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La productivité est un élément essentiel pour stimuler la compétitivité, favoriser la croissance économique, soutenir l'emploi et promouvoir la prospérité. Cependant, malgré les tentatives de réforme visant à stabiliser le climat social, la Tunisie a connu une baisse des gains de productivité au cours de la dernière décennie. Cette situation suscite des interrogations quant à la possibilité de retrouver une trajectoire positive et d'atteindre un nouveau seuil d'activité économique et de niveau de vie.
Conscient que le ralentissement structurel de la productivité nécessite une analyse approfondie impliquant plusieurs acteurs afin de comprendre ses causes et de proposer des solutions, l'Institut Tunisien de la Compétitivité et des Études Quantitatives (ITCEQ) a organisé hier un débat sur la dynamique de la productivité et ses leviers de croissance.
Dans son discours d'ouverture, Alaya Bechikh, Directeur Général de l'ITCEQ, a souligné l'importance de ces débats qu'ils organisent, offrant ainsi un cadre de dialogue, d'échange et de concertation autour des défis de développement prioritaires pour le pays et des intérêts communs à tous.
“Nous en sommes aujourd'hui à la sixième édition de ces débats, soutenus logistiquement et organisationnellement par Expertise France dans le cadre du programme Savoirs Éco, que nous remercions chaleureusement pour leur soutien. Le thème de notre rencontre aujourd'hui est la productivité, une question économique importante depuis de nombreuses années pour l'économie tunisienne. Cette question est essentielle car elle influe directement sur la compétitivité, la croissance, l'emploi et le niveau de vie des Tunisiens. Malheureusement, la productivité est en déclin depuis un certain temps, en partie à cause des changements structurels observés dans notre économie. Ces changements mettent en lumière la nécessité de repenser la transformation structurelle de notre économie”, a-t-il précisé.
Et de poursuivre : “Les objectifs visés à travers cette table ronde sont au nombre de trois. Tout d'abord, il s'agit d'établir un lieu de débat régulier et permanent autour de la question centrale de la productivité, un domaine qui a été largement négligé dans le contexte tunisien malgré son importance structurelle et même conjoncturelle pour l'économie nationale. L'objectif est donc de mobiliser toutes les parties prenantes autour de cette problématique essentielle.
Le deuxième objectif de ce débat est d'exploiter de manière transparente les données statistiques sur la productivité, données exclusivement construites par l'ITCEQ.”
Bientôt un rapport annuel sur la productivité
Par la même occasion, le directeur de l'ITCEQ a fait savoir que l'institut se prépare activement à publier son tout premier rapport annuel dédié à la productivité, visant à approfondir l'analyse des tendances et des défis liés à ce sujet.
A cet effet il a souligné : “Notre troisième objectif est de solliciter d'autres avis et perspectives, notamment ceux des experts comme vous, issus du secteur privé et public, sur les méthodologies et approches d'analyse de la productivité. Dans cette optique, nous envisageons pour la première fois d'élaborer un rapport annuel sur la productivité, sujet de discussions actives à l'ITCEQ. L'élaboration de ce rapport suivra des méthodologies et des approches scientifiques, nécessitant donc des échanges sur les meilleures pratiques d'analyse.
Nous espérons que lors de notre prochaine réunion, nous pourrons vous présenter officiellement les résultats d'une étude réfléchie et approfondie sur la productivité et la compétitivité de l'économie tunisienne”.
Évolution de la productivité depuis les années 2000
Dans le même cadre, une présentation intitulée "Productivité : dynamique et leviers de croissance" a été animée par Monji Ben Chaaben, économiste principal à l'ITCEQ. Cette présentation s'est articulée autour de trois axes : la structure de l'économie tunisienne, la dynamique de la productivité, et les leviers de croissance de celle-ci.
Il a ainsi expliqué : “Depuis les années 2000, il y a eu un changement significatif dans la dynamique de la productivité locale. Ce changement est largement influencé par une série d'événements, notamment les émeutes. Pour mieux comprendre cette évolution, examinons comment la croissance se répartit entre la contribution de l'emploi, l'accumulation de capital et la productivité totale des facteurs. En analysant ces tendances sur plusieurs années, nous observons des périodes où la croissance était négative, notamment en 2020 pendant la pandémie, et en 2011 lors de la révolution”.
“Pour approfondir cette analyse, il est essentiel de se concentrer sur les tendances chiffrées. Par exemple, en 2010, la productivité représentait 46% de la croissance totale, mais ce chiffre est tombé à 36% en 2010, puis à 16% en 2020. Cela montre une diminution marquée de l'impact de la productivité sur la croissance globale. En outre, la croissance tendancielle, qui était de 5% en 2000, est désormais de 0,5%, soulignant une baisse significative de l'expansion économique à long terme”, a-t-il ajouté.
Par ailleurs, il a également souligné que la croissance économique observée doit être mise en perspective par rapport à la population pour une évaluation juste. “En termes de ressources de productivité, l'analyse tendancielle depuis 1960 révèle un graphique dense en informations.
La période post-1987, notamment après le boom des investissements des banques multilatérales et des pays du Golfe dans les années 80, a marqué une augmentation significative de la productivité du capital, stimulée par une meilleure utilisation des capacités de production.
Cependant, depuis les années 2000, le PIB réel par habitant a montré un net ralentissement, reflétant une stagnation du niveau de vie lorsque rapporté à la population. Ce déclin est en grande partie attribuable à une diminution des gains de productivité du travail, malgré une intensification de l'emploi et des investissements.”
Notons que les participants à la table ronde étaient nombreux et provenaient à la fois du secteur public et privé, notamment des universitaires, des représentants de l'IACE, de la CONECT, de l'UTICA, ainsi que d'Expertise France.
Jihen Mkehli
Publié le 21/06/24 14:28
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