COURS | GRAPHIQUES | ACTUS | ANALYSE ET CONSEILS | HISTORIQUES | FORUM |
Une mission technique du Groupe d'action financière (GAFI) a récemment séjourné en toute discrétion à Tunis pour évaluer les dispositifs tunisiens de lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme, selon le site d'information Le Courrier de l'Atlas.
Menée auprès de la Banque centrale de Tunisie (BCT) et de la Commission tunisienne des analyses financières (CTAF), cette visite s'est conclue fin mai par des conclusions préoccupantes, laissant craindre un possible retour de la Tunisie sur la liste grise.
Le souvenir est encore frais. En 2019, la Tunisie figurait sur la liste noire de l'Union européenne pour son manque de vigilance dans la lutte contre le financement du terrorisme. Un an plus tard, après d'intenses efforts diplomatiques, le pays parvenait à en sortir, avec en prime un retrait de la liste grise du GAFI en octobre 2019, puis de la liste noire européenne en mai 2020.
Ces avancées avaient alors coïncidé avec un changement de pouvoir à Tunis, nourrissant un espoir de redressement durable de la réputation financière du pays.
Cinq ans plus tard, ce climat d'optimisme semble s'étioler. Selon des sources proches du dossier citées par Le Courrier de l'Atlas, les experts du GAFI ont formulé de " sérieuses réserves " sur plusieurs volets clés : l'efficacité du registre des bénéficiaires effectifs, la surveillance des professions non financières (avocats, notaires, experts-comptables...), la lenteur dans la mise en œuvre des sanctions ciblées des Nations unies, ainsi que l'accès encore trop limité aux informations financières.
Autre signal alarmant : la réunion de clôture s'est achevée sans déclaration conjointe — une rareté en matière diplomatique. Le chef de mission aurait averti que, sans actions correctives d'ici l'été, la Tunisie risque de figurer de nouveau sur la " liste des juridictions sous surveillance renforcée " lors de la prochaine évaluation prévue en 2026.
Toujours selon la même source, le rapport technique transmis aux autorités tunisiennes souligne que la Tunisie devra faire face à une nouvelle évaluation par le Groupe d'action financière du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord, avec une mission plénière attendue entre novembre 2026 et février 2027.
Bien que la Tunisie ne soit pas officiellement de retour sur la liste grise, le GAFI insiste : des progrès " durables " sont attendus, faute de quoi un reclassement pourrait être envisagé. La CTAF, de son côté, a publié une note d'information appelant les acteurs financiers à renforcer leurs obligations de connaissance client, signe que l'alerte est prise au sérieux en interne, précise la même source.
Le risque de réintégration sur la liste grise n'est pas imminent, mais il reste bien réel. Le second semestre 2025 s'annonce crucial pour éviter une dégradation de la réputation financière du pays, dans un contexte économique déjà fragilisé par la baisse des perspectives de croissance. Tunis n'a désormais plus droit à l'erreur.
Omar El Oudi
Publié le 04/06/25 12:33
Pour poster un commentaire, merci de vous identifier.