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Paiements numériques et fintech : la stratégie des gouvernements africains

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Ces dernières années, l'Afrique connaît un véritable boom fintech. En 2021, les investissements dans les startups africaines ont en effet bondi de 130 millions à 2,3 milliards de dollars. Face à ce développement extraordinaire, les gouvernements locaux se sont alors intéressés de plus près au paiement numérique. C'est ainsi que depuis 2018, huit pays africains ont lancé des initiatives visant à créer des Monnaies Numériques de Banques Centrales (CBDC) – des cryptomonnaies contrôlées par les gouvernements. 

L'attrait des populations africaines pour les monnaies virtuelles

Outre ce boom fintech qui découle en grande partie de l'essor des cryptomonnaies en Afrique, les populations locales montrent elles aussi un intérêt très prononcé pour ces monnaies. Elles leur permettent de financer des achats en ligne, notamment sur des sites qui n'acceptent pas forcément leur devise locale. Ainsi, un nouveau monde de biens et de services s'offre enfin à elles.

Ce moyen de paiement décentralisé est aussi une bonne façon d'accéder plus facilement à d'autres plateformes d'ordinaire peu accessibles depuis leur pays. Prenons le scénario d'un casino bitcoin. Grâce aux paiements en BTC (dépôts et retraits), les joueurs africains peuvent jouer à leurs jeux favoris en bénéficiant de meilleurs taux, de transactions plus sûres et d'un anonymat renforcé. Sans cette option de paiement, ils accèderaient bien plus difficilement à des machines à sous, à jeux de table (en direct ou non) et à d'autres jeux de hasard.

Les gouvernements africains et les paiements numériques

Face à cet engouement des populations et des investisseurs pour les cryptomonnaies, les gouvernements africains espèrent alors obtenir leur part du gâteau. Comment ? En proposant leurs propres services de paiement numérique. Cela sous plusieurs formats.

Le premier est de faire office de banquier numérique. Mais malheureusement, ce type d'incursions gouvernementales dans les paiements numériques ne rencontre pas toujours le succès espéré. Prenons l'exemple de l'eZwich du Ghana, la première " monnaie biométrique " créée par une banque centrale. Après une baisse annuelle record de 91 %, moins de 10 % des Ghanéens l'utilisent désormais pour leurs achats. La carte kenyane Huduma fait à peine mieux, avec une couverture de 12,5 % de la population. Echecs encore plus cuisants pour l'e-Dinar tunisien (malgré un lancement très prometteur en 2015) et le flop de l'eCFA du sénégalais…

 

Toutefois, les gouvernements africains ne sont pas en reste. Ils compensent leurs lacunes en matière d'applications grand public avec des plateformes corporate qui connectent les banques centrales, les banques commerciales et les grandes entreprises. Les résultats sont beaucoup plus satisfaisants à ce niveau, comme en témoigne le Nigerian Interbank Settlement System (NIBSS). La valeur de ses transactions par transfert électronique de fonds a augmenté de 50 % en 2020, tandis que le nombre de transactions a explosé de 77 %.

 

Ces expériences montrent donc que les gouvernements africains semblent plus performants pour connecter les acteurs des paiements numériques que pour fournir eux-mêmes un tel service.

 

La financiarisation numérique, une piste pour les économies africaines ?

 

La privatisation de l'argent présente en outre un angle intéressant : le lien entre la numérisation monétaire et la mondialisation financière. 

 

Les plateformes de connexion entre les banques et les systèmes de paiement corporate que les gouvernements africains gèrent avec succès traversent même les frontières. Cette internationalisation augmente ainsi la zone d'innovation des fintechs privées.

 

La start-up sénégalaise Wave Mobile Money en est une bonne illustration. Elle a vu sa base d'abonnés exploser à près de 5 millions, en partie parce que les banques centrales et commerciales de toute l'Afrique francophone ont mis en réseau leurs commutateurs de paiement nationaux.

 

Par ailleurs, l'Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) gère désormais des systèmes de paiement de gros montant, dits " règlements bruts en temps réel ", qui relient plusieurs pays et banques privées. 

 

Et si cette financiarisation numérique était la solution pour limiter la marginalisation des monnaies nationales africaines ?

Publié le 11/05/22 16:24

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