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Vincent Rouaix – Inetum : « En Afrique, notre volonté n’est pas seulement de renforcer nos opérations, mais surtout de nous impliquer sur le long terme »

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Au nouveau siège d'Inetum en Tunisie, inauguré le 24 novembre 2022 aux Berges du Lac II, nous avons rencontré Monsieur Vincent Rouaix, Président-directeur général du groupe Inetum, leader des services et des solutions digitales, et parlé avec lui de l'histoire de cette Entreprise de Services du Numérique, son positionnement et ses ambitions pour les projets à entreprendre en Tunisie et dans la région. Interview.

 

Monsieur Vincent Rouaix, Président-directeur général du groupe Inetum

 

Quelles sont les actualités fortes d'Inetum et de ses activités ?

Nous sommes présents dans 27 pays et nous avons de grands barycentres en France, Espagne, Portugal et Belgique. Inetum a réalisé un chiffre d'affaires de 2,2 milliards d'euros en 2021 avec une ambition à 2,5 milliards pour cette année, et nous en réalisons 40% en France. Nous considérons la France comme notre locomotive historique où nous sommes un des principaux acteurs locaux et parmi les 5 premiers opérateurs sur les services.

Aujourd'hui, Inetum consolide sa position en Tunisie et inaugure son nouveau siège à Tunis. Nous avons établi notre présence en Afrique depuis les 20 dernières années au Maroc, en Tunisie, en Côte d'Ivoire, au Cameroun, au Sénégal et en Angola. Il y a un an, nous avons inauguré notre Fablab Innovation pour l'Afrique à Casablanca au Maroc et aujourd'hui nous inaugurons notre nouveau siège en Tunisie. Entretemps nous avons accéléré notre développement en Tunisie par l'acquisition de la société HLi (Tunisie et Maroc) spécialiste des solutions Microsoft en Afrique.

Notre volonté est d'être un acteur global de la digitalisation des entreprises privées et des institutions publiques, et d'être capable d'accompagner nos clients de bout en bout sur toute la chaîne de valeur du digital. Nous avons trois zones de développement international : en Europe de l'Est, en Afrique et puis en Amérique latine. La proximité est un élément central dans notre approche, à la fois d'un point de vue du métier pour comprendre les besoins de nos clients, mais aussi d'un point de vue géographique pour s'adapter rapidement et mieux répondre à leurs enjeux.

C'est pour cela que nous avons choisi de nous implanter durablement en Afrique, pour accompagner des clients comme Orange, la Société Générale ou encore BNP Paribas. Ces partenaires sont également présents en Europe de l'Est, en Roumanie notamment. En Amérique latine nous travaillons, à titre d'exemple, avec le leader en télécommunications Telefónica. Aujourd'hui, Inetum est dans 6 pays sur le continent africain. Notre volonté ne s'arrête pas uniquement à trouver de " bons projets " mais également de construire une offre et une réponse locale qui s'inscrit totalement dans la stratégie de nos clients.

Avec le siège social de notre Groupe, basé près de Paris en France, un portefeuille d'offres global, la dynamique locale, et l'engagement de nos collaborateurs dans tous les pays où nous sommes présents, notre volonté est de renforcer notre valeur ajoutée et devenir un acteur important des écosystèmes locaux. Nous découvrons des pays, des cultures et des talents. Nous avons démarré avec nos premiers clients, qui nous ont sécurisés, pour ensuite développer des offres d'intégration de systèmes, de software et de solutions que nous pouvons déployer sur tous les territoires.

Notre ancrage local passe également par notre accompagnement des grands acteurs locaux du secteur public, comme dans le domaine de l'éducation par exemple. Il s'agit d'occuper une place de partenaire de référence dans chaque État pour accompagner le développement des territoires au service de tous. Nous le faisons en capitalisant sur les ressources locales, en formant nos collaborateurs pour qu'ils restent et qu'ils développent leurs compétences ce qui participe à la croissance de l'économie locale. C'est une approche de proximité, différente par rapport à nos grands confrères dans notre secteur.  

Ce que nous avons observé sur ces dernières années, est le développement de votre croissance externe. Quelles sont les étapes marquantes de cette stratégie ?

