Le Mexique nationalise son lithium

La Chambre mexicaine des députés a approuvé lundi dernier une initiative du président Andrés Manuel López Obrador concernant une réforme législative ayant pour but de nationaliser le lithium, minéral clé pour fabriquer des batteries pour véhicules électriques. 277 députés ont voté pour, 24 contre alors que 187 se sont abstenus.

L'approbation rapide de la part des représentants du peuple reste toujours dans l'attente de l'approbation du Sénat. Elle représente un soulagement pour le président mexicain face à la défaite parlementaire du dimanche lorsque sa réforme de nationaliser l'électricité a été rejetée.

Le lithium, pierre angulaire de la transition énergétique, ne sera désormais exploité que par les autorités mexicaines qui envisagent d'entrer dans la chaîne de production du minerai. En d'autres termes, les modifications à la loi minière proposées par López Obrador interdisent l'octroi de concessions à des entreprises privées pour exploiter ce minerai.

L'utilisation du lithium ne se fera que par le biais d'une entreprise publique décentralisée qui dépendra directement du ministère de l'Économie. Par ailleurs, le Service géologique mexicain participera à la reconnaissance de zones géologiques dans lesquelles il existe d'éventuelles réserves de lithium.

Le modèle de nationalisation du lithium n'est pas un modèle inventé par le Mexique. La Bolivie a entamé son propre plan 14 ans de cela avec un objectif ambitieux, celui d'avoir toute une industrie de batteries et de voitures électriques en 2015. Néanmoins, jusqu'à cette année, la Bolivie ne s'est toujours pas positionnée en tant que concurrent redoutable sur le marché des batteries au lithium.

En effet, la stratégie bolivienne s'est heurtée à des obstacles de toutes sortes, tels que le manque de ressources, du personnel mal formé, des désaccords politiques, accentués par une incapacité technologique.

Ce n'est pas la première fois que le Mexique décide de nationaliser les ressources de son sous-sol. Au XXe siècle, il y a eu la nationalisation de l'industrie pétrolière mexicaine, c'est-à-dire que les compagnies qui exploitaient l'or noir du pays ont été expropriées. Durant plus de 75 ans, le Mexique a réussi à conserver son monopole, permettant à l'État de percevoir des revenus juteux, représentant 60% de ses recettes fiscales et un tiers des revenus du gouvernement.

Mariem ben Yahia

Publié le 20/04/22 08:08