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Dans un contexte économique national difficile, la Bourse de Tunis aspire de jouer un rôle fondamental dans le financement des entreprises et la stabilité des marchés. Cependant, plusieurs défis se présentent, notamment au niveau de la modernisation des pratiques réglementaires pour attirer les investisseurs.
Afin de bien analyser le sujet, nous nous sommes entretenus avec M. Bilel SAHNOUN, Directeur Général de la Bourse de Tunis. Durant cet échange, il a partagé son bilan de l'année et présenté les perspectives et initiatives à venir pour la Bourse de Tunis.
Quel bilan peut-on tirer de 2024 ? Les réalisations sont-elles satisfaisantes ?
Les réalisations situent l'année en double teinte. On va commencer par le volet le plus important, le plus intéressant, et on va dire le plus vert : c'est l'évolution de l'indice. On a fait +13,75 %, ce qui, comparé à l'inflation et au taux du marché monétaire, notre principal concurrent en termes de rendement, reste largement en territoire positif.
En revanche, ce qui a moins bien marché, c'est qu'il n'y a pas eu de nouveaux papiers, pas de nouveaux produits et pas de nouvelle réglementation. Il n'y a rien de neuf pour dynamiser le marché.
Mais globalement, toutes choses étant égales par ailleurs, et comparé aux années précédentes, 2024 était une belle année.
Vous avez évoqué certains points négatifs. Entre la culture financière limitée, la dominance des entreprises familiales et le nombre restreint de sociétés, ces facteurs ont-ils aggravé la situation, notamment en ce qui concerne l'accès au financement via la Bourse de Tunis ?
L'accès au financement à travers la bourse est sous-exploité. La preuve, c'est que lorsqu'il y a eu les émissions de l'emprunt national, l'écosystème du marché financier, les intermédiaires en bourse, les OPCVM et les investisseurs du marché financier y ont souscrit massivement.
Donc, nous avons la preuve que lorsqu'il y a du papier et du rendement, la demande est là et elle répond positivement. À mon avis, si les entreprises ne viennent pas en bourse, ce n'est pas parce qu'il n'y a pas de demande. Il faut chercher la cause ailleurs. Le marché a toujours été demandeur de papier et a toujours répondu positivement et les IPOs, globalement, sont bien réussies.
C'est peut-être dû à une culture de transparence qui n'est pas encore installée et qui mérite d'être retravaillée. Il y a aussi l'absence de la carotte et du bâton. La carotte, notamment fiscale, n'est plus là. Même si ce n'était pas déterminant, c'était un petit plus qui contribuait à attirer les entreprises vers la bourse.
Par ailleurs, le financement du haut de bilan est aussi moins attractif. Avec un marché bancaire relativement accessible, où lever des fonds est plus simple pour ceux qui présentent un bon risque, et avec la rapidité des montages de crédit bancaire, il reste quand même aujourd'hui un chemin facile à boucler son schéma de financement
J'ai dit qu'il n'y a pas le bâton parce que sous d'autres juridictions, il y a les IPO obligatoires, donc les banques ne peuvent pas les financer même s'il y a un bon risque en raison des ratios limitatifs. Il y a aussi des secteurs qui sont obligatoirement introduits en bourse dans certaines juridictions, notamment ceux liés à des activités présentant un risque systémique ou offrant des services d'utilité publique ou d'ordre public.
Malheureusement, il existe une circulaire de la Banque centrale de Tunisie qui date de 2006 qui exige que toute entreprise ou groupe d'entreprises dépassant 25 millions de dinars d'engagements se fasse soit noter par une agence de notation, soit coter en bourse.
Cette circulaire n'est ni appliquée ni respectée. Ce serait bien, un jour, que l'on mette en place une loi ou une réglementation qui impose à certaines entreprises, selon des critères définis, de se faire coter, comme cela se fait dans plusieurs autres pays.
Dans tout cela, on ne reproche rien à la Bourse de Tunis ?
Bien sûr que oui. On peut reprocher à la Bourse de Tunis son cadre réglementaire, qui s'avère de plus en plus dépassé aujourd'hui, qu'on le veuille ou pas. On vient de fêter ses 30 ans, et 30 ans pour une loi, c'est énorme.
En trois décennies, vous imaginez combien l'industrie financière s'est développée avec de nouveaux instruments, de nouveaux produits, de nouveaux modes de cotation, de nouvelles plateformes qui se mettent en place et de nouvelles catégories d'investisseurs aussi. Malheureusement, ce cadre de 1994 est vraiment à des années-lumière et il n'a pas du tout prévu cela.
