Posté le 24/11/2018 21:21:15
UADH diversifie ses activités pour faire face à la conjoncture
UN ARTICLE ET ANALYSE DE MME Imen NOUIRA
La holding Universal Auto Distributors Holding (UADH) a terminé l’année 2017 sur la 1ère marche du podium en termes de premières immatriculations de véhicules importés avec une part de marché de 11,17%, malgré une conjoncture économique difficile. L’Assemblée générale ordinaire (AGO) pour l’exercice 2017, tenue vendredi 22 novembre 2018 à l’Hôtel Golden Tulip Carthage, a été marquée par certaines tensions. Tensions qui se sont vite dissipées lorsque le PDG du groupe, Bassem Loukil, a décidé de revenir sur la décision de non distribution des bénéfices et d’accorder aux actionnaires un dividende brut de 0,150 dinar par action (le même que l’année dernière), mis en paiement à partir du 21 décembre 2018.
UADH détient le contrôle des sociétés du pôle automobile, à savoir Aures Auto, Aures Gros, Economic Auto, Mazda Details, Loukil Véhicules Industriels (LVI), Trucks Gros et United African Auto Industries (UAAI) représentant officiel en Tunisie de la marque Foton créée en juillet 2017. La holding a immatriculé
7.115 véhicules légers (VL) en 2017, en baisse de 073 point, permettant à la société de s’accaparer 11,17% de part de marché. Une baisse que le groupe impute au système de quotas imposé par le gouvernement en 2017 et qui lui fait perdre 1.000 immatriculations. Il est en deuxième position après Ennakl Automobiles sur le marché des VL.
Avec 5.626 véhicules immatriculés en 2017 contre 5.613 véhicules, la marque Citroën a réussi à augmenter légèrement ses ventes. S’agissant des poids lourds supérieurs à 16 tonnes, Renault Trucs est le leader sur ce segment avec une part de marché de 23,7%.
En ce qui concerne les performances, le concessionnaire a enregistré, en 2017, une baisse de 44,5% de son résultat net, qui est passé de 11,99 millions de dinars à 6,66 millions de dinars (MD), malgré un impôt de 14,99 MD. Les revenus de la société, qui représentent les dividendes lui revenant suite à la distribution des bénéfices réalisés par ses filiales Aures Auto, Economic Auto et LVI, ont diminué de 42,4 %, évoluant de 13,02 MD en 2016 à 7,49 MD en 2017. Cette baisse des revenus est imputée aux importants investissements réalisés par les filiales au cours de 2017. Ceci dit, le taux d’EBITDA est passé de 116% à 130%, entre 2016 et 2017.
Des performances réalisées alors que le taux de change YEN/TND a baissé de 40% en une année et que l’Euro/TND glisse de 2% par mois, souligne Bassem Loukil en donnant comme exemple le prix de la Mazda 2 qui est passé de 38.000 à 54.000 dinars en un an. «Malgré ceci, on arrive à se défendre quand même»
Pour sa part, le résultat net consolidé s’est situé à 0,36 MD en 2017 contre -1,16 MD en 2016, avec un impôt de 3,05 MD. Le chiffre d’affaires consolidé est passé de 354,81 MD 419,5 à MD, entre 2016 et 2017, 332,26 MD provenant de la vente de véhicules neufs et 69,02 MD de l’activité de pièces de rechange.
Le groupe continue ses investissements et l’extension de son réseau. Le PDG a annoncé qu'UADH s’apprête à signer un contrat avec un constructeur asiatique de camions pour un tonnage compris entre 3,5 et 10 tonnes, qui n’est pas couvert par Renault Truck.
Il a indiqué qu’il a fallu 8 mois d’attente pour avoir l’accord pour l’agrément industriel pour le montage Complete Knock Down-CKD) de véhicules utilitaires et légers de la marque automobile chinoise Foton Motor. Economic auto a eu le mois dernier l’agrément, l’usine est prête et 158 véhicules ont été déjà produits. La société est le représentant officiel de la marque dans 6 pays africains (la Guinée, la Mauritanie, le Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Mali et le Burkina Faso) outre la Tunisie et la Libye (commercialisation, production avec la possibilité de faire des unités de montage dans ces pays). Le concessionnaire lorgne aussi le Ghana.
S’agissant des commandes africaines, le concessionnaire a dû affréter les véhicules directement de Chine pour respecter ses contrats, mais à partir de mars/avril 2019, ils seront livrés à partir de la Tunisie.
Les commissaires aux comptes ont émis certaines réserves dans leur rapport, notamment en ce qui concerne un redressement fiscal visant Economic Auto de 1.600 dinars dont 565.000 dinars de pénalité, la répartition des pertes de change, l’inventaire physique des immobilisations et une augmentation de capital réalisée par Economic Auto et qui n’est pas conforme au Code des sociétés.
