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La marque de cosmétiques tunisienne, Aseptika, lève 1 million de dinars et voit plus gros

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Le royaume de la testostérone commence à s'effondrer. Visiblement, les femmes commencent à passer à l'action et gagnent en conséquence de leur pugnacité. Et c'est dans la sphère entrepreneuriale que la gente féminine a le plus brisé la glace. Les femmes entrepreneures ont désormais plus de visibilité et de reconnaissance. L'on peut dire de même pour Selima Zaouali, qui a choisi la voie de l'entrepreneuriat dans la cosmétique et fondé la marque tunisienne Aseptika. Dans cette interview accordée à IlBoursa.com, elle revient sur ses débuts, l'expansion de son entreprise et l'état de ce secteur en Tunisie. Paroles d'une entrepreneure.

Voulant faire médecine, mais pour des raisons de score, elle s'était tournée vers la pharmacie, d'où son appétence pour le domaine médical. " J'ai étudié pendant 6 ans à Monastir ensuite j'ai décroché un travail de délégué. Au bout de quelques temps j'ai réalisé que j'avais la fibre entrepreneuriale et que je ne pouvais pas continuer de travailler avec des horaires fixes comme tout le monde ", a souligné la propriétaire d'Aseptika. Elle a commencé à vendre aux hôpitaux des produits antibactériens avant de démissionner pour se lancer dans l'aventure entrepreneuriale.

" La première phase, celle de la recherche, a duré plus de 6 mois. C'est là qu'on a commencé à penser au business plan, l'élaboration des laboratoires... Par la suite, on a commandé les machines et commencé à mettre en place la structure. Une fois que j'ai eu la bonne formule, on a lancé la production ", a expliqué Selima Zaouali. Après homologation et formalités administratives, elle a commencé à vendre ses produits.

" Je me suis rendu compte que la plupart de ces produits étaient importés. Je me suis demandé quelle était la raison, car ces industriels fabriquent des produits avec nos richesses naturelles puis nous les revendent à des prix exorbitants ", assène la responsable de l'entreprise. Et ce n'est point la créativité qui lui a fait défaut. " J'ai commencé avec l'eau micellaire, puis le gel d'aloès Vera, ensuite le nettoyant au miel " a-t-elle martelé.

Et d'enchainer : " je ressens de plus en plus le besoin de créer de nouveaux produits, et à chaque fois, je recevais un accueil plus que chaleureux de la part des parapharmacies, pharmacies et des grandes surfaces car il y avait un manque de produits tunisiens. La naissance d'Aseptika a émané d'un besoin de créer et d'un manque sur le marché tunisien. Et nous sommes également certifiés naturels par les laboratoires Veritas ".

Des produits à la hauteur

Des bienfaits du miel aux principes actifs des richesses naturelles du pays, Selima Zaouali ne laisse rien lui échapper. " Le produit émane généralement, soit d'une idée de l'équipe de production, soit d'un ingrédient. Maintenant par exemple on est en train de travailler sur l'extrait de grenade ". Et de préciser : " La matière première est abondante en Tunisie. On fait donc des recherches sur les ingrédients, leurs bienfaits mais aussi leurs défauts ", mentionne la CEO d'Aseptika.

Vient par la suite, la phase de développement, qui est la phase la plus longue, notamment pour les essais, les tests, la conservation... Plus encore, le patriotisme est une variable importante dans son entreprise. En effet, elle se fournit exclusivement auprès des agriculteurs tunisiens, pour les extraits de fruits, l'huile d'olive et d'autres composantes.

Côté marketing et écoute du client, Selima en donne l'importance. " On attend toujours le retour du client et on est porté sur les avis de nos consommateurs, et c'est là que le produit, même s'il est toujours en vente, retourne en phase de test et on améliore soit la formule, soit le packaging ", a-t-elle ajouté. Son entreprise est en constante veille. " On est en perpétuelle phase d'essai et on essaye toujours de s'améliorer. Et c'est ça l'avantage d'être un producteur tunisien ".

Elle a précisé qu'Aseptika est le laboratoire mère qui englobe les gels antibactériens, les savons, les bains de bouches aux huiles essentielles. " Nous avons aussi une gamme pour hommes qui est très prometteuse : huiles à barbes, cires pour cheveux et shampoings. On a aussi Apotika, une gamme anti-âge ", a-t-elle indiqué.

Il est temps de croitre

Il s'agit d'une entreprise de cosmétiques bien établie à présent. Que ce soit en termes de notoriété ou de nombre croissant des clients. Le chiffre d'affaire pour 2019 s'établit à 700 mille dinars. " Nos ambitions pour 2020 sont de 2 millions de dinars et nous visons la barre des 10 millions à moyen terme grâce à nos nouveaux équipements et à la nouvelle unité de production ", estime Selima Zaouali.

