Après une prévision initiale de 1,9 %, la Tunisie entrevoit une reprise économique modeste, avec une croissance attendue de 2,6 % en 2025, portée par l'agriculture et la construction.
Dans ses prévisions actualisées, la Banque mondiale table désormais sur une croissance de 2,6 % de l'économie tunisienne en 2025, contre 1,9 % estimé en mai dernier.
Cette révision à la hausse s'explique principalement par la reprise attendue de la production agricole, notamment dans les filières stratégiques comme l'huile d'olive et les céréales, ainsi que par une dynamisation du secteur de la construction.
Dans son dernier rapport consacré au Moyen-Orient, à l'Afrique du Nord, à l'Afghanistan et au Pakistan (MENAP), l'institution souligne toutefois que cette amélioration pourrait être de courte durée.
La croissance tunisienne ralentirait à 2,5 % en 2026, puis à 2,2 % en 2027, en raison d'un accès limité au financement extérieur, d'un niveau d'endettement élevé et de risques budgétaires qui continuent de peser sur l'économie.
" Pour stimuler la croissance et la création d'emplois, soutenir la réduction de la pauvreté et maintenir la dette publique à des niveaux soutenables, il est essentiel d'engager des réformes budgétaires plus ambitieuses, d'améliorer l'environnement des affaires et de faciliter la concurrence ", lit-on dans le rapport.
2024 | 2025e | 2026p | 2027p | |
Croissance du PIB aux prix courants (%) | 1,6 | 2,6 | 2,5 | 2,2 |
Inflation annuelle (%) | 7,0 | 5,7 | 5,2 | 4,8 |
Solde de la balance courante (% du PIB) | -1,9 | -2,7 | -2,9 | -3,1 |
Solde budgétaire (% du PIB) | -6,3 | -5,7 | -5,3 | -4,4 |
Perspectives économiques et défis budgétaires
Par ailleurs, la Banque mondiale estime que le déficit budgétaire tunisien devrait s'établir à 5,7 % du PIB en 2025, en raison d'une progression limitée des subventions et de la masse salariale, combinée à une hausse modérée des recettes fiscales. À moyen terme, il pourrait se réduire légèrement à 4,4 % du PIB d'ici 2027, sous l'effet de la maîtrise des dépenses publiques, notamment salariales et liées aux subventions.
La dette publique, qui représentait 84,5 % du PIB en 2024, devrait amorcer un léger reflux pour atteindre 83,6 % en 2027.
Sur le plan extérieur, le déficit du compte courant est attendu en hausse à 2,7 % du PIB en 2025, conséquence d'un creusement du déficit commercial, partiellement compensé par la progression des recettes touristiques et la baisse des prix du pétrole. Il pourrait ensuite atteindre 3,1 % du PIB en 2027.
La Banque mondiale met toutefois en garde : " Face à des investissements directs étrangers stables mais limités et à des flux de capitaux de portefeuille faibles, la pression sur le financement extérieur demeurerait élevée. Faute d'options de financement externes suffisantes, les autorités pourraient être contraintes de recourir de nouveau à des emprunts en devises auprès de la Banque centrale ".
Enfin, l'institution souligne que les prévisions de croissance pour la période 2025-2027 restent fragiles et exposées à des risques baissiers. À court terme, la montée des incertitudes commerciales, la rareté du financement extérieur et la persistance de la sécheresse pourraient peser sur la croissance et menacer la stabilité macroéconomique du pays.
" À moyen terme, les perspectives économiques pourraient s'améliorer sensiblement si la Tunisie s'engageait dans des réformes budgétaires plus ambitieuses, modernisait ses entreprises publiques et renforçait la concurrence dans l'économie ", ajoute la banque.
Jihen Mkehli
Publié le 08/10/25 09:43