Marouane El Abassi : « Avec à un Policy mix efficace nous avons obtenu des résultats satisfaisants »

Force est d'apprécier les moyens à bon escient utilisés par les autorités monétaires à temps de crise. Une conférence a été organisée en ligne par l'université privé IHET (Institut des Hautes Etudes), sous le thème " la tempête pandémique au sauvetage de l'entreprise : la bouée de sauvegarde monétaire ". Rehaussée par la présence du gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie, Marouane El Abassi, la conférence a présenté et analysé les réalisations de l'institution d'émission en temps de crise. 

Il est certain que la situation économique de 2018 est bien derrière nous. Entre taux d'inflation élevé, des déficits à tour de bras et un taux d‘intérêt relevé à plusieurs reprises, le bilan 2018 était pour le moins boueux. " Ce qu'on a vu en 2018, on ne l'a plus revu en 2019. Et c'est bien parce qu'il y a eu une instauration de la confiance ", a lancé Marouane El Abassi.

Il a énuméré les mesures prises par la BCT, soit le relèvement du taux d'intérêt directeur et les efforts conjugués de la BCT et du gouvernement, notamment le contrôle des circuits de distribution, visant à stabiliser l'inflation. Dans cette même veine, le dinar a pu s'apprécier tant bien que mal. De même que le déficit courant a pu se résorber durant la période 2018-2019.

Quant au refinancement, qui était à son comble, le gouverneur de la BCT a mis en exergue son fléchissement. " On est passé de 16,3 milliards de dinars en 2018 à 10 milliards aujourd'hui. Grâce à un Policy mix, nous avons obtenu des résultats satisfaisants ".

L'économie et le covid-19, là où le bât blesse

Avec la propagation du coronavirus, la priorité du gouvernement était axée sur le volet sanitaire. " Pour la gestion de l'aspect sanitaire, on a eu la meilleure des hypothèses et le meilleur des scénarios ", estime le gouverneur de la Banque centrale.

Il est à noter que 7 semaines de confinement ont empêché la population de travailler. " On avait la possibilité de baisser les taux grâce aux relèvements précédents et on a pu mettre en place plusieurs mesures d'urgences, notamment la possibilité d'accorder 6 mois de report aux entreprises ", assène M. El Abassi. Tout en ajoutant que la proximité avec les opérateurs économiques pour réagir au plus vite est de mise.

Quid du tourisme et du BTP ?

Tous les secteurs ont été sinistrés. Le Tourisme et le Bâtiment et travaux publics sont ceux qui ont connu des chutes phénoménales. Pour le tourisme, deux chocs importants en 2011 et en 2015 l'on déjà bien affaibli. " On leur a permis l'accès à des crédits leur permettant de préserver leurs activités minimales ", a martelé Marouane El Abassi.

Néanmoins, il y a beaucoup de Tours Opérateurs internationaux qui ont déjà exprimé leur intérêt pour la Tunisie qui, elle, fait partie des 7 potentielles destinations majeures dans le monde post-covid désignées par FORBES ces derniers jours, ce qui laisse le tourisme tunisien sur une note optimiste. Et de saluer l'armée blanche tunisienne qui a su repousser la pandémie avec des moyens à bord minimalistes. " Grâce à ces résultats, nous arriverons surement à relancer le tourisme et il faut utiliser tous les moyens dont on dispose pour promouvoir la destination ", a-t-il soutenu.

Quant au BTP, il bénéficie d'un coefficient multiplicateur élevé, selon M. El Abassi. Il va sans dire que les investissements qui ont convergé vers cette activité auront pour résultat des vagues de retombées économiques. " C'est un secteur bien structuré et son financement aura certainement un impact positif. Mais si on veut aider ce secteur, il faut aussi penser à des solutions au niveau budgétaire " a-t-il conclu.

Azyz MEDDEB

Publié le 04/06/20 09:12