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Récolte des olives à l’arrêt, prix en chute : Comment sauver un secteur en pleine crise ?

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C'est une saison difficile pour les producteurs d'olives en Tunisie. Ce qui devrait être un moment de prospérité et d'activité intense se transforme en véritable casse-tête. Des régions comme Kairouan et Sidi Bouzid sont frappées par l'arrêt de la récolte, amplifiant les pertes économiques et sociales. Face à cette situation alarmante, le gouvernement tente d'apaiser les tensions par des mesures d'urgence, mais la crise reste une menace pour l'ensemble de la filière oléicole.

 

La crise actuelle de la récolte des olives en Tunisie met en lumière des dysfonctionnements structurels et conjoncturels qui secouent l'un des secteurs agricoles les plus importants du pays. Ce problème, qui s'étend à toute la chaîne de production, affecte directement les agriculteurs, les propriétaires de moulins, les exportateurs et même les consommateurs. 

Les premiers signes de cette crise sont apparus avec l'effondrement des prix des olives sur les marchés locaux et le désintérêt croissant des moulins pour acheter les quantités récoltées. A cela s'ajoutent des problèmes logistiques et climatiques, entraînant des interruptions dans la récolte dans certaines régions comme Kairouan, Sidi Bouzid et Sfax.

Une saison en péril

La récolte des olives, qui devrait être une période de prospérité pour les agriculteurs, est devenue une source de frustration et de pertes économiques. La baisse drastique des prix, combinée à des coûts de production élevés, a poussé de nombreux producteurs à suspendre leurs activités. Les moulins, quant à eux, rechignent à acheter les récoltes en  raison des marges réduites et de l'incertitude des marchés internationaux. 

Cette situation a également des répercussions sur la qualité de l'huile d'olive, un produit phare des exportations tunisiennes, compromettant à cet égard son positionnement sur les marchés étrangers et nuisant à la réputation du pays comme fournisseur de produits d'excellence .

Face à cette situation critique, le ministère de l'Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche a multiplié les initiatives. Le ministre Ezzedine Ben Cheikh a effectué plusieurs visites sur le terrain, notamment à Kairouan, pour évaluer l'ampleur des difficultés rencontrées. 

Lors de ces visites, il a annoncé des mesures pour atténuer les effets de la crise, notamment l'augmentation de la prime de stockage de l'huile d'olive  pour encourager les agriculteurs et les moulins à conserver leur production jusqu' à ce que les conditions du marché s'améliorent. Cette prime a été portée à 100 dinars par tonne et par mois, une mesure qui vise également à désengorger les circuits de production.

Par ailleurs, une réunion de haut niveau, présidée par le ministre en collaboration avec le ministère du Commerce et du Développement des exportations, a réuni les principaux acteurs du secteur, y compris les représentants des banques nationales et de l'Union tunisienne de l'agriculture et de la pêche. 

Cette rencontre a permis de diagnostiquer les problèmes financiers, logistiques et commerciaux, et de proposer des solutions concrètes. Parmi les décisions prises figurent la prolongation des délais de remboursement des crédits saisonniers pour les agriculteurs et les propriétaires de moulins, ainsi que la mise en place d'un mécanisme de financement pour les exportateurs.

L'objectif principal est d'assurer une dynamique économique tout au long de la chaîne de valeur, tout en préservant les intérêts des petits producteurs, souvent les plus vulnérables dans ce type de crise.

Le gouvernement est appelé ainsi à mettre en œuvre une stratégie à long terme pour éviter que de telles crises ne se reproduisent. Elle doit inclure aussi la réhabilitation des institutions comme l'Office national de l'huile, qui a vu ses capacités de stockage diminuer drastiquement depuis les années 1990, et la redynamisation des structures agricoles locales pour mieux répondre aux besoins des producteurs.

L'urgence d'une approche holistique

Les menaces liées à cette crise sont nombreuses et vont au-delà des pertes économiques immédiates. Selon les professionnels du secteur, une interruption prolongée de la récolte pourrait causer des dommages irréversibles aux oliviers, compromettant ainsi les récoltes futures. 

Les impacts sociaux sont également préoccupants : dans les régions rurales, où l'agriculture est une source majeure de revenus, de nombreux travailleurs saisonniers risquent de perdre leur emploi. Par ailleurs, la baisse de la production nationale pourrait entraîner une hausse des prix de l'huile d'olive sur le marché intérieur, affectant le pouvoir d'achat des consommateurs.

Pourtant, des solutions existent. En plus des mesures prises par les autorités, des initiatives complémentaires pourraient être envisagées. À titre d'exemple , la promotion de coopératives agricoles pourrait aider les petits producteurs à mieux gérer leurs ressources et à accéder à des financements.

Des incitations fiscales pour encourager les investissements dans les infrastructures de transformation et de stockage seraient également bénéfiques. De même, une diversification des marchés d'exportation pourrait réduire la dépendance de la Tunisie aux fluctuations des prix internationaux…

La crise actuelle souligne également l'importance de l'innovation et de la recherche dans le secteur agricole. L'introduction de technologies modernes pour optimiser la récolte, la transformation et le stockage des olives pourrait améliorer la compétitivité de l'industrie tunisienne… 

Dans l'état actuel des choses, cette crise de la récolte des olives est un signal d'alarme pour tout le secteur agricole. Si des efforts significatifs ont été déployés par le gouvernement et les acteurs du secteur, il reste crucial d'adopter une approche holistique pour résoudre les problèmes structurels et éviter de nouvelles perturbations, car à l'heure où la crise continue de peser sur la filière, les regards se tournent vers la mise en œuvre rapide et efficace des mesures annoncées. 

Et la Tunisie, en tant que l'un des plus grands producteurs d'huile d'olive au monde, ne peut se permettre de laisser cette crise perdurer, au risque de compromettre un secteur vital pour son économie et son image à l'international.

Omar El Oudi

 

Publié le 05/12/24 08:54

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