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Pauvreté, inégalités, précarité et redistribution : Quelles politiques pour sortir de la crise sociale ?

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Chaotique sera l'adjectif idéal pour décrire la crise sociale en Tunisie. Et le temps est venu pour réaliser le contrat social – et il devrait être équilibré – afin de mettre fin à cette lourdeur qui pèse sur le citoyen. Et c'est dans le cadre du cycle de conférences mensuelles organisé par l'initiative Econ4Tunisia qu'un second rendez-vous a réuni, le 11 janvier, six pointures de l'économie dont des anciens ministres. Ce symposium portait sur la sortie de la détresse sociale : " pauvreté, inégalité, précarité, la redistribution : quelles politiques pour sortir de la crise sociale ? ". Détails.

L'essence même de cette conférence renvoie à la question de la mobilité sociale. Les intervenants se sont tous accordés sur l'obsolescence de l'ascenseur social en Tunisie, même si ce blocage s'inscrit dans une tendance globale. La réalité des faits sociaux tels que les Catégories Socio-Professionnelles (CSP) ou l'état de santé contribuent aux creusements des inégalités et explique la différence de niveau de vie de la jeunesse des Boomers (générations entre 1946 et 1964) et celle des Milléniaux (générations Y).

Une " maldistribution " des richesses

Elyes Jouini conçoit cette crise comme étant la conséquence des inégalités qui peuvent d'ailleurs être multiformes. Et d'ajouter que " l'allocation initiale, soit le bagage culturel et socio-économique. Ces différences pèseront sur l'individu pour le restant de son existence ". Il a dénoncé l'importance accordée aux Soft Skills et au réseautage qui pèsent plus que les diplômes. A cela s'additionne la dégradation de la qualité de l'enseignement supérieur qui renforce les inégalités et le rejet du système. Ainsi, les situations sociales initiales précaires sont le moteur du blocage de l'ascenseur social.

A titre d'exemple, l'ex-ministre a expliqué que le taux de chômage tournait aux alentours de 9% sans les zones côtières et de 30% dans les régions limitrophes à l'Algérie. Les inégalités territoriales contribuent également à la propagation des disparités. Ainsi, le taux de pauvreté dans les campagnes est sept fois plus élevé que dans les grandes villes. Ce taux est en perpétuelle hausse, puisqu'en 2000 ce taux était quatre fois plus élevé dans les campagnes. Cette tendance négative peut être expliquée par le nombre de régions enfermées dans des trappes de pauvreté dont les populations sont prises dans un cercle vicieux : le manque de moyens engendre un mauvais accès à l'éducation et donc la mobilité sociale se retrouve réduite.

Sur le volet des inégalités de richesses, il a précisé que 6.500 personnes ont un patrimoine supérieur à un 1 million de dollars. Ces patrimoines dont il est question peuvent croître jusqu'à 16% par an. A titre de comparaison, le dernier taux de croissance économique dépasse tout bonnement le 1%. " C'est un fossé qui continuera à se creuser dans le cas de la continuité de l'inaction ", a déclaré Elyes Jouini.

Inégalités dès le jeune âge

Enracinée au sein de la population, les inégalités sociales sont palpables même chez le premier âge. Et ce n'est pas Lila Peters, représentante résidente de l'UNICEF à Tunis, qui en dira le contraire. " On est dans une crise d'apprentissage dans cette région ", a-t-elle énoncé. Elle a ensuite dénoncé une politique délibérée menée dans ce pays qui a conduit à une dégradation de l'éducation.

Elle a souligné que 100.000 enfants par an sont déscolarisés en Tunisie. Plus d'une centaine de milliers qui ne seront pas productifs. Ce qui pourrait constituer une perte sèche pour l'Etat. Elle a aussi mis en exergue la sortie du pays du classement PISA suite à l'inexistence des investissements en matière d'éducation.

Plus encore, elle a indiqué que 17% seulement des enfants du milieu rural ont accès aux services, dont l'éducation préscolaire. Pour elle, la discrimination commence dès le jeune âge en Tunisie. Dans ce même sillage, elle a indiqué que d'ici 2025, l'Etat essayera de garantir l'accès aux maternelles à tous les enfants. Et d'enchaîner : " L'humain sociabilise dès le jeune âge et il faudrait que l'Etat donne la chance à tous ces enfants ".

Peters a aussi regretté une politique encourageant la discrimination en Tunisie. Notamment, l'instauration des collèges et lycées pilotes. De plus, 25% des parents ont moins de 3 dollars par jour et ne peuvent donner l'accès à l'éducation aux élèves en situation de précarité. Désolant… Mais exact.

Par Azyz Meddeb et Myriem Ben Yahi

Publié le 13/01/20 10:02

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