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L'indice des ressources humaines en Tunisie a chuté en 2022 à son niveau le plus bas, en raison d'un déséquilibre clair entre la formation offerte et les besoins du secteur privé.
En Tunisie, pour la première fois depuis le début de l'évaluation, l'indice des ressources humaines est tombé sous 74, atteignant 68,7/100 en 2022.
Selon une tribune publiée par l'Institut Tunisien de la Compétitivité et des Études Quantitatives (ITCEQ), l'indice du capital humain (HCI), qui est l'un des trois piliers de l'" E-Government Development Index ", place la Tunisie dans la catégorie des pays avec un HCI élevé, avec un score de 0,69.
Ce score est supérieur à la moyenne de l'Afrique (0,49), de la région MENA (0,66) et est presque égal à la moyenne mondiale (0,7). Cependant, l'examen de son évolution depuis 2010 montre une baisse, le HCI étant alors de 0,77.
La tribune intitulée " Les ressources humaines en Tunisie : un atout en perte de vitesse " souligne que les enquêtes de l'ITCEQ identifient les ressources humaines comme un atout majeur pour le climat des affaires, malgré certaines insuffisances mises en évidence.
Un déséquilibre entre formation et besoins du secteur privé
Le rapport souligne que plusieurs facteurs expliquent cette perception négative, notamment des aspects réglementaires et la qualité de la formation fournie par le système éducatif.
Selon l'Institut, le problème réside principalement dans " la faible qualité des systèmes d'enseignement et de formation, ainsi que leur manque d'adaptabilité aux besoins du secteur privé ".
En effet, de nombreuses entreprises souhaitent recruter, mais peinent à trouver des ouvriers qualifiés en raison de la " formation inadaptée " et des " profils non disponibles ". Ce qui confirme un déséquilibre entre les besoins des entreprises et la formation professionnelle offerte.
L'impact de la fuite des talents sur le déficit de compétences
Par ailleurs, L'ITCEQ a, en fait, abordé la question de la fuite des talents en Tunisie dans son enquête de 2019. Cette enquête a recueilli les perceptions des chefs d'entreprise, qu'ils soient confrontés à un déficit d'employés ou non.
Selon les résultats, 93 % des chefs d'entreprise considèrent cette migration comme une menace majeure, soulignant qu'elle entraîne une perte de compétences et, par conséquent, une diminution de la compétitivité.
Une grande partie des chefs d'entreprise attribue le manque d'ouvriers qualifiés à l'abandon de postes dû à la fuite des talents. Cette fuite est motivée à la fois par des facteurs matériels, tels que la recherche de " meilleurs salaires ", " meilleures conditions de vie " et " meilleures perspectives d'avenir ", ainsi que par des facteurs immatériels, comme un " environnement politique, social et économique " insatisfaisant, qui pousse les individus à s'expatrier.
Les recommandations de l'ITCEQ
L'ITCEQ recommande de réévaluer la stratégie de développement de la Tunisie, qui a longtemps misé sur des ressources humaines bon marché, pour réussir la transition vers une économie plus compétitive.
Pour ce faire, l'Institut propose plusieurs mesures : réformer les politiques d'enseignement et de formation, renforcer les politiques d'innovation, de recherche et développement, moderniser le cadre réglementaire du travail, et adopter un plan d'action pour retenir les talents.
De plus, il est suggéré d'orienter le développement de l'intelligence artificielle (IA) vers la complémentarité avec le capital humain plutôt que vers la substitution.
L'ITCEQ a souligné également l'importance de qualifier la main-d'œuvre pour intégrer efficacement l'IA dans les processus productifs, afin de maximiser les avantages de cette technologie pour l'économie tunisienne.
Jihen Mkehli
Publié le 10/09/24 10:09
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