailleurs " il est très important que le process soit transparent vis-à-vis des candidats quant aux rémunérations qu'ils auront à leur démarrage mais aussi quant aux moyens alloués par l'entreprise pour atteindre les objectifs souhaités ". Ceci afin d'éviter toutes mauvaises surprises…

Un processus opaque dans les entreprises publiques

D'après Youssef Souli, les déterminants et les critères de recrutement des dirigeants des entreprises publiques manquent de transparence. " Nous ne connaissons pas le processus de recrutement dans la fonction publique ou dans les entreprises publiques pour les hauts postes. Le processus est opaque et peut paraitre partisan et amical, voir parfois naïf ".

Toutefois, le fondateur de Workosolutions a salué l'approche prise en 2015 pour le recrutement des Directeurs Généraux des trois banques publiques, à savoir la STB, la BNA et BH Bank. " Sous la tutelle du ministère des Finances et de la Banque mondiale, cette démarche a été positive. Entre l'arrivée de ces candidats et leur départ, la performance financière des banques s'est nettement améliorée. Le processus s'est fait avec un comité pour assurer la neutralité du processus et éviter tout interventionnisme ", explique Youssef Souli, qui ajoutera que parmi 68 candidatures, trois ont été retenues en fonction d'une série d'entrevues, de notation et de vérification du cahier des charges qui a été établi selon le contexte de l'époque.

L'écart de rémunération pose problème pour les Tunisiens à l'étranger

Le fondateur de Workosolutions affirme que les compétences tunisiennes sont bien payées à l'international et que plusieurs candidats souhaitent participer à la reconstruction de la Tunisie, mais l'écart entre les rémunérations est souvent décourageant même si la plupart sont prêts à faire des sacrifices. " En outre, l'État a aussi des équilibres sociaux et financiers à préserver sur le plan de la rémunération et surtout avec la situation actuelle très difficile des finances publiques ".

Néanmoins, Youssef Souli expose un second frein pour attirer les hauts dirigeants dans la fonction publique. " Ce type de compétences a besoin d'avoir carte blanche pour la mise en place des stratégies. Cependant, dans les entreprises publiques et souveraines, il existe beaucoup de contraintes, car il y a plusieurs parties intervenantes qui, souvent, n'ont pas connaissance des enjeux de l'entreprise ".

Concernant la rémunération, aux problèmes exceptionnels il faut des remèdes exceptionnels. " Dans le cas de figure de TUNISAIR, il n'est pas question de moyens mais plutôt d'équilibre de la grille salariale. Une forte rémunération pour le poste de PDG reste epsilonesque à ce que peut apporter un dirigeant à l'entreprise sur les trois premières années en termes de chiffre d'affaires. Il faut également relativiser le montant du salaire par rapport à la taille de la compagnie et de son potentiel revenu ", estime Youssef Souli.

Et d'ajouter que Tunisie Telecom a pu attirer des hauts cadres du secteur télécom en créant une filiale indépendante des anciennes grilles salariales de la compagnie. De même pour les banques publiques, des mesures exceptionnelles ont été mises en place pour augmenter les rémunérations des directeurs généraux afin de se rapprocher des rémunérations du secteur privé.

Propos recueillis par Myriam Ben Yahia

Publié le 07/01/21 11:34

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