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Enquête - Migration régulière : Ces Tunisiens qui ont tout sacrifié pour le ''rêve'' canadien

ISIN : TN0009050014 - Ticker : PX1
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Tout laisser, tout abandonner même une situation le moins qu'on puisse dire confortable pour trouver le "rêve" canadien. Sacrifier une stabilité financière et professionnelle pour s'installer au Canada est le défi relevé par des Tunisiens qui ont, du jour au lendemain, décidé de tout plaquer pour s'intégrer dans la société canadienne. Si les raisons de la migration professionnelle sont souvent connues : fuir un contexte socio-économique assez difficile, s'ouvrir sur de nouvelles opportunités professionnelles et de nouvelles perspectives économiques ou tout simplement trouver ailleurs de meilleures conditions de vie. Pour ces Tunisiens qui, pourtant, jouissent dans leur pays d'origine de bonnes conditions et de situations professionnelles confortables, la question n'est pas simplement économique.

Décryptage d'un phénomène intriguant et immersion au cœur d'un mouvement migratoire de plus en plus grandissant : ces Tunisiens qui sacrifient tout pour vivre ce qu'ils appellent le "rêve" canadien. Déterminés et ambitieux, ils ont quitté leur pays en quête de meilleurs horizons financiers, mais pas que, ils sont à la recherche d'une meilleure qualité de vie et de nouvelles formes de sociabilité.

Par Khalil JELASSI

Une source relevant du service de la délivrance de visas à l'ambassade du Canada à Tunis nous a fait état d'une augmentation perpétuelle du nombre de demandes de visas pour le Canada. Les demandeurs de visas de résidence permanente sont en majorité motivés par l'idée d'une migration à titre professionnelle en dépit de leur situation remarquablement stable en Tunisie, du moins, d'un point de vue financier. Les données obtenues auprès des services d'immigration au gouvernement canadien confirment également cette tendance haussière.

En 2016, ils étaient exactement 1.984 Tunisiens à déposer leurs dossiers pour la résidence permanente au Canada, en majorité dans le cadre d'un programme économique. En 2017, ce chiffre a atteint les 2.441 dossiers déposés, alors qu'en 2018, on pouvait recenser plus de 3.000 demandes. Les cinq premiers mois de l'année 2019 ont enregistré près de 1.500 demandes. Ces chiffres concernent seulement les dossiers relatifs aux demandes de résidence permanente qui n'incluent ni touristes, ni travailleurs temporaires, ni étudiants tunisiens. Pour cette catégorie, les demandes sont beaucoup plus importantes dans la mesure où en 2016, 10.051 dossiers ont été déposés auprès de l'ambassade du Canada en Tunisie. Ce chiffre a atteint presque les 11 mille en 2017 et plus de 12 mille en 2018.

Une forte demande de la part des citoyens Tunisiens qui veulent à tout prix découvrir ce pays connu notamment pour sa puissance économique et pour la qualité de vie qu'il offre à ses citoyens, mais aussi aux ressortissants des autres pays. Ainsi, chaque année, plus de 15 mille Tunisiens déposent leurs dossiers pour obtenir le visa afin de découvrir ce pays et interroger les perspectives d'intégration et les opportunités professionnelles et d'éducation qu'il offre. 

Bien qu'il s'agit d'un territoire lointain, une communauté tunisienne considérable est basée au Canada, pays réputé également pour son système de société civile irréprochable, mais aussi sa forte amplitude thermique et ses conditions climatiques parfois extrêmes. Mais rien ne semble empêcher ces Tunisiens, et même des familles tunisiennes toutes entières, d'essayer à tout prix de s'y installer.

Le Canada et la Tunisie ont établi des relations diplomatiques depuis 1957, le Canada ayant ouvert son ambassade, en premier, à Tunis en mai 1966, alors que la Tunisie a inauguré son ambassade à Ottawa trois ans après. Plusieurs conventions de coopération technique, technologique, éducative et culturelle ont été signées entre les deux pays. Cette entente diplomatique entre les deux pays très lointains s'est traduite par l'émergence de flux migratoires de Tunisiens qui atteignaient progressivement ce pays. Ces flux se sont considérablement intensifiés ces dernières années et notamment à l'aube du troisième millénaire, pour des raisons principalement économiques.

