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En quelques années, la Russie a réussi à redessiner la carte des flux céréaliers en Afrique du Nord. Elle s'impose désormais comme le principal fournisseur de blé de la région, détrônant ses concurrents historiques.
D'année en année, la Russie s'affirme comme le principal fournisseur de blé des pays d'Afrique du Nord. Selon les dernières données publiées par le Département américain de l'Agriculture (USDA), elle devrait fournir près de 50 % des importations totales de blé dans la région en 2024/2025.
En chiffres, cela représente plus de 13,5 millions de tonnes, soit près du double des volumes exportés par les pays de l'Union européenne, qui ne pèsent plus que 25 % du marché nord-africain.
La domination russe est particulièrement marquée en Égypte, où elle couvre désormais près de 70 % des besoins d'importation, soit plus de 7 millions de tonnes par an. Et elle atteint un quasi-monopole en Libye.
En Tunisie, les exportations de blé russe ont bondi de 50 % au cours de la campagne commerciale qui s'est achevée en juin 2024, selon les chiffres de l'USDA. Le pays a importé plus de 412 000 tonnes de blé russe, contre environ 275.000 tonnes l'année dernière.
Pareil pour le Maroc où les exportations russes ont doublé en un an, avec plus de 800 000 tonnes livrées en 2024. En août dernier, la Russie est même devenue, pour la première fois, le principal fournisseur de blé du royaume, détrônant la France.
Si la Russie parvient à grignoter autant de parts de marché en Afrique du Nord, c'est d'abord grâce à une équation gagnante : des prix ultra-compétitifs, une offre massive, et une diplomatie céréalière redoutablement efficace.
Mais derrière cette montée en puissance de la Russie, l'objectif est de renforcer sa présence économique et politique dans une région hautement importante pour sa diplomatie alimentaire.
La France, longtemps premier fournisseur de la région, voit son emprise s'effriter. Et c'est à cause d'une des récoltes les plus faibles de ces dernières décennies, qui l'a contrainte à réduire ses expéditions vers le Maroc et l'Algérie.
L'Ukraine, de son côté, fait un retour remarqué après le coup d'arrêt provoqué par l'invasion russe en 2022. Ses exportations vers l'Afrique du Nord se redressent nettement. L'Algérie est même devenue son troisième marché à l'export, avec des volumes presque triplés en un an.
Vers la Tunisie aussi, les livraisons ukrainiennes ont progressé de plus de 50 %, une remontée inattendue après deux années de quasi-absence.
Selon les projections pour la campagne 2025/2026, les importations de la région devraient atteindre un record de 32,2 millions de tonnes.
Jihen Mkehli
Publié le 18/07/25 09:16
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