ilboursa arabic version ilboursa

Tunisie - Croissance économique 2018 : Des chiffres en demi-teinte

ISIN : TN0009050014 - Ticker : PX1
La bourse de Tunis Ouvre dans 18h58min

L'économie tunisienne boucle l'année 2018, avec une croissance économique de 2,5% confirmant sa petite reprise (+1,9%) observée l'année précédente. Toutefois, et en dépit de cette timide amélioration, la croissance reste faible pour absorber un taux de chômage qui colle au niveau de 15,5%. Pour 2019, la réalisation d'une croissance de 3,1% est subordonnée à une réelle reprise du secteur industriel.

Relayant une croissance trimestrielle en glissement annuel de 2,7% au premier trimestre 2018, de 2,9% au second, de 2,8% au troisième et de 2,2% au quatrième trimestre, la Tunisie boucle l'année 2018 avec une croissance globale de son PIB de 2,5%.

Industries manufacturières

Le ralentissement de la croissance économique observé en fin d'année tant en glissement annuel qu'en glissement trimestriel, porte la marque d'une régression au niveau des industries manufacturières de -0,7% au T3-2018 et de -0,5% au T4-2018. Cette baisse enregistrée au dernier trimestre 2018 est expliquée par le recul de la production du secteur des industries chimiques (-3,7%), suite à la chute observée dans la production des dérivés phosphatés (-12% au T4 et -23,7% sur toute l'année 2018).

Par ailleurs, certaines activités du secteur des industries manufacturières se sont bien comportées au cours du quatrième trimestre. Il s'agit notamment des industries mécaniques et électriques (+1,3%), du secteur du textile, habillement et cuirs (+0,7%) et des industries des matériaux de construction, céramique et verre (+0,4%).

Industries non manufacturières

La valeur ajoutée du secteur des industries non manufacturières a diminué au T4-2018 de 3,6% par rapport à la même période de 2017 et de 4,2% par rapport au troisième trimestre de 2018. Ce repli est principalement dû à la baisse accentuée des activités extractives dans les secteurs du pétrole et du gaz naturel (-14,2%) ainsi que les mines (-4,9%).

En effet, la production du pétrole brut a chuté à 3,3 millions de barils au cours du quatrième trimestre de 2018 (contre 3,7 millions de barils au T4-2017). Le secteur des mines continue également à connaitre des difficultés. Au T4-2018, la production de phosphates a de nouveau baissé, atteignant 0,7 million de tonnes (contre 0,8 million de tonnes au T4-2017). Pour rappel, la production trimestrielle moyenne de phosphates était autour de 2 millions de tonnes avant 2011.

Par ailleurs, le secteur du bâtiment et des travaux publics a connu une croissance de 2,6% en glissement annuel et de 0,2% en variation trimestrielle, confirmant ainsi la reprise enregistrée depuis le deuxième trimestre de 2018.

Services marchands

Au quatrième trimestre 2018, le secteur des services marchands a enregistré une croissance de 2,9% par rapport à la même période de 2017 et de 0,5% par rapport au troisième trimestre de 2018. Cette hausse est expliquée par le dynamisme de ses composantes sectorielles, tels que les services d'hôtellerie et de restaurations (+6,7%) et les services de transport (+2,8%). La croissance dans les services financiers (+3,6%) ainsi que les services de télécommunication (+2,4%) a également soutenu l'activité dans le secteur tertiaire.

Services non marchands

Notons, par ailleurs, que les services non marchands ont continué à croître à un rythme modéré de +0,7% en glissement annuel au quatrième trimestre et de +0,3% sur toute l'année.

Agriculture et pêche : une forte croissance en 2018

Au quatrième trimestre de 2018, la valeur ajoutée du secteur de l'agriculture et de la pêche a enregistré une augmentation de 9,1%. Cette performance du secteur agricole (+9,8% sur l'année 2018) est principalement liée à une hausse exceptionnelle de la production oléicole.

Reprise graduelle depuis 2015 mais qui reste faible pour absorber le chômage

Après une croissance morose du PIB tunisien de 1,2% en 2015, année marquée par les attentats de Sousse et du musée de Bardo, aboutissant à une baisse de la croissance de la valeur ajoutée des services marchands de 0,5% parallèlement à une chute de la valeur ajoutée des industries manufacturière de 4,1%, l'économie tunisienne est restée sur une croissance berne de 1,1% en 2016, sauvée par les services, marchands et non marchands, en dépit d'une année agricole difficile.

En 2017, l'économie tunisienne améliore encore son rythme de croissance économique à 1,9% favorisée par une nette reprise des services marchands mais amortie en partie par les industries non manufacturières en régression de 3,4%. En 2018, la croissance s'améliore davantage en dépit d'un fléchissement au dernier trimestre, clôturant l'année avec un taux de +2,5% tiré par une belle saison agricole ainsi que par les services marchands.

Mutation de la physionomie de l'économie tunisienne

La croissance soutenue des services marchands (et non marchands drainée par les salaires) face à la morosité du rythme d'activité dans l'industrie, a significativement modifié la physionomie de l'économie tunisienne. Longtemps considéré comme colonne vertébrale et fierté de la nation, le poids de la valeur ajoutée de l'industrie dans le PIB courant est passé de 30,4% en 2000 à 25,1% en 2017 contre une montée des services marchands et non marchands de 60,2% à 66,3% entre ces deux dates.

Perspectives de croissance économique en 2019

Le rapport sur le budget de l'Etat 2019, table sur une croissance économique de 3,1% en 2019, année qui sera marquée par l'avènement des élections législatives et présidentielles. La hausse des taux d'intérêt et la dépréciation du dinar vont certainement peser sur la consommation et l'investissement et donc sur la demande. A l'opposé, l'effritement du dinar, est censé favoriser les exportations (en volume) et l'attractivité du tourisme. Par ailleurs, la saison agricole sera nettement moins bonne qu'en 2018.

Avec les récents ajustements des salaires dans le secteur public, les activités non marchandes contribueront positivement dans la croissance. La baisse de la croissance attendue du secteur primaire sera compensée par le tertiaire. Réaliser, en conséquence, une croissance de 3,1% en 2019 est subordonné à une réelle reprise du secteur industriel.

©ilBoursa.com

Publié le 20/02/19 12:33

SOYEZ LE PREMIER A REAGIR A CET ARTICLE

Pour poster un commentaire, merci de vous identifier.

csh4EdRyqVB6drsWjGUyTMKBuusMi7P3UKrUol3XRg0 False