Il a été tellement limitatif qu'il nous cantonne à un marché cash qui traite les obligations et les actions et ne nous laisse aucune souplesse pour concevoir de nouveaux produits ou pour aller vers de nouveaux types de marchés et d'investisseurs. Rien que l'étude que nous avons faite sur le marché de l'huile d'olive en est la parfaite illustration.
On a même mis en place les procédures, mais on s'est heurté à une limitation réglementaire qui nous empêche d'aller vers des commodities telles que l'huile d'olive.
Comme vous l'avez mentionné, la Bourse a travaillé sur plusieurs axes de développement en 2024. Où en êtes-vous à ce sujet ? Y a-t-il des avancées ?
Effectivement, nous avons travaillé sur plusieurs sujets pouvant dynamiser la Bourse. On a pensé à l'épargne salariale. On a aussi envisagé de légiférer le reporting ESG, un sujet qui touche à la pérennité de l'entreprise, en particulier pour les entreprises exportatrices.
Nous pensons qu'il sera nécessaire de travailler aussi sur la prêt-emprunt de titres et la vente à découvert, même pour commencer limiter leur accès aux institutionnels car ce sont des mécanismes qui permettent d'augmenter la liquidité et les transactions sur la Bourse.
Et surtout, les produits indiciels qui peuvent offrir un rendement contrôlé et répondre à une catégorie d'investisseurs qui sont averses au risque et qui préfèrent investir sur un secteur ou un indice plutôt que sur un titre spécifique, ainsi que le développement de l'épargne collective, notamment à travers la cotation des fonds et l'élargissement des circuits de distribution des OPCVM.
Les suggestions et propositions réglementaires sont très avancées. Je pense donc que cela peut se concrétiser en 2025, si cela figure parmi les priorités de l'ARP pour cette année.
La décision de créer le compartiment " S " a-t-elle porté ses fruits ?
Le " compartiment S " est justement une trouvaille de la Bourse pour attirer davantage l'attention des investisseurs sur les sociétés qui ne respectent pas les obligations règlementaires de transparence, comblant ainsi, un tant soit peu, l'absence de moyens et de textes qui sanctionnent le fautif sans pénaliser l'investisseur.
Donc, le Conseil d'administration de la Bourse a proposé au Conseil du Marché Financier " CMF " un certain nombre de critères qui classent les entreprises dans un compartiment que nous avons baptisé "S", pour "Sous Surveillance". Ce compartiment permet d'attirer l'attention des investisseurs.
En l'absence d'une réaction et une responsabilité des entreprises sur le sujet de divulgation dans les délais établis par la loi, nous affichons ces entreprises sous des projecteurs pour signaler qu'elles présentent un niveau de risque plus élevé.
Contrairement au marché continu, ce compartiment n'est pas coté en continu. Il est coté uniquement à un seul fixing à midi, avec des fourchettes de prix inférieures à celles du marché continu. Bien entendu, les investisseurs qui choisissent ce compartiment savent d'avance qu'ils investissent dans un compartiment plus risqué.
Le compartiment S a été mis en place en 2021 (MAJ des critères en 2023), et nous commençons à en voir les résultats. Les émetteurs suivent de près le nombre de jours de retard dans les communications. Ils appellent pour savoir si leur entreprise va pouvoir sortir de ce compartiment. Ils font tout pour améliorer la situation vis à vis du marché.
Même dans le texte, nous avions inclus les entreprises sous administration judiciaire et, par interprétation stricte peut-être, celles sous mandat judiciaire, bien que les deux soient totalement différentes. Nous avons reçu une explication de la juge chargée des mandats judiciaires, que je remercie, qui nous a expliqué exactement la différence entre les deux, et comment une entreprise sous mandat judiciaire est totalement différente d'une entreprise sous administration judiciaire.
Nous avons dû revoir la décision de reclassement des entreprises qui méritaient d'être reclassées. Il y a donc une dynamique qui s'est créée avec le compartiment S, et je pense que plusieurs sociétés peuvent en sortir, à condition de respecter l'investisseur.
Pour 2025, peut-on s'attendre à de nouveaux papiers ou projets pour la Bourse de Tunis ?