Des points qui ont titillé la curiosité des actionnaires et suscité plusieurs interrogations. Ainsi, Moncef Ouaghlani s’est interrogé sur la répercussion de l’augmentation de capital sur les petits porteurs et sur les raisons du non traitement des points soulevés par les commissaires aux comptes.
Pour Abdessatar Ben Brahim, le résultat est impacté par les performances de Gif Filter. Il a exprimé son mécontentement face à la baisse du cours du titre UADH, un sentiment partagé par plusieurs actionnaires qui l’ont exprimé à maintes reprises.
Ahmed Kodia s’est interrogé sur les raison du retard de l’AGO et sur le devenir des contrats annoncés pour Djibouti. En outre, il a expliqué que vu le système de quotas, Gif Filter était l’espoir des actionnaires pour une amélioration significative des résultats de la holding, or ce n’est pas le cas pour le moment.
Mustapha Chouaïb était remonté contre la baisse du cours de l’action et encore plus remonté à cause de la non-distribution de dividende. Il a aussi demandé s'il ne fallait pas faire une assurance contre les risques de change. Comme d’habitude, ses paroles ont dépassé ses pensées, et dû être remis à sa place par Bassem Loukil.
A ce flot de questions, le commissaire aux comptes a expliqué que vu le vice de forme dans l’opération d’augmentation de capital d’Economic Auto, un dossier a été déposé auprès du tribunal pour annuler la procédure, les actionnaires n’ont donc pas été lésés. S’agissant des pertes de change, il a souligné qu’il s’agit d’un phénomène extraordinaire.
Pour sa part, Bassem Loukil a expliqué que la situation de Gif Filter était temporaire à cause des licenciements opérés sur 3 ans, de l’automatisation des chaînes de production et des budgets de R&D. Aujourd’hui, la société est en train de cueillir les fruits des efforts consentis, au 30 octobre 2018, elle avait des contrats pour la production de 2 millions de filtra soit 80% de sa capacité annuelle de production.
En ce qui concerne l’inventaire physique des immobilisations, il a indiqué que les travaux opérés dans le showroom d’Economic Auto à ce moment avaient empêché la finalisation de l’opération et que ce n’est en aucun cas un manquement de la part de la direction de la société.
S’agissant des pertes de change, le responsable a expliqué qu’aucune banque de la place n’accepte de faire des achats de devise à terme à 180 jours, et qu’à cause de ça la société a perdu 15 MD en 15 jours, un événement exceptionnel mais il n’y avait aucun moyen de le contourner. C’est pour cette raison que la holding a fait appel à des banques étrangères avec l’accord de la BCT pour minimiser l’impact de ce genre d’incident.
Concernant le dividende, M. Loukil a rappelé que dans le business plan d’introduction en bourse, il n’était pas prévu de distribuer un dividende pour l’exercice 2016, mais que la société l’a fait. Il a expliqué que vu la conjoncture économique et les difficultés d’accès au financement, le conseil d’administration avait décidé de ne pas distribuer le dividende et de le réinvestir afin de diversifier l’activité de la holding dans des activités dans l’activité économique mais en se focalisant sur le montage, l’export et de nouveaux contrats de représentation.
En réponse à M. Kodia et sa question sur le retard de l’AGO, le dirigeant a indiqué qu’une note a été envoyée au CMF pour lui expliquer qu’alors que le groupe était en train de migrer sur un même ERP, il y a eu un problème avec le serveur et le datacenter. Toutes les données qui concernent LVI ont été perdues et ils ont dues les retraiter manuellement.
Pour Foton, le PDG a indiqué que l’activité vient à peine de démarrer que les répercussions sur le chiffre d’affaires 2018 seront de 10 à 12 MD mais que 60 MD additionnels de revenus sont prévus pour 2019. Pour le contrat avec Dijibouti et vu que la société n’avait pas le droit de facture en devise, une formule a été trouvée avec l’accord de la BCT pour que seul le produit net de l’opération soit comptabilisé.
Après de longues tractations, les actionnaires ont convaincu Bassem Loukil de distribuer un dividende de 150 millimes par actions.
En outre, les actionnaires minoritaires ont élu Sofiane Dimassi en tant que nouveau représentant au conseil d’administration.
Malgré une conjoncture économique difficile, UADH continue ses efforts pour diversifier son activité et tirer son épingle du jeu. Pour 2018 et 2019, la holding table sur un résultat net respectivement de 6,65 MD et de 7,51 MD pour des revenus de 7,59 MD et 8,73 MD.
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