Faillite de Thomas Cook : A quoi doivent s'attendre les hôteliers tunisiens ?

Après avoir échoué au cours du weekend à trouver des fonds nécessaires pour sa survie, le plus ancien voyagiste du monde, le britannique Thomas Cook, s'est déclaré lundi 23 septembre 2019 en faillite, déclenchant le rapatriement sans précédent de ses quelques 600.000 clients en vacances dans le monde dont 4.500 en Tunisie.

La chute d'un géant du tourisme. Très lourdement endetté, le voyagiste indépendant le plus vieux du monde n'avait d'autre choix que de prendre les mesures pour entrer en liquidation judiciaire avec effet immédiat. Une décision qui aura un impact extrêmement négatif sur plus d'une quinzaine de grands hôtels tunisiens dont les montants dus pourraient atteindre plusieurs millions d'euros.

Les discussions entre les différentes parties prenantes, à savoir le ministère tunisien du Tourisme et le gouvernement britannique se sont soldées par un engagement de la part de ce dernier à procéder dans un délai de 40 jours au paiement des frais de séjour des 4.500 clients britanniques de Thomas Cook qui séjournent actuellement en Tunisie.

Selon le ministre du Tourisme, René Trabelsi, le Gouvernement britannique a créé un fonds afin de faciliter le rapatriement des clients du voyagiste. Ce fonds se chargera de payer les frais de séjour et les billets d'avion. Cependant, le ministre a précisé que les factures adressées par les hôtels à Thomas Cook ont été réglées par celui-ci jusqu'au mois de juin. Alors, qu'en est-il de l'argent facturé et non encaissé pour juillet et août ?

Une ardoise estimée à 100 millions d'euros

Pour trouver une réponse à cette question, IlBoursa a contacté M. Khaled Fakhfakh, Président de la Fédération Tunisienne de l'Hôtellerie (FTH), qui a répondu clairement : " Le document officiel du gouvernement britannique ne présente que des promesses. Seuls les frais de séjour des clients qui séjournent actuellement seront payés alors que ceux relatifs aux mois de juillet et août sont renvoyés aux calendes grecques ".

Et d'ajouter que plus d'une quinzaine de grands hôtels tunisiens sont concernés par cette affaire et dont le montant facturé et non payé pourrait atteindre 100 millions d'euros. " Il y a des hôtels qui pourraient ne pas tenir le coup. Nous sommes devant un risque de faillite pour plusieurs unités hôtelières ", regrette M. Fakhfakh.

Le Président de la FTH a ainsi fait savoir que la Fédération tiendra une réunion cette après-midi pour décider des mesures à prendre afin de protéger les hôteliers touchés par la faillite de Thomas Cook. Bien que le ministre du Tourisme appelle au calme, la Fédération ne voulait pas rester les bras croisés. " Il est hors de question que les hôteliers tunisiens assument les dégâts financiers de la faillite du voyagiste. Nous allons essayer de les défendre par tous les moyens possibles. Nous allons répondre à ''la malhonnêteté'' du Conseil d'administration de Thomas Cook à travers la justice tunisienne ".

L'opération de rapatriement la plus importante en temps de paix

Le gouvernement et l'Autorité de l'aviation britanniques ont lancé l'opération de rapatriement la plus importante pour des civils de l'histoire en temps de paix. Il va y avoir un rapatriement massif de quelque 600.000 touristes dans le monde dont 150.000 pour la Grande-Bretagne.

L'Autorité de l'aviation a sécurisé des avions spéciaux pour cette opération qui devrait durer jusqu'au 6 octobre. Elle relève également que les clients ayant acheté un séjour qu'ils n'ont pas encore utilisé auront droit à un remboursement complet, et que ceux qui sont coincés à l'étranger pourront aussi recouvrer les frais encourus sur place si leur retour est retardé.

Le destin de Thomas Cook qui avait annoncé une perte abyssale de 1,7 milliard d'euros pour le premier semestre, pour un chiffre d'affaires de quelques 11,3 milliards, s'est joué en quelques jours : des créanciers lui ont demandé la semaine dernière de trouver 227 millions d'euros de financements supplémentaires pour qu'un plan de sauvetage déjà accepté de 900 millions de livres et mené par le chinois Fosun, premier actionnaire, soit validé.

Omar El Oudi

Publié le 23/09/19 12:27