Notre premier moteur reste la croissance organique. Je suis arrivé en 2009 à la tête du Groupe et nous avons commencé à développer notre croissance externe en 2011. Cette année-là, nous avons repositionné le Groupe, nous sommes revenus à une croissance organique positive pour accélérer notre croissance externe.

C'est fondamental et vrai dans tous les pays. Notre objectif en achetant des sociétés dans d'autres pays doit servir avant tout à compléter notre offre globale et à accompagner leur développement. Une condition majeure : qu'il existe une vraie dynamique de marché et d'équipe qui nous permettra d'intégrer ces sociétés. L'enjeux pour un Groupe qui se développe en croissance externe reste sa capacité à réussir l'intégration pour chaque acquisition.

La croissance organique reste fondamentale parce que c'est la dynamique intrinsèque du Groupe. Cela renvoie à notre capacité à mobiliser les équipes pour faire grandir notre activité.

Depuis 2011, le développement du groupe Inetum s'est accéléré et s'est accentué par croissance externe avec 3 drivers principaux. Le premier était de consolider des parts de marché. Nous considérons dans le marché du service que la taille, qui est un élément majeur pour occuper les positions, permet d'accompagner la transformation ainsi que l'innovation de nos clients. Nous avons ainsi fait de la consolidation en France, en Espagne et dans d'autres pays.

Le deuxième est la capacité à accélérer la constitution de briques de savoir-faire. Sur notre offre de service ServiceNow par exemple, nous avons débuté par un développement de notre activité en organique et c'est notre dernière acquisition, Do IT Wise, qui nous permet d'accélérer sur ce marché avec un centre d'expertise désormais disponible en Bulgarie, pour compléter notre proposition de valeur et avoir une offre de bout en bout, d'expertises et d'Offshore pour accompagner nos gros clients.

Le troisième est de globaliser quelques opérations de Transforming. Nous avons acquis Realdolmen en Belgique et la division informatique d'El Corte Inglès en 2020, ce qui nous permet de consolider notre position sur le marché espagnol et d'Amérique latine.

Le Groupe se développe davantage à travers votre position en Afrique. Quelles sont vos ambitions sur le continent puisqu'il évolue rapidement ?

Notre ambition pour le marché africain est pérenne. Notre implantation a commencé au Maroc et date des années 2000. Nous sommes toujours convaincus que c'est un continent dont la croissance est très importante, un territoire plein d'opportunités où la démographie d'aujourd'hui et de demain compte beaucoup.  

La digitalisation est un sujet majeur qui représente un levier d'impacts positifs pour la transformation de l'économie des pays. Nous sommes devant un Green Field où la capacité à se repositionner et se transformer autour du digital peut se faire plus rapidement sur un périmètre large. Sur le long terme, le digital est un sujet clé pour le développement économique et social du continent africain.

En Afrique, le marché est plus ouvert qu'aux États-Unis, au Royaume-Uni ou en Asie. Nous investissons en Afrique depuis de nombreuses années. Nos ambitions et nos capacités à opérer localement sont des axes différenciants par rapport à nos homologues et concurrents. Et cela trouve une résonance assez forte chez nos clients puisque nous leur apportons des solutions locales.

Nous souhaitons renforcer notre ancrage local durablement, pour accélérer le développement économique des pays, le développement des talents sur nos métiers, pour mettre le digital au service de la société et des populations. Nous nous engageons également sur différentes initiatives locales, qui permettent de mettre en lumière les talents de chaque pays comme avec le concours Africa Digital Manager Award par exemple ou encore notre mécénat auprès de Women In Africa.

Le développement des compétences, par la formation et la certification notamment, est un levier important pour renforcer notre collectif et leur offrir des parcours de carrière intéressants. Et même si la mobilité interne est possible au sein de notre Groupe, notre volonté est que cela reste une opportunité de plus. Nous faisons tout pour valoriser les compétences locales et les faire grandir localement.

Votre périmètre d'action ne se limite pas au secteur privé mais vous vous engagez également avec les gouvernements. Ressentez-vous un réel engagement au niveau de l'administration tunisienne ? Quels projets pourraient-ils voir réellement le jour en ayant un impact sur les populations ?

