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Alexandre ARROBBIO : « La Banque mondiale n'a pas cessé d’appuyer la Tunisie »

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Représentant Résident du bureau de la Banque mondiale en Tunisie depuis septembre 2021, M. Alexandre ARROBBIO a plus de 25 ans d'expérience internationale dans la conduite de programmes complexes de réforme des politiques, la gestion de programmes multisectoriels à grande échelle et le conseil aux gouvernements dans divers pays d'Afrique, d'Asie, d'Europe, d'Amérique latine et du Moyen-Orient.

M. Alexandre ARROBBIO revient dans cette interview sur les programmes de la Banque mondiale en Tunisie, le report des négociations sur le " cadre de partenariat pays " et les réunions de printemps de la BM et du FMI tenues la semaine dernière à Washington.

 

Pouvez-vous nous présenter les caractéristiques du nouveau programme de la Banque mondiale relatif aux PMEs tunisiennes ?

La Banque Mondiale a accordé un prêt de 120 millions de dollars à la Tunisie pour le Projet d'Appui au redressement économique des PMEs. La ligne de crédit a été approuvée par le conseil d'administration en février 2023 et nous avons signé l'accord de prêt avec le Gouvernement Tunisien quelques jours après. Nous sommes actuellement en cours d'entrée en vigueur.

Selon nos procédures, le projet d'accord financier pour le prêt est d'abord approuvé par notre Conseil d'administration, il est ensuite signé par le Gouvernement et la Banque mondiale. Ce n'est qu'à partir de cette signature que commence la phase d'entrée en vigueur, avec par exemple la publication du décret validant la signature de l'accord. Dans le cas du projet d'appui aux PMEs, le décret a été publié le 11 mars dernier et il reste à finaliser des documents opérationnels. Nous sommes dans les délais habituels.

Le projet d'Appui au redressement économique des PMEs soutient une politique du gouvernement Tunisien visant à remédier aux problèmes de liquidité des PME tunisiennes ainsi qu'aux défis d'accès au financement.

Notre appui consiste en un prêt octroyé au ministère des Finances qui rétrocédera, avec l'appui de la Banque centrale, des lignes de crédit à des banques commerciales de la place. Ces dernières pourront octroyer des crédits aux PMEs. La Banque mondiale ne prête pas directement aux PMEs.

 

Comment se déroulera le suivi du programme ?

Tous les programmes financés par la Banque mondiale font l'objet d'un suivi régulier dans le cadre de nos procédures et de nos accords avec le pays concerné. Ce projet fera donc l'objet d'un suivi régulier comme pour n'importe quel autre projet finance par la Banque mondiale.

 

Quel sera l'impact de ce programme sur les PMEs tunisiennes ?

L'objectif est de permettre d'une part à certaines PMEs de rééchelonner des prêts existants, et d'autre part d'octroyer de nouveaux prêts à long terme. Nous espérons contribuer à donner une bouffée d'oxygène financière à travers un accès aux financements pour les PMEs.

Il est également important de souligner que d'autres partenaires tels que l'Agence Française de Développement (AFD) et la Banque Européenne d'Investissement (BEI) envisagent d'appuyer le financement des PMEs.

 

Les négociations avec la Tunisie relatives au nouveau Cadre Partenariat Pays 2023-2027 sont reportées. Comment la Banque mondiale va-t-elle continuer à aider la Tunisie ?

La Banque mondiale n'a pas cessé d'appuyer la Tunisie. La stratégie que nous appelons " Cadre de partenariat pays " est un document qui permet d'encadrer et d'orienter les appuis pour les cinq prochaines années. La pause dans la discussion du cadre de partenariat pays n'empêche pas les activités en préparation ou en cours d'exécution de se poursuivre.

C'est le cas par exemple avec la ligne de crédit pour les PMEs dont nous venons de parler et également dans la préparation du financement de l'interconnexion électrique en Méditerranée (ELMED) auquel nous contribuons. ELMED est un projet stratégique qui pourrait permettre à la Tunisie de devenir un hub régional d'énergie et de se connecter au réseau européen.

 

Comment évaluez-vous la situation économique en Tunisie et comment le pays peut-il sortir de la crise ?

D'une part, la Tunisie est confrontée à des défis budgétaires dus à des dépenses courantes structurellement élevées depuis de nombreuses années et entrainant des déficits publics importants et une augmentation de l'endettement. Cette situation a été aggravée par le Covid-19 et la crise ukrainienne.

D'autre part, la croissance qui a été stagnante pendant la précédente décennie, a été ralentie par le Covid-19. Et pour 2023, nous prévoyons une croissance limitée, positive mais insuffisante pour stimuler l'économie. A cela s'ajoute une inflation importante, en partie due à l'augmentation des prix internationaux.

A ce sujet, le développement des énergies renouvelables permettrait de réduire la dépendance aux importations et aux effets inflationnistes potentiels. Enfin, la croissance bénéficierait d'une plus grande ouverture de l'économie.

Nous sommes donc face à un mix de problèmes structurels internes, d'éléments conjoncturels et de chocs externes qui empêchent l'économie tunisienne d'évoluer au niveau de croisière auquel on pourrait s'attendre.

 

Les réunions de printemps de la Banque mondiale et du FMI viennent de s'achever à Washington. Quels apports pour la Tunisie selon vous ?

En ce qui concerne notre participation, nous avons pu avancer avec les autorités Tunisiennes sur le programme 2023-24 et explorer comment optimiser notre appui à la Tunisie. Nous avons ainsi confirmé notre soutien aux programmes visant à améliorer les conditions de vie et le pouvoir d'achat des Tunisiens, surtout ceux à faible revenu et de la classe moyenne.

Nous avons également discuté du soutien aux petites et moyennes entreprises, ainsi que de la finalisation de la préparation de notre appui au projet ELMED. Nous avons aussi abordé les questions liées au changement climatique et à la gestion de l'eau.

Par ailleurs, nous avons échangé sur la reprise du processus d'approbation de notre stratégie pour 2023-27. Dans l'ensemble, ces réunions ont été une occasion de réaffirmer notre fort engagement avec la Tunisie.

Quant au programme en cours de discussion avec le FMI, je n'ai pas d'autres éléments que ceux qui ont été publiquement communiqués par les responsables du FMI.

Propos recueillis par Omar El Oudi 

Publié le 18/04/23 09:16

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