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JP Morgan : Deux tiers de la hausse de la dette publique de la Tunisie dus à la dépréciation du dinar

ISIN : TN0009050014 - Ticker : PX1
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Depuis 2011, l'économie tunisienne bat de l'aile quand bien même un soulèvement et l'instauration d'une démocratie représentative. Inflation, chômage structurel, croissance mitigée… Tous des maux dont le pays souffre voilà maintenant 9 années. C'est ce qu'indique le rapport de JP Morgan sur l'économie tunisienne. Décryptage.

En effet et selon JP Morgan aucune amélioration n'a pu être établie depuis la révolution tunisienne. Avec 2% de croissance en moyenne depuis 7 ans, le chômage, frappant en moyenne 15% de la population active, ne peut se résorber. " Les faiblesses sécuritaires impactant les secteurs clés de l'économie, conjuguées à des perturbations et conflits en Libye ainsi que les chocs exogènes ont impacté la croissance ", indique JP Morgan.

Au cours de la même période, la Tunisie a eu du mal à réduire la hausse de l'inflation, malgré des hausses du taux directeur et dans un contexte de dépréciation du dinar. Le rapport à même souligné, dans cette veine, que les salaires privés et publics ont augmenté dans le même laps de temps.

La balance des paiements mise à mal

On ne saura où donner de la tête, avec une position fiscale détériorée, des salaires en hausse, des subventions et allocations sans précédent et un taux d'intérêt grimpant. De plus, les recettes fiscales ont subi une pression considérable. Pour les recettes non fiscales, elles ont été réduites de moitié entre 2011 et 2015.

Les salaires de la fonction publique sont passées de 44% des dépenses publiques à 53% dans la même période. Et une hausse de 5% a été votée en 2015 et appliquée dans les 3 années suivantes, faisant tourner le couteau dans la plaie. Résultats des courses, la masse salariale a doublé entre 2011 et 2019.

Malgré des performances économiques modestes, les autorités ont pu réduire le déficit primaire, après avoir convenu à un mécanisme élargi de crédit à 4 ans avec le FMI en 2016. Le déficit primaire est tombé à 0.3% du PIB l'an dernier. Cependant, les paiements d'intérêts ont gangrené une grosse part des finances publiques et le déficit budgétaire s'est positionné à 3% du PIB en 2019. Le gouvernement prévoie désormais qu'il atteindra 7% du PIB en 2020.

La Tunisie affiche également un déficit structurel du compte courant, largement tiré par le secteur privé, notamment à cause des importations d'énergie. Le déficit du compte courant a oscillé entre 7,4% et 11,2% du PIB depuis 2011 et a atteint 8,8% du PIB l'année dernière malgré la dépréciation de la monnaie de 7% par an en moyenne sur la même période.

En même temps, JP Morgan a indiqué que " Les pressions sur le solde extérieur se détendront progressivement en raison des récentes découvertes de gisements de gaz, qui devraient réduire la dépendance de la Tunisie vis-à-vis des sources extérieures ". Le début de la production du champs Nawara est un développement positif significatif pour la Tunisie.

En conséquence, les importations énergétiques de la Tunisie devraient baisser de 30%. " Cela conduira à une amélioration des comptes extérieurs de 2% à 3% du PIB et relevant le pays d'une forte dépendance énergétique avec un déficit net de 2,6 milliards de dollars en 2019 ", souligne le rapport de JP Morgan.

Une position extérieure sensible

Les gouvernements précédents se sont de plus en plus appuyées sur le financement étranger pour répondre à leurs besoins tout en augmentant progressivement la part du financement intérieur en devises.

Par conséquent, l'encours de la dette publique de la Tunisie s'est accru davantage et a été de plus en plus vulnérable à la dépréciation des taux de changes et aux chocs exogènes. La dette publique de la Tunisie est passée de 52% du PIB en 2014 à 74% en 2019. Surtout, l'augmentation a été presque entièrement tirée par la dette publique en devises, qui est passée de 32% du PIB à 54% au cours de la même période.

Plus encore, l'encours de la dette du pays suit une trajectoire croissante, soutenue à la fois par les déficits primaires accumulés, néanmoins décroissants, et la sensibilité croissante aux variations du taux de change. " Nous estimons qu'au moins 2/3 de l'augmentation de la dette publique entre 2014 et 2019 était due à la dépréciation du taux change, d'autres facteurs tels que les déficits primaires étant responsables de seulement 1/3 de la hausse ", souligne JP Morgan.

Dans ce même sillage, la diminution de la dette publique en 2019 est largement due à une légère appréciation du taux de change nominal par rapport à 2018. Bénéficiant de cette variation, le déficit primaire s'est également résorbé.

Azyz MEDDEB

Publié le 06/08/20 09:22

1 commentaire sur cet article. Participez à la discussion.
LacYassine


25/08/20 18:19
Bonjour, est-il possible d'avoir accès au rapport en question ?

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