COURS | GRAPHIQUES | ACTUS | ANALYSE ET CONSEILS | HISTORIQUES | FORUM |
Aujourd'hui, savoir gérer son argent est essentiel. Ce n'est pas juste pour faire des comptes, mais pour se sentir en sécurité, préparer l'avenir et gagner en confiance. L'éducation financière n'est plus un luxe ni un détail. Pourtant, dans le monde arabe, ce savoir reste trop souvent négligé, alors même qu'il pourrait être la clé pour construire une société plus juste et plus stable.
Dans ce contexte, les travaux de la quatrième édition de la Conférence arabe sur l'épargne et l'éducation financière ont démarré ce mercredi 2 juillet 2025 à Tunis, pour deux jours de réflexion. Le thème retenu cette année : " Vers l'instauration d'une culture financière inclusive dans les pays arabes ".
L'événement est organisé par l'Observatoire de l'Inclusion Financière (OIF), en collaboration avec la Banque centrale de Tunisie (BCT), la plateforme régionale MENA Money, un réseau actif dans la promotion de l'éducation financière, et l'agence allemande de coopération GIZ. Il réunit des représentants d'institutions financières arabes, des acteurs publics, des experts, des ONG, des banques centrales et des organismes internationaux.
Tous sont venus débattre d'un enjeu encore trop peu visible mais pourtant fondamental : comment donner à chacun les moyens de mieux comprendre, gérer et utiliser les outils financiers, surtout dans une région où l'accès aux services bancaires reste très inégal. L'objectif est ainsi de structurer une vision commune et concrète autour de l'éducation financière, notamment en direction des jeunes, des femmes, et des petits entrepreneurs.
Dans son allocution d'ouverture, le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie, Fethi Zouhaier Nouri, est revenu sur l'importance grandissante de l'éducation financière dans les sociétés modernes. À ses yeux, la culture financière n'est plus un simple luxe intellectuel, mais un socle incontournable du développement. Elle ne doit pas être perçue comme un domaine réservé aux experts ou aux élites, mais comme un droit fondamental des citoyens, indispensable à la justice sociale et à la stabilité économique.
" Ce que nous devons enseigner aujourd'hui, ce ne sont pas seulement des notions théoriques, mais une vraie compétence de vie, apprendre à planifier, à investir, à gérer et à anticiper avec responsabilité ", a-t-il indiqué.
Selon lui, les expériences internationales sont claires. La richesse commence bien avant l'argent, elle naît de la capacité à le gérer. " La culture financière est devenue une langue à part entière. Et dans ce monde, celui qui ne parle pas cette langue risque de devenir victime au lieu d'être acteur ", a-t-il averti.
Pour que les sociétés arabes soient réellement résilientes et capables de décider de leur avenir, le gouverneur a insisté sur la nécessité d'enseigner la gestion financière dès le plus jeune âge, comme on enseigne la lecture et l'écriture. Car dans beaucoup de pays arabes, la méconnaissance des principes de base engendre des comportements à risque : faible taux d'épargne, recours aux circuits financiers informels, mauvaise perception du crédit, ou encore absence de planification.
" Il ne s'agit pas de chiffres abstraits, mais de symptômes d'un déséquilibre qui menace à terme notre stabilité collective ", a-t-il expliqué.
Le gouverneur a également élargi son propos à la révolution numérique, soulignant que les services financiers digitaux et l'intelligence artificielle ne sont plus de simples outils technologiques, mais des instruments stratégiques pour une inclusion équitable. Cependant, ils posent aussi de nouveaux défis : protection des données, fracture numérique, accès dans les zones marginalisées.
C'est pourquoi il a lancé un appel à une réforme structurelle qui se base la simplification de l'accès aux services financiers, le renforcement du financement des microprojets, l'adaptation des produits financiers aux réalités locales et surtout l'intégration de la culture financière dans les programmes éducatifs comme une compétence pratique, quotidienne et concrète.
En conclusion, Fethi Zouhaier Nouri a exprimé l'espoir que cette conférence débouche sur des recommandations efficaces, capables de construire une vision arabe commune pour une justice financière durable.
Dans une déclaration accordée à Ilboursa, Raja Dahmen, directrice générale de l'Observatoire de l'inclusion financière (OIF), a retracé les grandes lignes du plan d'action de l'Observatoire en matière d'éducation financière.
Ce chantier, a-t-elle souligné, trouve son origine dans une enquête nationale réalisée en 2018 sur le niveau d'inclusion financière en Tunisie. Près de 53 % des Tunisiens n'avaient pas atteint la moyenne lors du test d'évaluation, avec un score global de 3,1 sur 7. Elle précise que l'enquête a également mis en évidence une disparité marquée entre les genres. Les femmes affichaient une moyenne de 2,7 sur 7, contre 3,3 pour les hommes.
" Ces résultats ont servi de point de départ à la mise en place de la stratégie nationale d'inclusion financière 2018–2022 ", explique-t-elle. Et dans ce cadre, l'Observatoire a été officiellement mandaté pour piloter la conception et la mise en œuvre d'un programme national d'éducation financière.
Elle rappelle que ce mandat a été confirmé à l'issue d'un conseil ministériel restreint tenu en juin 2018, qui a confié à l'OIF la mission de traduire cette stratégie en actions concrètes. À travers ce programme, l'Observatoire s'est ainsi vu attribuer un rôle politique et opérationnel structurant, avec pour objectif de vulgariser les notions de base, renforcer la culture de l'épargne, et bâtir une citoyenneté économique active.
Pour sa part, Ibrahim Khalil Ibrahim, directeur exécutif de Mena Money, a mis en lumière l'importance capitale de l'éducation financière dans les sociétés arabes. Il a insisté sur le fait qu'à l'heure où les économies de la région cherchent à se moderniser et à mieux intégrer leurs citoyens aux circuits financiers formels, la diffusion de la culture financière devient un impératif, non un luxe.
" L'éducation financière, a-t-il souligné, n'est pas uniquement une compétence individuelle : elle devient un enjeu collectif. Sans elle, difficile de parler de stabilité sociale ou d'inclusion réelle. " Selon lui, il s'agit aujourd'hui de doter chaque citoyen et notamment les jeunes et les femmes des outils nécessaires pour mieux gérer leur argent, comprendre les services financiers auxquels ils ont accès, anticiper les risques, et construire une forme de sécurité personnelle dans un monde incertain.
Il a également salué les efforts des institutions tunisiennes en matière d'inclusion financière, tout en appelant à aller plus loin, en intégrant la culture financière dans les programmes éducatifs dès le plus jeune âge, mais aussi en multipliant les canaux de sensibilisation, y compris numériques, pour atteindre un public plus large.
" Nous sommes à une étape décisive. C'est maintenant que se joue la capacité de nos pays à faire de leurs citoyens des acteurs économiques informés, responsables et résilients. ", a-t-il conclu.
D'ailleurs, l'événement a été bien plus qu'un simple rendez-vous officiel. Il a permis de puiser directement dans les expériences riches et variées de pays comme l'Égypte, la Jordanie, et ce, à travers des échanges concrets qui montrent que malgré des contextes différents, la volonté de faire progresser l'éducation financière et l'inclusion reste la même.
Jihen Mkehli
Publié le 02/07/25 11:49
amind 02/07/25 16:43 |
Et voilà l'éducation financière |
amind 02/07/25 19:05 |
Sardouk ydhen fou9 kods kh... |
Pour poster un commentaire, merci de vous identifier.