" Les laboratoires sont situés à Chotrana. On a commencé avec un tout petit laboratoire, nous permettant de produire en petite quantité. Sauf que le marché est tellement demandeur qu'on arrivait plus à satisfaire la demande ", a indiqué Mme Zaouali. D'où sa recherche d'investisseurs. Et c'est auprès de l'Internationale Sicar, filiale de l'UIB, que la société a levé 1 million de dinars, de quoi investir en capacité et en équipements sophistiqués.

" On va passer d'un petit laboratoire, à une grande chaine de 9 mètres totalement automatisée avec des grands mélangeurs, une remplisseuse, une scelleuse … avec également la mise en place d'un bon système de contrôle qualité ", a expliqué l'entrepreneure. Avec ces machines qui devraient arriver en mars, la société pourra désormais répondre aux normes ISO 22716.

Selima Zaouali a aussi indiqué qu'il y a lieu de sous-traiter quelques parties de la production auprès des tiers. " On vend pour des marques françaises et on exporte vers la France et l'Ile de la Réunion. Et c'est marqué sur ces produits que nous sommes les fabricateurs. On vise plusieurs pays comme l'Algérie, l'Arabie Saoudite et l'Inde. Dès que nos machines seront là, notre capacité va se multiplier par 20 pour passer à 2.000 bouteilles par heure ", précise la CEO.

Et cette expansion sera aussi l'occasion pour concentrer les efforts d'Aseptika sur le développement de la marque et la recherche et moins sur la production. Et de signer : " Je vais donc pouvoir me faire un stock et me tourner vers la prospection des marchés, l'exportation pour le compte de nouvelles marques. On est également en train de préparer une unité à Utique, une zone de développement régional ".

" Notre levée de fonds va servir à la construction de notre usine à Utique qui sera un vrai bijou. Nous avons commencé le travail avec une boite de communication depuis septembre, mais notre succès sur le marché repose essentiellement sur la bouche à oreille car la qualité du produit est là. Néanmoins, nous avons prévu une grosse campagne publicitaire pour le lancement de notre nouvelle gamme de soins ", a-t-elle souligné.

Côté écologie – la mode du millénaire – Aseptika n'en est pas indifférente. " Nous sommes portés sur le recyclage. On a des boxes de recyclage chez nos partenaires. Et tout cela colle bien à notre image de marque ".

Côté distribution, son circuit est étudié. " Au niveau des enseignes de la grande distribution, nous sommes présents à Carrefour, Magasin Général, Géant et Monoprix. Ces grandes surfaces prennent de grosses marges, pour des fins de marketing. Et pour les pharmacies et les parapharmacies, elles sont souveraines et décident de leurs marges. " On travaille avec des dépôts qui s'occupent de la distribution. On a aussi des partenaires qui m'envoient leurs grossistes pour acheter nos produits puis les revendre. J'ai un penchant pour les grandes surfaces au niveau quantité et visibilité. Si nos produits n'ont pas été vendus chez Carrefour, on n'en serait pas là aujourd'hui ", indique Selima Zaouali. Et de préciser qu'une nouvelle gamme destinée aux grandes surfaces verra le jour prochainement.

Règlementer est une priorité

Les produits naturels sont décidément en vogue. Et Selima Zaouali capitalise sur cet atout. " On veut démocratiser l'utilisation des produits naturels. Dès que j'aurai entamé le développement d'Aseptika, je vais essayer de convaincre les autorités à mettre en place un cadre règlementaire ", ajoute l'entrepreneure.

Volet légal, la stagnation est palpable, et la fondatrice est à cheval sur la réglementation du secteur. " Les produits tunisiens ne sont pas contrôlés ni réglementés et n'ont même pas besoin d'un cahier de charge pour être produit ou commercialisé ", regrette Selima Zaouali. Et d'ajouter : " De notre côté, on travaille avec Veritas, Laboratoire français basé en Tunisie, et c'est eux qui analysent nos produits et font les tests de stabilité ".

Et de s'indigner : " Aujourd'hui, les personnes qui produisent des produits "naturels" n'ont aucune formation en ce domaine alors que cela peut s'avérer très dangereux. Et comme ils achètent les matières premières à petites quantités, ils ne bénéficient d'aucun contrôle même lors d'achat de matières dangereuses comme l'alcool ou la glycérine. Nous sommes conscients et responsables de ce qu'on vend et de l'enjeu que ça représente pour le pays et la population " a-t-elle marteléEt de conclure : " Ayez confiance en nous et en nos produits ". Honneur aux femmes entrepreneures qui agissent en tant qu'acteurs de changement.

Propos recueillis par Azyz MEDDEB

Publié le 26/02/20 16:28

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