Selon l'ambassade du Canada, en 2016, la diaspora tunisienne au Canada dénombrait près de 20.000 personnes qui résident principalement dans la province de Québec. Mais aujourd'hui, la communauté tunisienne basée au Canada avoisine les 35 mille personnes inscrites auprès des différents services des représentations diplomatiques tunisiennes au Canada, selon le croisement d'informations et de données issues de plusieurs sources, dont notamment des sources consulaires. A ceci s'ajoutent les quelques 5.000 étudiants tunisiens qui poursuivent leurs études dans les universités, instituts et écoles canadiens. La grande concentration de la communauté tunisienne vivant au Canada se trouve dans le Grand Montréal, une métropole d'environ quatre millions d'habitants située au Québec, la plus vaste province canadienne, notamment pour des raisons linguistiques.

Il n'y a pas que l'argent qui compte

Chaque année, plusieurs centaines de Tunisiens s'installent au Canada, en majorité, des étudiants et des migrants réguliers, à titre professionnel. En effet, conscients que le Canada présente plusieurs types de visas et notamment des programmes de migration régulière pour accéder à son territoire, les Tunisiens sont de plus en plus nombreux à déposer leurs dossiers de migration à titre professionnel en direction de ce pays, qui a déjà engagé une politique migratoire favorisant une optique de croissance de la population, de peuplement des terres et de mise à disposition de capital financier et de main-d'œuvre pour son économie.

La politique d'immigration canadienne encourage, dans ce sens, le dispersement des immigrants dans l'ensemble du pays, qui couvre un territoire de 9,985 millions km², occupant le deuxième rang mondial pour la superficie totale, après la Russie. Pour y étudier, travailler ou monter leur entreprise, la tendance de la migration des Tunisiens vers le Canada s'accélère ces dernières années, faisant de cet immense pays, destination la plus prisée de nos compatriotes, après les pays européens comme notamment la France ou l'Allemagne. Terre d'opportunités, de travail mais aussi d'efforts et de détermination, le Canada offre aujourd'hui aux Tunisiens ce que leur pays n'a pas pu offrir : emplois opportuns, écosystème économique favorable et notamment de meilleures conditions sociales, mais aussi sécuritaires. Qui sont-ils ? Comment se sont-ils décidés à partir pour ce pays froid et lointain ? Pourquoi ont-ils tout sacrifié dans leur pays d'origine pour se jeter dans une aventure sans filet ?

Ce ne sont pas que les raisons financières et économiques qui séduisent ces Tunisiens ayant décidé de s'installer dans ce pays promettant stabilité professionnelle et notamment qualité de vie irréprochable, car selon leurs affirmations, c'est toute une nouvelle vie, que leur a offerte le Canada. Il est question également de fuir le contexte sociopolitique en Tunisie qui parfois contribue à la dégradation de la qualité de vie. C'est notamment sur ce fait qu'insiste, Imed Bahrouni, un cadre banquier de 40 ans. Pour lui, délaisser un bon poste dans une banque tunisienne prestigieuse, un salaire de plus de 3.000 dinars par mois, et sa propre vie en Tunisie est chose difficile, certes, mais se jeter dans une aventure dont la fin n'est pas sûre s'avère être une décision encore plus difficile. "Je me souviens du jour où j'ai décidé de claquer la porte et essayer à tout prix de se lancer dans l'aventure de me construire une nouvelle vie dans ce pays. Certes il ne s'agit pas d'une décision facile à prendre, car j'ai dû démissionner de mon poste d'emploi, mais encore faut-il admettre que ce ne sont pas que les motivations financières et économiques qui poussent les Tunisiens à réfléchir à quitter leur pays et s'installer au Canada, car ce pays offre plus qu'une stabilité financière, il offre une nouvelle vie et de nouvelles ambitions. Il devance de loin les pays européens, même l'Allemagne sur ce plan. Il faut reconnaitre également que la qualité de vie en Tunisie s'est considérablement dégradée depuis la révolution, ce sont des choses qu'on ne peut pas expliquer, mais qu'on peut vivre. A un certain moment, j'ai dit basta ! ", explique Imed qui mène aujourd'hui une vie de cinq ans au Québec, après avoir décroché un poste dans une banque canadienne.