Oui, deux nouvelles introductions ont déjà été annoncées, et j'espère qu'elles se réaliseront. La première opération concerne BNA Assurance, anciennement AMI Assurances et la deuxième concerne TARAJI Holding.
Concernant BNA Assurance, échangé actuellement sur le hors-cote, elle fera son admission par la procédure d'inscription directe sur la cote de la BVMT. Pour TARAJI Holding, je pense que c'est un projet très intéressant.
Bien que je ne sois pas fan du club lui-même, je suis fan du montage financier réalisé qui va permettre à une association sportive, qui n'a normalement pas le droit de se coter, de le faire grâce à la structuration de Holding propriété du club qui détiendra les anciens et futurs actifs du club.
Cela pourrait devenir un modèle à suivre pour lever des fonds, soutenir les projets du club, garantir son autonomie financière et réduire sa dépendance vis-à-vis des sponsors traditionnels.
Le projet de digitalisation de la Bourse de Tunis, ainsi que la mise en ligne du nouveau site, devraient-ils se concrétiser en 2025 ?
Concernant le nouveau site web, nous avons lancé la semaine dernière les premières réunions de cadrage, et normalement, ce projet devrait être en ligne avant la fin de cette année.
L'avantage de ce nouveau site web, en plus de son caractère dynamique, c'est qu'il présentera de grandes nouveautés. Il y aura un espace privatif pour les entreprises cotées, permettant un échange direct avec la Bourse. Cela rendra la communication plus fluide et plus rapide, afin de publier quasiment en temps réel les informations issues des entreprises.
Un autre espace très intéressant est celui dédié aux étudiants et chercheurs. Nous allons offrir à cette catégorie de public l'accès à une mine d'informations, une base de données très ancienne, riche et complète, afin de contribuer aux travaux de recherches et aux études des facultés et des universitaires.
Aussi, concernant la digitalisation, le projet phare de 2024 a été la numérisation, le zéro papier, pour tout ce qui concerne les processus d'enregistrement. En effet, les enregistrements des sociétés anonymes transitent par la Bourse, et tout le processus a été digitalisé à 100%.
Ce projet, baptisé " SDX ", a apporté des bénéfices pour tout le monde, à tous les niveaux. Fini le déplacement des gens entre la Bourse et les intermédiaires. Plus besoin d'archivage papier. Tout est désormais électronique. Nous avons adopté la signature et le cachet électronique avec l'ANCE (Agence nationale de certification électronique).
Cet exercice a été tellement bénéfique qu'il mérite d'être élargi, pourquoi pas demain, aux SARL, mais aussi à d'autres activités de la Bourse et d'autres services d'exploitation. Je pense que la Bourse a bien avancé sur le zéro papier, et nous y parvenons.
Propos recueillis par Omar El Oudi
Publié le 16/01/25 19:20
EINSTEIN - AL 16/01/25 20:28 |
Bientot on va commencer par la loi fondamentale d'Einstein , qui est le fondateur de cette loi !@! |
Elinija 16/01/25 20:44 |
9alou le groupe s c’est une trouvaille C’est une grosse connerie oui Une société qui ne respecte pas les délais il faut porter plainte pour mauvaise gestion Il faut sanctionner le conseil d’administration et non pas les petits porteurs Les actionnaires de référence s’en foutent qu’elle soit dans le groupe s ou z, qu’elle soit au fixing ou au continue Houma même s’ils veulent vendre ils passent par les bloc et rarement sur le marché Par contre ils achètent à bas prix sur le marché T9oli pour protéger les pp !!! Supposons j’achète une société au continue la même année la société fait un retard de publication et passe au s !!? Nitwa7a biha ena bech ta3mil retard ? Les délais de publication des états financiers est fixé par une loi !!! En cas de retard il faut saisir le tribunal Et c’est le conseil d’administration qui est responsable mouch l’actionnaire x ou y qui détient 1000 titres |
Lewis 16/01/25 20:59 |
Ya3tik essa7a tu as parfaitement raison. |
EINSTEIN - AL 17/01/25 09:11 |
IL faut repenser son cadre réglementaire = Les ordres ordinaires du chef de gouvernement , sous les ordres du chef de l'état et conformément aux propositions d'Einstein ; sont imminentes à l'application de la nouvelle loi fondamentale d'Einstein = La surprise du siècle se prépare à la publication , suite à l'épique historique guidée par Einstein depuis 2023= Nous avons de la chance de ne pas perdre beaucoup d'années pour ce gigantesque événement spectaculaire !@! |
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