ilboursa arabic version ilboursa

Les banques françaises quittent l’Afrique : De nouvelles opportunités pour les acteurs régionaux

ISIN : TN0009050014 - Ticker : PX1
La bourse de Tunis Ouvre dans 1h29min

Les grandes banques françaises plient bagage en Afrique, laissant place à de nouvelles opportunités pour les acteurs régionaux. Mais pourquoi ce désengagement massif, et qui sont les nouveaux conquérants du paysage bancaire africain ?

 

 

Une longue histoire qui touche à sa fin. Après des décennies de présence en Afrique, les banques françaises amorcent un retrait significatif du continent. Société Générale, dernier géant tricolore à maintenir une large présence, annonce la cession de plusieurs filiales, dont celles en Guinée, Côte d'Ivoire, Sénégal et Tunisie d'ici 2025.

Ce désengagement, amorcé il y a plus d'un an par son directeur général Slawomir Krupa, s'inscrit dans un mouvement initié par d'autres banques françaises comme BNP Paribas et Crédit Agricole, déjà en retrait. Selon Fitch Ratings, cette tendance se poursuivra dans les mois à venir.

Une faible rentabilité face à des risques élevés

Pourquoi ce départ ? La rentabilité des filiales africaines reste faible par rapport aux risques encourus. Société Générale, par exemple, a rapporté un produit net bancaire (PNB) de 1,8 milliard d'euros en Afrique, soit seulement 7 % de son chiffre d'affaires global. BNP Paribas faisait encore moins avec 1 %.

Ces résultats contrastent avec les défis du marché : impayés fréquents, flux financiers illégaux, blanchiment d'argent, et le poids d'une économie informelle qui complique les affaires.

La réglementation européenne accentue également cette tendance. Avec des exigences accrues en fonds propres pour couvrir les risques, les grandes banques choisissent des marchés plus stables comme l'Europe et l'Amérique du Nord.

Opportunités en or pour les banques africaines

Le retrait des banques françaises crée un vide que les acteurs africains s'empressent de combler. Des groupes comme Vista Bank ou Coris Bank, rachètent en cascade les filiales laissées vacantes. Vista Bank, déjà présent dans 14 pays africains, vise une expansion dans 25 pays d'ici 2026.

Ces nouvelles banques locales, plus flexibles et mieux adaptées aux réalités du marché, ciblent les PME et PMI, souvent négligées par les banques internationales. Ces acteurs régionaux favoriseront la croissance économique locale en s'adaptant mieux aux besoins spécifiques.

De son côté, le groupe marocain Saham, dirigé par l'homme d'affaires Moulay Hafid Elalamy, a signé un protocole d'accord avec le groupe Société Générale pour la cession de la majorité du capital de sa filiale marocaine. 

Il s'agit d'un recentrage mené à coups de cessions des participations du groupe bancaire français qui s'accompagne aujourd'hui d'un plan de réduction des coûts à l'horizon 2026.

Un désengagement amorcé en Tunisie depuis 2019

En Tunisie, après le désengagement du groupe BNP Paribas de l'UBCI en 2019 au profit du Groupe CARTE, son compatriote le groupe BPCE a cédé, moins de deux ans après, sa filiale tunisienne au Groupe ELLOUMI.

De même, le groupe Société Générale avait annoncé en juin 2023 avoir ouvert une une réflexion stratégique sur sa participation au capital de sa filiale tunisienne UIB (52,3%). Le Groupe a engagé, dans ce cadre, une étude avec le cabinet de conseil financier et de gestion d'actifs Lazard en vue d'identifier des contreparties potentielles pour sa participation. 

Les États à la conquête de leur souveraineté bancaire

Certains États africains, comme le Sénégal, ne se contentent pas de regarder ces mouvements de loin. Le gouvernement sénégalais prévoit de racheter la filiale locale de Société Générale pour 268 millions d'euros. Une initiative stratégique visant à soutenir les PME et les projets d'infrastructures, secteurs encore sous-financés.

Le rôle précurseur des banques marocaines

Avant même le désengagement des Français, les banques marocaines avaient pris les devants. Des groupes comme Attijariwafa bank et Bank of Africa ont investi massivement en Afrique subsaharienne, ciblant la classe moyenne et les petites entreprises locales.

Soutenues par une stratégie nationale impulsée par le roi Mohammed VI, elles jouent désormais un rôle clé dans la transformation du paysage bancaire africain.

Une page tournée, un avenir prometteur

Le retrait des banques françaises est un mouvement irréversible, mais il n'annonce pas pour autant une perte pour l'Afrique. Les banques africaines et marocaines, grâce à leur connaissance des marchés locaux et leur capacité à prendre des risques, redéfinissent le secteur bancaire en pleine évolution.

 

Publié le 18/11/24 14:12

SOYEZ LE PREMIER A REAGIR A CET ARTICLE

Pour poster un commentaire, merci de vous identifier.

ZiN-3d69Wq3ajy6pwmbd0ItVGDimwgPt8Irz31gMLyQ False