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Yacine Diama FAL, DGA de la BAD pour l’Afrique du Nord : La santé, un secteur encore sous-financé en Afrique

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L'Afrique a été le contient le moins touché par la virulence du Coronavirus. Toutefois, il ne sera pas exempté des ravages économiques et sociaux qui viennent avec la crise sanitaire. Ces risques représentent aussi un défi pour l'Afrique. Yacine Diama FAL, Directrice Générale Adjointe de la Banque Africaine de Développement (BAD) pour l'Afrique du Nord revient, dans cette interview, sur les effets de la crise sur le continent africain et les réponses à apporter en ces temps de péril.

La responsable au Bureau régional de développement et de prestation de services pour l'Afrique du Nord qui couvre 6 pays (Tunisie, Maroc, Algérie, Mauritanie, Egypte et Libye), dirige directement les opérations de la BAD pour la Tunisie, la Libye et la Mauritanie. Occupant ce poste depuis bientôt 3 ans et cumulant une vingtaine d'années d'expérience au sein de la banque, le développement de l'Afrique s'inscrit dans les priorités de Yacine Diama FAL. " J'ai débuté comme juriste puis Cheffe de la division de la passation des marchés avant d'être nommée comme représentante résidente de la Banque au Maroc, puis comme directrice générale adjointe de la Banque pour l'Afrique du Nord ", précise-t-elle.

Une crise inattendue 

Beaucoup l'avaient expliqué, l'ampleur de la crise du Coronavirus est liée à son caractère soudain. Mais avec la fragilité du secteur de la santé et de l'infrastructure, l'addition était considérable pour l'Afrique. " D'une manière globale, les Etats et les décideurs africains avaient toujours sous-financé la santé. Mais l'ampleur de la crise sanitaire reconvertie en crise économique vient du fait que des mesures anti-pandémie ont aussi arrêté l'activité économique et les circuits ont été figés ", a-t-elle expliqué.

Mais Yacine FAL alerte aussi sur une crise sociale provoquée par le Coronavirus. " Comme dans la majorité des pays, on relève une certaine fragilité que cette crise a accentuée et mise en exergue. Si je prends le cas de la Tunisie, beaucoup de problèmes structurels sur le plan économique et social ont été mis en avant par la crise. C'est en temps de crise que les vulnérabilités trouvent leurs chemins vers le système économique, sans compter que c'est une situation inédite à laquelle personne n'était préparé ", a-t-elle ajouté. 

Des mécanismes de réponses radicaux

L'Afrique avait réalisé des taux de croissance économiques impressionnants et était la deuxième région à la croissance la plus rapide au cours de la dernière décennie. " On avait une moyenne de croissance de 4% avec un groupe de pays "champions" avec des taux compris entre 6% et 10% ", a-t-elle soutenu. 

Mais 2020 sera certainement une année difficile pour les économies africaines. " Globalement, on prévoit une récession de 0,7% à 2,8% en 2020 ", estime la responsable. Et dès que la crise est survenue, la liquidité était le mot le plus entendu des conversations. " Nous avons mobilisé des liquidités pour essayer d'équilibrer les répercussions sur le plan de l'activité économique et surtout sur le plan social. Sans compter les fonds débloqués pour les gouvernements pour contrer la crise du Covid-19 ", a martelé Madame FAL.

La BAD a mobilisé au total 3 milliards de dollars pour contenir la pandémie du coronavirus sur le continent. " Cette mobilisation de ressources sur les marchés financiers n'est pas inédite, mais une pratique courante. Cette fois-ci, on a mené cet exercice en le dédiant aux pays dans un délai rapide pour financer des projets en réponse au Covid-19. Et c'est en fonction de la demande que la BAD intervient à travers ces fonds ", explique la responsable de la BAD, qui ajoutera que des mesures stimulus se devaient d'être engagées pour contrecarrer les effets de l'arrêt total d'activité causés par le confinement. 

Quid de la Tunisie ?

" Nous avons déjà commencé à travailler sur des besoins structurels de l'économie tunisienne, surtout les questions d'inclusion sociale par l'emploi. C'est notre stratégie de coopération ", assène la responsable de la BAD. Elle affirme que des discussions étaient menées avec les autorités bien avant la crise sanitaire pour soutenir l'économie tunisienne. 

Avec l'émergence de la crise sanitaire, d'autres fonds ont été injectés au profit de la Tunisie avec les nouveaux besoins qui en découlent. " Les 180 millions d'euros débloqués récemment sont surtout destinés à renforcer la résilience du système de santé et élargir la couverture sociale aux populations les plus vulnérables. La BAD, avait dès-lors pour mission d'aider les autorités à faire face à la crise sanitaire et de l'autre disposer des liquidités ", explique-t-elle. 

Plus encore, souligne Madame FAL, la banque dispose aussi d'un volet de préservation d'emplois et de développement de l'entrepreneuriat notamment pour les pays à faibles revenus. Et ceci reste pertinent pour la crise du Covid-19. " Ce qu'on voulait c'est aussi de pérenniser des actions au-delà de la crise sanitaire. Nos actions sont axées sur le plan structurel ", a-t-elle affirmé. 

Il s'agit de donner aux PME un accès au financement et ce, par le biais de lignes de crédits octroyées aux banques commerciales. " L'année dernière nous avons approuvé une ligne de crédit au profit des PME en partenariat avec Amen Bank. Et nous avons aussi mis en place des mécanismes de financement non-bancaire à travers un programme dénommé INVESTIA permettant à environ 100 PME d'accéder au financement par le biais des marchés financiers ", a-t-elle ajouté. Et d'expliquer que le programme est dédié principalement aux PME exportatrices innovantes et opérant dans les régions défavorisées du pays.

Covid-19 : une opportunité à saisir

Pour la responsable au Bureau régional de la BAD, il est désormais question de donner la priorité à certains secteurs. " Il incombe aux dirigeants des pays africains d'investir dans l'infrastructure, dans le commerce et des secteurs pourvoyeurs d'emplois et de richesses en général ", assène Madame FAL.

De plus, il faudrait aussi mettre l'accent sur la gouvernance. " Tout ce qui rentre dans le bon fonctionnement des institutions n'est pas à délaisser. Cette crise a démontré le risque qu'on prend quand on abandonne une dimension de la gouvernance. Et les conséquences peuvent être désastreuses ", a-t-elle conclu.

Publié le 10/07/20 10:17

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