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Quel bilan économique des politiques de la Banque Centrale de Tunisie en 2024 ?

ISIN : TN0009050014 - Ticker : PX1
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Par Moez HADIDANE

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En 2024, le taux d'inflation a emprunté une orientation baissière amorcée depuis février 2023 (10,4%) pour accoster à 6,2%. Quant à la monnaie nationale, elle s'est parfaitement stabilisée face aux principales devises et le déficit courant (en pourcentage du PIB) atteint son meilleur niveau depuis 19 ans, tandis que les réserves en devises se sont maintenus au-dessus de 120 jours d'importation.

Ainsi, les efforts de la Banque Centrale de Tunisie (BCT) ont convergé vers une amélioration des indicateurs de monnaie, de change, de balance courante et du taux d'intérêt exigé sur les obligations souveraines de la Tunisie. La BCT a pavé le terrain avant de passer, éventuellement, à une politique monétaire plus accommodante.

Taux d'intérêt directeur

La BCT a maintenu depuis janvier 2023 son taux directeur à 8 %, plus ou moins 1 % pour les taux de facilités permanentes à 24 h. En dépit d'une tendance baissière de l'inflation mensuelle, le conseil de la BCT a argumenté sa politique restrictive (en matière de taux) tout au long de l'année 2024 par les menaces de rebondissement qui entourent la trajectoire anticipée de l'inflation.

La crainte de l'institut d'émission est vraisemblablement expliquée par une hausse disproportionnée entre la masse monétaire et le besoin de financement du budget d'un côté et le taux de croissance réel et le solde budgétaire d'un autre côté.

 

 

Plus bas déficits courants depuis 2005

Au terme de l'année 2024, le solde de la balance commerciale s'est détérioré de 10,9 %, enregistrant un déficit de 18,9 milliards de dinars (dont 10,9 milliards de dinars provenant de l'énergie) contre 17,1 milliards de dinars en 2023, impacté par le creusement du déficit des groupements sectoriels Énergie, Industries mécaniques et électrique et Autres industries manufacturières et ce, face à une amélioration du déficit du groupement Agriculture et industrie agro-alimentaire de 83 % pour se situer à un déficit de seulement 0,4 milliard de dinars contre un déficit de 2,3 milliards de dinars en 2023.

En dépit du fardeau du déficit de la balance commerciale, le déficit de la balance courante s'est atténué de 21,1 %, passant de 3.484 millions de dinars en 2023 à 2.748 millions de dinars en 2024. En pourcentage du PIB nominal, le déficit courant se limite à seulement 1,7 % contre 8,8 % deux ans plus tôt, soit son meilleur niveau depuis l'année 2005.

 

 

La compression du déficit courant est allouée notamment à l'amélioration des recettes touristiques totalisant 7,49 milliards de dinars enregistrant une hausse, en dinars, de 8,3 % et de 8,1 % évaluées en dollars. En parallèle, les revenus primaires et secondaires du travail en espèce et en nature se sont bonifiés de 11,2 % en dinar et de 11 % en dollar, atteignant 9,8 milliards de dinars, dont 8,1 milliards en espèces.

En revanche, les dépenses liées à la balance des transports se sont amplifiées de 4,4 % à 6,6 milliards de dinars, contre une baisse des recettes des transports de 0,5 % à 6,15 milliards de dinars. Toutefois, les dépenses liées au facteur capital (dividendes et bénéfices expatriés ainsi que les intérêts de la dette à LT) se sont contractées de 4,1 % à 6,4 milliards de dinars.

Contrairement à l'amélioration du solde de la balance courante de 736 millions de dinars, le solde du compte capital s'est déprécié de 430 millions de dinars revenant à 746,8 millions de dinars contre 1.177,6 millions de dinars en 2023. Au total, le solde cumulé du compte courant et du compte de capital ressort à -2.001 millions de dinars, contre -2.306 millions de dinars en 2023.

Consolidation des réserves en devises

Du côté de la balance financière (écart entre accroissement net des passifs et acquisitions nettes d'actifs financiers), le solde s'est affaissé de 2054,5 millions de dinars (-44,0 %), passant de 4.667 millions de dinars en 2023 à 2.613 millions de dinars en 2024.

La contraction du solde de la balance financière reflète le tarissement des financements extérieurs, en particulier les ressources en devises pour appui budgétaire (387,5 millions de dinars en 2024 contre 3.367 millions de dinars en 2023, selon les résultats provisoires de l'exécution du budget de l'État au mois de décembre 2024). 

L'agrégation du solde courant, capital, financier et opération d'ajustement fait ressortir un solde net de 1.312 millions de dinars équivalent à l'accroissement des avoirs de réserves en 2024. Ceci s'est traduit par une augmentation des réserves en devises de 923,6 millions de dinars, passant de 26.408 millions de dinars fin 2023 à 27.331 millions de dinars fin 2024.

 

 

Toutefois, compte tenu du renchérissement du coût d'une journée d'importation de 220,1 millions de dinars au 31 décembre 2023 à 225,9 millions de dinars, le nombre de jours d'importation n'est passé que de 120 à 121 jours.

La stabilisation des réserves en devises intervient en dépit de la hausse du service de la dette extérieure culminant à 14,3 milliards de dinars en 2024, dont 11,5 milliards de dinars de service de la dette extérieure publique répartie entre 2.188 millions de dinars en intérêts et 8.469 millions de dinars en principal.

 

 

Stabilité du dinar

En moyenne annuelle, le dinar s'est totalement stabilisé face aux principales devises, en se fixant à 3,11 dinars pour un dollar et à 3,37 dinars pour un euro. Rappelons que le dinar tunisien a chuté de 54 % face au dollar et de 43 % face à l'euro sur la période allant de 2011 à 2023.

 

 

Maitrise de l'inflation

La moyenne annuelle de l'inflation se replie à 7,0 % en 2024 contre un pic de 9,3 % sur l'ensemble de l'année 2023 et 8,3 % en 2022.

 

 

Le taux d'intérêt réel de référence, mesuré par l'écart entre le TMM et le taux d'inflation, repasse en territoire positif depuis le début de l'année 2024, évoluant de 0,14 % en janvier 2024 à 1,8 % en décembre 2024, soit son plus haut niveau depuis février 2020. Toutefois, le taux d'intérêt moyen du marché monétaire, TMM, a continué à évoluer durant l'année 2024 très proche du taux directeur, en se stabilisant à 7,99 % en décembre 2024 et ce, pour le cinquième mois consécutif.

 

 

Bien que le TMM puisse évoluer dans un corridor de 7 % à 9 %, il demeure collé à la médiane de son espace potentiel, témoignant d'une pression modérée et continue sur la liquidité bancaire. 

Conclusion

Globalement, la politique monétaire prudente de l'institut d'émission lui a permis d'améliorer les agrégats qui lui sont assignés et d'accomplir sa mission principale dictée par la loi, quand bien même cela a été défavorable à l'économie réelle.

L'atténuation de l'inflation, la réussite de l'administration centrale à rembourser les principales échéances de la dette extérieure sans trop perturber les réserves en devises et, enfin, l'aptitude de l'État à effectuer des tirages en douceur des facilités de caisse qu'il a obtenues de la Banque centrale sont autant de facteurs qui plaident pour un assouplissement du taux directeur durant les prochains mois et ce, en parallèle avec un encadrement plus rationnel des importations et d'une politique économique plus rigoureuse.

 

 

Publié le 18/02/25 09:19

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