ilboursa arabic version ilboursa

Marouane El Abassi : « La BCT va injecter 10 milliards de dinars de liquidités dans le secteur bancaire »

ISIN : TN0009050014 - Ticker : PX1
La bourse de Tunis Ouvre dans 58h59min

Lors d'une intervention téléphonique sur les ondes d'Express FM, le gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie (BCT), Marouane El Abassi, est intervenu dans le cadre de l'émission Expresso afin d'apporter des éclaircissements au sujet des nombreuses mesures prises par l'institution d'émission des politiques monétaires durant la crise sanitaire actuelle.

Le gouverneur rassure quant à la continuité du dialogue entre son institution et le gouvernement puisque les deux parties maintiennent un dialogue quotidien et constant. En effet, il est nécessaire d'établir " des politiques économiques qui convergent, qu'elles soient monétaires, d'ordre fiscal, budgétaire et même de change ".

En cette période de confinement, la BCT doit " donner à la population les moyens de vivre normalement aussi bien aux particuliers qu'aux entreprises ". Marouane El Abassi a également appelé à faire preuve de pragmatisme dans le sens où le plus important reste la protection du salariat.

Quid des particuliers ?

Dans cette continuité, les mesures appliquées au profit des particuliers, concernant le report des échéances des crédits bancaires, a permis " un surplus de pouvoir d'achat de l'ordre de 40% ". En d'autres termes, les billets et monnaies en circulation (BMV) " ont augmenté de 750 millions de dinars durant cette période ". La BCT est consciente que les individus travaillant dans le secteur informel dépendent aujourd'hui des revenus des membres de leur famille qui disposent, eux, d'un salaire.

Le gouverneur de la BCT a également déclaré que " lors du retour à la normal, il n'y aura pas de coûts supplémentaires ", avant de souligner que " l'intégralité des banques se sont accordées sur ce point ". Marouane El Abassi a assuré que " le problème est résolu pour les particuliers pour cette période ".

Traitant de la consommation des ménages, le gouvernement est en train de travailler sur la stabilité des prix des biens de première nécessité qui constituent, aujourd'hui, une majeure partie de la demande.

Quelles mesures pour les entreprises ?

Pour les entreprises, le report des paiements des crédits concernent toutes les entreprises. En d'autres termes, même les entreprises appartenant aux classes 2, 3 et 4 bénéficieront du report des échéances bancaires au cas par cas. Les priorités fixées par la BCT consistent à éviter la suppression d'emplois et d'assurer la stabilisation des institutions. Marouane El Abassi souligne qu'il est " préférable de développer des politiques de restructuration afin de permettre aux entreprises une reprise continue pour l'après-corona".

A cet égard, le montant de refinancement que la BCT compte mettre à la disposition du secteur bancaire dans les prochains jours sera de 8 à 10 milliards de dinars, soit le double du montant du refinancement actuel. Il s'agit de liquidités qui se trouveront dans le secteur bancaire et par ricochet dans l'économie en général.

Une réelle coordination est appliquée étant donné que 25.000 employés du secteur bancaire, eux-mêmes confrontés à la pandémie du Coronavirus, œuvrent à la contraction de l'impact de la crise. " Concrètement, des réunions hebdomadaires avec les directeurs du secteur bancaire, dont une s'est tenue hier, ont lieu pour faire le suivi de l'application des mesures exceptionnelles en cours ", a indiqué le gouverneur de la BCT avant de rajouter que "  les dispositions annoncées doivent être implémentées de la manière la plus rapide possible ". Il a, entre autres, souligné que " toutes les banques sont conscientes de la nécessité de la protection des entreprises avec lesquelles elles travaillent ".

Le secteur bancaire est actuellement en train d'adapter ses moyens d'action puisque les banques travaillent avec 30% de l'effectif total en raison du confinement.

Quels mécanismes monétaires en vue ?

La BCT injectera les liquidités nécessaires aux institutions bancaires et indirectement pour le leasing, le factoring et le secteur du microcrédit. " Nous faisons en sorte que tous les acteurs bénéficient de ces liquidités ".

Quant à l'adoption de politiques monétaires non conventionnelles, à l'image du Quantitative Easing, Marouane El Abassi a tenu à éclaircir le fait que " notre monnaie n'est pas une devise ". " Nous ne disposons pas de fonds souverains comme appui pour pouvoir imprimer de l'argent ", a-t-il ajouté. Pour l'heure, " nous nous projetons dans l'année puisque personne ne sait quand cette crise prendra fin ", a déclaré Marouane El Abassi. " La première vague de mesures étant servie, nous travaillons conjointement avec le gouvernement à la préparation de la deuxième vague d'initiatives".

Selon les prévisions, les répercussions de cette crise inédite peuvent durer plusieurs mois étant donné qu'elle touche des secteurs pourvoyeurs de devises comme le tourisme. A cet effet, les aspects sociaux sont traités, en particulier la situation des individus travaillant dans le secteur informel.

Quels sont les objectifs du secteur bancaire ?

Concernant le secteur bancaire, le gouverneur de la BCT a également souligné que le " sursoit du paiement des dividendes assurera les ressources nécessaires aux institutions durant la crise à venir ". Marouene El Abassi s'est aussi exprimé sur le taux directeur de la BCT et a expliqué qu'aujourd'hui, " le taux appliqué se rapproche du taux d'inflation, ce qui permet d'avoir un taux d'intérêt réel positif ".

Il a rappelé qu'il nous a fallu près de trois ans pour que le taux d'intérêt réel devienne positif. " En 2017, l'inflation sous-jacente se dirigeait vers un taux à deux chiffres. Un grand effort a été fait pour que cette inflation puisse baisser. C'est vrai qu'aujourd'hui, il n'y a plus de pressions inflationnistes, mais nous devons être vigilants pour qu'elles ne surviennent pas à l'avenir ".    

M, El Abassi n'a pas manqué de rappeler que la Tunisie ne doit, en aucun cas de figure, être comparée à des pays où les taux sont proches de zéro, voire même négatifs, et l'inflation est quasi nulle. " Les pays comparables à la Tunisie sont l'Ukraine, l'Egypte, … ". Tant que les taux réels sont à des niveaux positifs, la BCT est ouverte à toute mesure jugée bénéfique pour l'économie tunisienne.  

Cette crise permettra-t-elle le renforcement de la digitalisation de l'économie ?

Marouane El Abassi voit en cette crise une opportunité de développer des outils de " Digital Payment ", moyen qui permet la gestion des paiements sociaux ainsi que l'accès à la base de données des personnes nécessiteuses. " C'est une opportunité de booster la digitalisation de l'économie de manière générale. Nous allons faire en sorte de développer le paiement digital durant les trois mois à venir. Les banques assurent la continuité de leur travail grâce à la digitalisation ".  Néanmoins, il a rappelé l'importance de prendre les précautions nécessaires en termes de cybersécurité.

Le gouverneur de la BCT a également mis en avant l'inexistence d'écosystème disposant d'une réelle économie du savoir et de l'intelligence en Tunisie. Il a, par ailleurs,  rappelé que de vraies politiques doivent être engagées pour l'agriculture, l'industrie, les services et la santé, toujours est-il la problématique réside en le déploiement des ressources nécessaires.

Myriam Ben Yahia

Publié le 15/04/20 15:27

SOYEZ LE PREMIER A REAGIR A CET ARTICLE

Pour poster un commentaire, merci de vous identifier.

_UQgvKsVpHr-ny-aAZ1bHl_LeLmg2Yr4BPy9jRQ1P74 False