COURS | GRAPHIQUES | ACTUS | ANALYSE ET CONSEILS | HISTORIQUES | FORUM |
Accéder au financement reste un parcours semé d'embûches pour de nombreuses startups tunisiennes. Si certaines réussissent à se hisser sur le devant de la scène grâce à une forte visibilité, d'autres peinent à émerger face à une concurrence tant nationale qu'internationale. Le défi est double : se faire connaître et convaincre les investisseurs dans un écosystème encore en construction.
Consciente de ces enjeux, la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC), en partenariat avec Smart Capital et avec le soutien de la Banque mondiale (BM), a lancé en 2019 le Roadshow Régional : Projet Startups et PME Innovantes. Une initiative pensée pour aller à la rencontre des entrepreneurs, écouter leurs préoccupations et mobiliser les ressources nécessaires à la consolidation d'un écosystème dynamique et inclusif.
Pour cette édition 2025, la CDC a renforcé son engagement en organisant une tournée à travers quatre régions : Bizerte, Kairouan, Sfax et Gabès. À travers des échanges directs avec des experts et des investisseurs, cette initiative ambitionne d'accélérer l'essor des jeunes pousses tunisiennes et de les inscrire dans une dynamique de croissance durable.
Un roadshow né d'un besoin urgent des startups régionales
En marge de la conférence de presse organisée ce matin du 25 février 2025 pour présenter un récapitulatif du Roadshow Régional 2025, Néjia Gharbi, directrice générale de la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC), s'est exprimée avec fierté sur les résultats de cette tournée.
"Nous sommes fiers des résultats. Cela se ressent à travers les rapports sur les écosystèmes, mais nous voulons aller encore plus loin : plus de développement, plus de visibilité pour notre écosystème et surtout plus de startups capables de lever des fonds. Nous avons observé des évolutions notables, certaines startups ont franchi un cap, certaines se sont étendues, et l'impact est visible aussi bien dans le secteur privé que dans l'ensemble de notre écosystème.", a-t-elle déclaré.
Elle a également expliqué que la naissance du Roadshow Régional répondait à un besoin urgent des startups en région, souvent en quête de soutien et de financement pour se structurer et se développer.
"Aujourd'hui, nous allons tirer les conclusions de cette tournée et, surtout, essayer de répondre aux attentes. Car il y en a beaucoup, notamment dans les régions. Malgré tous les efforts déployés, nous constatons un engouement croissant qui exige de nous un engagement encore plus fort.", a-t-elle précisé.
Et d'ajouter : "Nous avons travaillé sur le financement, mais aussi sur l'accompagnement à travers des mécanismes dédiés. Ce roadshow nous a permis de faire une pause, d'analyser ce qui se passe autour de nous, d'échanger avec les acteurs de l'écosystème et d'identifier des axes d'amélioration. Certains mécanismes, non prévus initialement, pourraient être intégrés pour accélérer encore davantage le développement de notre écosystème."
Deux axes complémentaires pour les soutenir
Le Roadshow Régional repose sur deux piliers essentiels : le financement et l'accompagnement, chacun structuré pour répondre aux besoins spécifiques des startups et des PME innovantes.
Sur le volet investissement, Néjia Gharbi a rappelé l'existence de deux principaux mécanismes : le fonds de fonds ANAVA, dédié aux startups, et le fonds Innovatech, orienté vers le financement des PME innovantes. Quant à l'accompagnement, il s'articule autour de deux axes : l'accompagnement direct des startups et le soutien aux structures qui les encadrent, notamment à travers des financements dédiés.
"Grâce aux subventions accordées, nous avons pu financer jusqu'à 150 startups via les mécanismes AIR et AIR²", a-t-elle précisé. "Pour les structures d'accompagnement, nous avons soutenu 20 programmes destinés aux startups."
L'objectif du programme Startups et PME Innovantes est clair : financer en capital 230 startups et 50 PME innovantes. Mais pour l'instant, seules 60 startups ont bénéficié de cet investissement.
"C'est pourquoi nous avons mis l'accent, lors de ce roadshow, sur l'investissement. Nous avons invité des fonds d'investissement qui ont présenté leurs stratégies aux startups et organisé des réunions individuelles pour explorer les opportunités de financement", a-t-elle ajouté.