Développer cette activité demande un engagement sur le long terme et notre implantation en Tunisie depuis plusieurs années nous permet aujourd'hui de le faire. Il faut rappeler que nous intervenons historiquement sur le secteur public. Nous sommes à la fois intégrateurs, éditeurs et consultants d'une offre globale que nous essayons de projeter sur l'Afrique avec quelques opérations en Côte d'Ivoire ou encore au Sénégal.

En Tunisie, nous avons traité de deux sujets importants autour de La Poste et la digitalisation des procédures administratives, mais il y en a beaucoup d'autres.

La qualité pour réussir en Afrique, est la perspicacité. Il faut y revenir pour les acquisitions. En Tunisie, nous avons passé beaucoup de temps à rencontrer les organisations privées et publiques pour les acquisitions de Cynapsis et de HLi. Ce qui fera la réussite des sociétés comme les nôtres c'est de s'inscrire dans la durée. En Afrique, notre volonté est de réussir nos opérations et surtout de nous impliquer sur le long terme.

Lorsque nous regardons aujourd'hui les financements étrangers, le digital reste un sujet majeur. Il y a des budgets importants qui émergent dans tous les pays. C'est un sujet fondamental à l'égard des problématiques de cybersécurité, de transformation mais aussi pour réussir à apporter des process digitalisés auprès des populations en coconstruisant une relation de confiance et d'expertises avec les administrations locales. Nous nous sommes démarqués en étant implantés et investis durablement dans l'écosystème local du pays comme au Maroc par exemple ou en Tunisie.

Le marché sur lequel vous opérez est fortement concurrentiel où il y a plusieurs opérateurs à la fois. De quelle manière vous affirmez-vous ?

C'est le sujet majeur aujourd'hui. Nous sommes sur un marché de tensions exacerbées sur les ressources qui viennent de deux phénomènes. La rareté mais aussi la concurrence. Le marché est un marché de demande où il y a une pénurie de ressources humaines et de compétences sur tous les continents.

Par ailleurs, la transformation du paradigme du travail, avec l'adoption massive du télétravail et la mise en place de modes de travail hybrides, impacte et transforme également les modèles mondiaux. Notre mission est d'aider les entreprises et les institutions à maîtriser ce flow digital continu pour s'adapter à ces nouveaux usages et besoins autour du digital. Pour accompagner le changement aujourd'hui et demain, nous misons sur notre collectif de talents qui accompagnent nos clients quotidiennement.

En Tunisie, les talents ont toujours été là. Il existe une capacité des équipes tunisiennes à avoir un très bon niveau de formation et d'ouverture sur l'international par la maîtrise des langues notamment. Elles disposent aussi d'un très bon niveau de travail collectif. Lorsque nous regardons les performances de différents centres de services, la Tunisie a une réponse efficiente et au-dessus de celles des autres. Cette capacité à fournir un haut niveau de prestations de service nous permet de rayonner et de nous projeter sur l'ensemble du territoire africain.

Que représente la finalisation de votre acquisition par Bain Capital Private Equity et quels sont les apports escomptés ?

Nous devions changer d'actionnaire pour poursuivre notre stratégie de développement. Nous avons évolué rapidement. D'abord par la consolidation et la transformation de nos activités françaises. Ensuite, par développement international avec Mannai Corporation QPSC et désormais avec comme fonds d'investissement Bain Capital Private Equity.

C'est un des plus grands fonds mondiaux qui fait des choix structurels. Le fait qu'un fonds de cette nature-là nous choisisse pour se projeter dans le futur est très gratifiant pour la qualité du travail faite par toutes les équipes. La capacité mondiale de ce nouvel actionnaire nous permet d'accélérer davantage notre croissance pour suivre notre plan stratégique UPSCALE25 pour consolider le marché de l'IT notamment et de nous pousser à nous renforcer toujours plus dans le digital.

Il faut savoir que 40% de nos activités sont du digital et notre volonté est d'arriver à une part de 60%. Bain Capital est un des rares opérateurs en Europe à avoir ces deux relais de croissance. Il possède de grands comptes, avec des parts de marché importantes et la capacité de projection. C'est donc un marché porteur et prometteur. Notre volonté est de poursuivre avec l'intégration des meilleures solutions et expertises du marché au service de tous nos clients avec un portefeuille d'offres globalisé au sein de notre Groupe.

Publié le 07/12/22 12:53

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