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Alors que les entreprises tunisiennes cherchent à moderniser leurs infrastructures et à optimiser leurs opérations, la migration vers le cloud pose plusieurs défis. Quels sont les enjeux liés à la compatibilité des systèmes existants, aux coûts de transition et à la gestion des données ? Comment les entreprises peuvent-elles adopter cette stratégie tout en assurant une intégration efficace et sécurisée ?
La Société Standard Sharing Software (3S) a organisé un séminaire le jeudi 10 octobre 2024, intitulé “Winning Strategies for Cutting-Edge Data Centers and a Secure Cloud”, et ce, afin d'aborder les principaux enjeux liés aux infrastructures de données modernes et à la sécurité du cloud.
Des professionnels du secteur, ainsi que des représentants du ministère des Technologies de la Communication, de l'Agence Nationale de la Cybersécurité (ANCS), du Centre National de l'Informatique (CNI) et de Tunisie Télécom étaient présents.
Ce rassemblement a également réuni des experts reconnus dans le domaine, ce qui a permis d'enrichir les discussions sur les nouvelles stratégies et les meilleures pratiques pour assurer la sécurité et l'efficacité des centres de données.
Pour comprendre les nouvelles tendances
À cette occasion, Adel Dahmani, DGA du groupe 3S, a souligné : “Aujourd'hui, nous avons organisé ce séminaire pour vous parler du cloud, de sa sécurité, de son marché et de sa situation à l'échelle mondiale. Nous souhaitons aborder les tendances et l'évolution du cloud au niveau mondial.”
Lors de sa première présentation, axée sur les “ nouvelles tendances et l'évaluation du cloud”, il a expliqué que “ le cloud computing dans le monde est en pleine expansion, avec une augmentation de 67 %, ce qui représente un chiffre d'affaires d'environ 1 600 milliards de dollars. Cette évolution rapide se traduit par une croissance d'environ 16 %, dont 47 % provient de l'IaaS, l'infrastructure en tant que service.
Aujourd'hui, ce marché mondial pèse 860 milliards de dollars. Lors d'une enquête, 94 % des personnes interrogées ont indiqué qu'elles comptaient utiliser des centres de données basés sur le cloud d'ici 2030, contre seulement 6 % qui prévoient d'utiliser des centres de données locaux.”
Il a également ajouté : “Dans une ville de 1 million d'habitants, d'ici 2030, on estime que les voitures connectées, les immeubles intelligents, l'intelligence artificielle et les usines connectées vont générer environ 200 000 gigaoctets de données par jour..
Lorsque l'on parle de connexion, on évoque nécessairement les centres de données, le cloud computing et la sécurité. Tout cela fait partie du Big Data, et c'est le cloud computing qui va exploser. De nombreuses évolutions se mettent en place à un rythme très rapide.”
En réponse aux questions : pourquoi opter pour le cloud ? Pourquoi est-il nettement préférable et nous permet-il d'aller plus vite ? il a précisé : “tout simplement parce qu'il offre une vitesse accrue, une réduction des coûts, une meilleure sécurité et une plus grande capacité d'innovation. Vous pouvez lancer de nouveaux services rapidement et ainsi construire de nouveaux produits tout en élargissant ceux qui existent déjà, ce qui améliore l'efficacité de votre réseau et de vos centres de données”.
Préparer la migration vers le cloud
Dans un deuxième temps, Ehsen Zayen, Directeur Delivery chez 3S, a souligné l'importance de se préparer à la migration vers le cloud, car cette tendance est inévitable.
“Il y a certainement parmi vous des personnes qui ont déjà sauté le pas et qui sont déjà sur le cloud, totalement ou partiellement. Cependant, pour ceux qui ne l'ont pas encore fait, ils vont certainement le faire dans la prochaine année. Vous verrez, en 2025, je suis sûr que 100 % de nos mouvements seront consommateurs de services cloud dans leur entreprise, partiellement ou totalement,” a-t-il indiqué.
Cependant, il a recommandé quelques étapes clés pour bien se préparer. Tout d'abord, il est important d'évaluer les besoins en infrastructure et en données, notamment face à l'explosion des données générées par les nouvelles technologies.
Ensuite, il a conseillé de considérer les différents modèles de services cloud : IaaS (Infrastructure as a Service) pour conserver le contrôle tout en utilisant une infrastructure hébergée ; PaaS (Platform as a Service) pour consommer des plateformes pour le développement sans avoir à gérer l'infrastructure ; et SaaS (Software as a Service) pour utiliser des applications prêtes à l'emploi, simplifiant ainsi la gestion.
