ELFOULADH creuse ses pertes à plus de 42 millions de dinars en 2023

Après une embellie temporaire observée en 2022, soutenue par un effet ponctuel de déstockage de produits finis, la Société Tunisienne de Sidérurgie ELFOULADH a vu ses indicateurs financiers se dégrader significativement en 2023.

Le chiffre d'affaires a reculé de 17,2% sur l'exercice, en lien avec la baisse des volumes et des prix de vente, notamment sur le segment du fer à béton.

Parallèlement, les achats consommés ont progressé de 15,4%, traduisant un effet ciseau défavorable qui a fortement pesé sur la rentabilité brute. La marge brute s'est ainsi contractée de moitié, s'établissant à 42,6 millions de dinars contre 86,6 millions en 2022.

Dans ce contexte, les autres charges d'exploitation se sont repliées de 16,2%, profitant principalement d'une baisse modérée de la masse salariale (-2,1%), qui s'est établie à 40,2 millions de dinars.

Le résultat d'exploitation ressort en territoire négatif à -3,9 millions de dinars, après un solde positif de 31,1 millions un an plus tôt. Ce repli prononcé ne permet plus d'absorber des charges financières en constante augmentation, lesquelles ont atteint 40,3 millions de dinars en 2023, contre 37,8 millions en 2022.

L'endettement financier de la société demeure essentiellement constitué de dettes à court terme sous forme de concours bancaires et autres passifs financiers, dont l'encours est passé de 262,7 à 281,7 millions de dinars.

L'endettement global inclut également des dettes opérationnelles importantes vis-à-vis des fournisseurs (183,1 millions de dinars) et d'autres passifs courants à hauteur de 157,6 millions de dinars.

En intégrant une charge d'impôt de 200 mille dinars, le résultat net accuse un déficit de 42,8 millions de dinars, contre une perte plus contenue de 4,8 millions en 2022.

Les capitaux propres de la société s'enfoncent davantage dans le rouge, passant de -339,6 à -382 millions de dinars, malgré un capital social constant de 53,3 millions. La trésorerie nette en fin d'exercice ressort également dégradée à -55,3 millions de dinars, contre -35,1 millions un an auparavant.

Selon les notes aux états financiers, les faits saillants de l'exercice 2023 peuvent être résumés comme suit :

Repli généralisé du chiffre d'affaires

Les ventes de fer à béton ont reculé de 8 millions de dinars, impactées notamment par une baisse de prix de 14% enregistrée en novembre. Le chiffre d'affaires des structures métalliques a diminué de 3 millions de dinars, tandis que celui des fils tréfilés s'est contracté de 14 millions, reflétant un net affaiblissement de la demande. À cela s'ajoute une hausse des remises commerciales accordées aux clients, en progression de 3,2 millions par rapport à 2022.

Persistance des tensions financières

La société n'a pas été en mesure de s'acquitter de ses engagements vis-à-vis de la CNSS, accumulant une dette de 56,9 millions de dinars au titre du principal et 76 millions de dinars d'intérêts de pénalité sur la période 2013-2023.
Les encours fournisseurs restent particulièrement élevés, notamment vis-à-vis de :

• la STEG : 146,9 millions de dinars ;
• la SNDP : 9,7 millions de dinars, dont 4,5 millions échus, le solde étant couvert par des traites échéant en février 2026 dans le cadre d'un accord de rééchelonnement.

Soutien étatique à travers des garanties

Dans le cadre de la mise en œuvre des recommandations des auditeurs des banques publiques, la garantie de l'État a été reconduite en 2023 pour couvrir les engagements financiers impayés de la société, à hauteur de :

• 35,9 millions de dinars auprès de la STB ;
• 54,0 millions de dinars auprès de la BH ;
• 65,7 millions de dinars auprès de la BNA.

Réserves des commissaires aux comptes : la continuité d'exploitation en question

Les états financiers ont été certifiés avec plusieurs réserves, dont la plus significative concerne l'hypothèse de continuité d'exploitation. En effet, les pertes cumulées atteignent désormais 448,3 millions de dinars, soit plus de huit fois le capital social. Combiné aux retards dans la mise en œuvre du plan de redressement, cet état de fait remet sérieusement en cause la capacité de l'entreprise à poursuivre ses activités sans une restructuration profonde.

Les commissaires aux comptes rappellent que si cette hypothèse devait être abandonnée, les états financiers seraient alors profondément modifiés, conformément au cadre comptable applicable.

Télécharger les états financiers arrêtés au 31 décembre 2023

Moez HADIDANE

Publié le 20/06/25 14:31