1.146 startups déjà labellisées
Bien que le projet soit encore en cours, il avance à un rythme satisfaisant. À ce jour, 1 146 startups ont été labellisées dans le cadre du programme national “Startup Tunisia”, dépassant ainsi l'objectif initial de 1 000 labels.
Néjia Gharbi a précisé que la CDC ne compte pas s'arrêter là : "Nous travaillons actuellement avec la Banque Mondiale pour structurer un mécanisme de soutien financier, dans le cadre du programme Flywheel, afin de renforcer l'accompagnement des startups." L'objectif est de garantir à ces jeunes entreprises un appui concret, aussi bien en termes de financement que de développement”.
Un avis partagé par Ines Fradi, représentante de la BM, qui a affirmé : "La Banque mondiale soutient le gouvernement tunisien depuis de nombreuses années dans la promotion du secteur privé, l'inclusion financière, ainsi que l'accès au financement des PME et des startups innovantes.
C'est dans ce cadre que s'inscrit ce projet. Bien que ce type de projet commence à se développer dans d'autres pays de la région, il s'agit du premier projet de financement de startups en phase de démarrage en Tunisie soutenu par la Banque mondiale. Il a vraiment pu tirer profit des enseignements issus de projets similaires réalisés en Europe et dans la région, et reste l'un des plus prometteurs en termes de conception de ses composantes."
Elle a également ajouté : "Un élément clé pour ce projet est la mobilisation de capitaux privés, qui s'élèvent à ce jour à plus de 40 millions de dollars. Cela représente un véritable effet catalyseur, dynamisant le secteur privé et facilitant la mobilisation de financements supplémentaires."
"À mi-parcours, un des enjeux importants pour atteindre nos objectifs — qu'il s'agisse du nombre de startups, du nombre de PME financées ou du nombre d'acteurs soutenus — reste la mise en relation efficace entre les acteurs du financement et les bénéficiaires finaux. Ce type de rencontres et d'échanges est essentiel pour identifier les recommandations clés afin de garantir le succès de cette initiative”, a-t-elle conclu.
Une quête de visibilité : entre financement et information
Après avoir présenté les grands objectifs et résultats du roadshow, Mme Gharbi a détaillé les différentes dynamiques mises en place pour favoriser l'émergence de startups et la collaboration avec les investisseurs. "Nous avons essayé à travers ce roadshow de toucher un peu l'écosystème. Nous avons enregistré une participation de 240 personnes, dont 105 startups et PME et 37 structures d'accompagnement. Nous avons vraiment senti qu'il y a une dynamique très importante au niveau des régions."
L'accès au financement reste l'enjeu le plus important pour la majorité des jeunes entreprises. Selon la directrice de la CDC, "36% des participants au show se sont intéressés spécifiquement au financement, ce qui montre l'importance de ce besoin. C'est un problème récurrent pour beaucoup de startups." Elle a également précisé que 8,7% des participants cherchaient des partenariats avec des investisseurs et des structures d'accompagnement, et 8,2% étaient principalement intéressés par l'accès aux marchés, à l'internationalisation et à la publicité.
Elle a ajouté que plusieurs recommandations en avaient émergé, notamment "le développement du financement dédié aux startups, la création de mécanismes de financement publics et le renforcement de la transparence ainsi que la communication sur les critères de financement."
Les défis rencontrés par les startups régionales ne se limitent pas à un manque de financement, mais incluent également un déficit d'information, "il y a toujours ce ressenti de manque d'accompagnement en dehors de Tunis," a-t-elle observé. Elle a également noté que certaines startups se sentaient ignorées en raison de leur manque de visibilité, précisant que "des normes émergent, et celles qui sont plus visibles attirent davantage l'attention des investisseurs."
"Finalement, ces attentes dépendent beaucoup du degré de développement des régions," a-t-elle conclu, et ce, en soulignant que des efforts supplémentaires étaient nécessaires pour encourager une véritable inclusion des startups émergentes à l'échelle nationale.
Jihen MKEHLI
Publié le 26/02/25 08:49
Pour poster un commentaire, merci de vous identifier.