Il a également souligné l'importance d'identifier les déclencheurs de la migration, tels que l'obsolescence de l'infrastructure, les mises à jour d'applications et l'optimisation des coûts, tout en insistant sur la nécessité d'adopter une approche structurée pour minimiser les risques associés à cette transition.
Quelques recommandations pour les entreprises tunisiennes
Par la même occasion, nous nous sommes entretenus avec Mohamed Habib Gahbiche, CEO d'Innovation Technology Consulting, sur les défis auxquels les entreprises tunisiennes peuvent faire face lors de leur transition vers le Cloud.
D'après lui, “le premier défi, ou le premier challenge, c'est le défi légal et réglementaire. Cela implique que chaque entreprise, si elle souhaite migrer une partie ou la totalité de son système d'information vers le cloud, doit impérativement respecter la législation et les règles en vigueur.
Tout cela vise principalement à garantir ce qu'on appelle la gouvernance de la sécurité des données. Cela implique également que l'entreprise doit assurer la souveraineté de ses données. En d'autres termes, si une société en Tunisie souhaite migrer vers le cloud et traite des données à caractère personnel, elle est obligée de choisir un fournisseur de cloud tunisien, et de préférence basé en Tunisie.”
Il a également poursuivi : “Le deuxième point, c'est que si l'on migre vers le cloud, il faut garantir le même niveau de sécurité des données. Cela signifie que si des mesures de sécurité sont mises en place localement, elles doivent être maintenues lors de la migration vers le cloud, mais à un niveau de sécurité encore plus élevé.
Cela constitue le deuxième défi. Le troisième et dernier défi est de sensibiliser les utilisateurs, ou les personnes qui vont travailler sur le cloud, à comprendre que, bien que cela puisse sembler transparent, il est essentiel de réaliser que les plateformes cloud, étant constamment accessibles, nécessitent un niveau de sécurité et une sensibilisation accrus, ainsi qu'une maturité des utilisateurs à améliorer.”
Enfin, il a ajouté : “Pour le dernier point, il s'agit d'assurer un niveau de disponibilité supérieur à celui des installations locales ou des systèmes d'information. Cela signifie que le fournisseur de cloud doit respecter des SLA, ou accords de niveau de service, qui stipulent qu'il doit garantir un niveau de sécurité proche de ce qu'on appelle les ‘Five Nines', c'est-à-dire 99,99 % de disponibilité.”
En réponse à notre question concernant ses recommandations pour une migration réussie vers le cloud, il a souligné : “La première recommandation est que, si l'on prévoit de migrer vers le cloud, il est essentiel de s'assurer que cette migration contribuera à améliorer la sécurité tout en réduisant le budget.
En effet, migrer vers le cloud est un projet structurant qui ne se résume pas à une simple opération de type ‘plug and play'. Ce n'est pas aussi simple que d'appuyer sur un bouton. La migration nécessite donc une phase d'étude approfondie pour garantir son succès”.
Il a ensuite indiqué : “Il existe désormais une spécialité consacrée à ce processus, appelée Cloud Migration Strategy, qui consiste à élaborer une stratégie de migration vers le cloud. Cette phase d'étude met en lumière les problématiques actuelles liées aux systèmes d'information hébergés dans nos data centers. Lors de cette transition, il est important d'augmenter la sécurité tout en réduisant les coûts.
Par conséquent, une étude complète doit être réalisée avant d'initier cette migration, et il est recommandé de faire appel à des cabinets de conseil en systèmes d'information pour ce volet”.
Pour sa deuxième recommandation, il a mentionné la sécurité des données durant la migration. “En effet, lorsque l'on transfère des données de l'installation locale vers l'infrastructure cloud, bien que ce transport puisse sembler simple, il nécessite en réalité des mesures de contrôle strictes. Il est impératif de garantir que les données soient transférées de manière exhaustive, exacte et sécurisée”, a-t-il ajouté.
Et de finir : “Enfin, le dernier point porte sur la réversibilité. Cela signifie que, si je signe un contrat avec un fournisseur cloud, je dois avoir la possibilité de quitter ses services aussi facilement que lors de la contractualisation. En d'autres termes, bien que la mise en place du contrat soit simple, le retour en arrière peut s'avérer compliqué. Il est donc essentiel d'inclure dans les contrats une clause de réversibilité, permettant au client de récupérer ses données et éventuellement de se tourner vers un autre fournisseur cloud, ou de revenir à une infrastructure sur site."
Jihen Mkehli
Publié le 14/10/24 08:31
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