Le port de Radès, cœur du commerce maritime tunisien, se classe 251ᵉ sur 405 ports évalués dans le monde, avec un temps de séjour des navires 86 % au-dessus de la moyenne internationale.
La Banque mondiale vient de dévoiler la quatrième édition de son Indice de performance des ports à conteneurs (CPPI) pour l'année 2024, élaboré en partenariat avec S&P Global Market Intelligence.
L'indice évalue 405 ports à conteneurs dans le monde, en s'appuyant sur un critère central : le temps de passage des navires. Autrement dit, il mesure la durée écoulée entre l'arrivée d'un porte-conteneurs au mouillage et son départ du quai, indicateur clé de la performance opérationnelle d'une infrastructure portuaire.
La méthodologie du CPPI s'appuie sur un volume de données colossal avec 182 000 escales de navires recensées en 2023, représentant 238,2 millions de mouvements de conteneurs et près de 381 millions d'EVP (équivalent vingt pieds) traités.
L'indice exclut volontairement les terminaux spécialisés dans le vrac, les hydrocarbures ou le trafic passagers, dont les logiques d'exploitation diffèrent. Il se concentre exclusivement sur les ports à conteneurs, là où la rapidité et l'efficacité du transit pèsent directement sur la compétitivité des chaînes d'approvisionnement mondiales.
Radès, un port freiné par ses limites structurelles
Ainsi, sur les 405 ports évalués, le port de Radès est classé au 251ᵉ rang mondial, avec un temps de traitement estimé à 86 % au-dessus de la moyenne internationale. Il perd d'ailleurs cinq places par rapport à l'édition précédente. À l'échelle africaine, il se classe 13ᵉ, loin derrière les géants du continent comme Tanger Med au Maroc ou Port-Saïd en Égypte.
Radès concentre près de 86 % du trafic conteneurisé national. Autrement dit, la quasi-totalité des échanges maritimes de la Tunisie transite par ce port. Son classement illustre donc les fragilités d'une infrastructure sursollicitée, souvent critiquée pour ses lenteurs, ses congestions récurrentes et ses carences en modernisation.
Pour un pays dépendant de ses importations et qui cherche à renforcer ses exportations, la performance de Radès n'est pas un simple indicateur technique. Elle conditionne directement la compétitivité de l'économie, et chaque heure perdue à quai renchérit les coûts, freine la fluidité des échanges et creuse l'écart avec les ports régionaux plus performants.
Port-Saïd, le hub africain qui brille sur la scène mondiale
Sur le continent africain, certains ports se distinguent par leur efficacité et leur performance opérationnelle. Port-Saïd, en Égypte, le meilleur en Afrique, se hisse au 3ᵉ rang mondial avec un score de 137. Juste derrière, Tanger-Med, au Maroc, avec un score de 136, occupe la 5ᵉ place mondiale.
En 3ᵉ position africaine, Dakar, au Sénégal, se classe 23ᵉ au niveau mondial. Mogadiscio, en Somalie, et Toamasina, à Madagascar, complètent le top 5 africain avec des classements mondiaux respectifs de 28ᵉ et 6ᵉ.
La Chine domine le Top 5
De manière générale, la Banque mondiale souligne la suprématie des ports d'Asie de l'Est et du Sud-Est dans l'indice mondial de performance des ports à conteneurs 2023. Ces ports occupent 13 des 20 premières places du classement.
Le meilleur port au monde reste Yangshan, en Chine, avec un score de 146,3, suivi de près par Fuzhou, également en Chine, avec un score de 139,2. Après le Port-Saïd, on retrouve Dalian, en Chine, avec un score de 136,5, qui occupe la 4ᵉ place mondiale, avant Tanger-Med.
Une domination claire, qui traduit la performance exceptionnelle des infrastructures portuaires chinoises, soutenues par des technologies avancées et des processus logistiques optimisés, qui leur permettent de maintenir une longueur d'avance sur le reste du monde.
Jihen Mkehli
Publié le 23/09/25 10:03