Libertés individuelles et intégration sociale

Si pour certains, délaisser un poste d'enseignant chercheur dans une université tunisienne et une situation professionnelle, financière et sociale enviable, est une décision irrationnelle, pour lui, le Canada c'est un rêve pour lequel il faut faire des sacrifices ou même se battre, s'il le faut. C'est l'histoire de Houssem Jelassi, enseignant chercheur en finances âgé seulement de 32 ans. Partir au Canada s'est présenté, pour lui, comme un choix plutôt qu'une obligation ou une contrainte, car en effet, rien ne l'obligeait à quitter sa situation stable et sereine dans son pays, d'autant plus qu'il était un jeune profil prometteur d'enseignant chercheur dans l'une des universités de Tunis et qu'il menait déjà ses propres recherches sur l'écosystème financier en Tunisie. " On vous ment si on vous dit que quitter la Tunisie est chose facile. Ce n'est pas une question purement économique ou financière, la migration des Tunisiens, notamment les cadres et les compétences, vers ce pays est un phénomène encore plus profond qui exige plusieurs études. Il est vrai que les jeunes Tunisiens souffrent souvent d'instabilité professionnelle, de taux de chômage élevé et de conditions de vivre souvent difficiles surtout pour ceux qui sont issus des régions intérieures du pays, mais je pense que le choix du Canada va au-delà de ces questions purement financières. Ici c'est une autre vie, c'est une nouvelle existence, ce sont de nouvelles ambitions et perspectives ".

Un autre témoignage nous parvient de cette terre lointaine, qui, outre ses capacités à séduire d'innombrables ressortissants de différents pays par le biais de son écosystème économique et les bonnes conditions de vie qu'il offre, parvient aussi à leur garantir les libertés individuelles. Mahmoud, comme nous avons choisi de l'appeler, est un étudiant en génie mécanique de 23 ans, qui a décidé de s'installer dans ce pays et même d'y demander le statut de réfugié pour des raisons personnelles. Ces raisons ne sont autres que ses orientations sexuelles, car comme il l'explique, en Tunisie il était tant refoulé par son milieu familial, mais aussi par toute la société car il est homosexuel. Vivre en Tunisie était pour lui un calvaire quotidien, où il faisait face à de multiples pratiques de ségrégation mettant même sa sécurité physique en péril. " Ici au Canada, de nombreux organismes issus notamment de la société civile et de la vie associative existent afin d'aider les personnes LGBT qui souhaitent immigrer ou faire une demande d'asile dans ce pays. Des organisations gouvernementales peuvent vous aider et vous renseigner sur les démarches et le processus d'immigration. Pour mon cas, j'ai tout fait seul en Tunisie avant d'entrer en contact avec les services d'immigration du gouvernement canadien, et je peux dire qu'ils m'ont offert en quelques mois, ce que la Tunisie ne m'a pas offert pendant plusieurs années. Sécurité, vie normale et intégration sociale, c'est tout ce que je cherchais, et c'est ce que j'ai trouvé dans ce pays. Maintenant, je vis au Québec depuis deux ans et j'ai ma propre vie, j'attends toujours qu'on me valide ma demande de statut de réfugié. Je n'ai plus l'intention de revenir en Tunisie, car ça représente un véritable cauchemar pour moi, une séquence de ma vie à oublier et à effacer. On m'a même assisté à trouver des financements pour poursuivre mes études d'ingénierie dans l'une des universités de cette province", témoigne-t-il.

Le cas de Mahmoud n'est pas isolé, car en effet, plusieurs jeunes Tunisiens ont déposé, durant les dernières années, des demandes de migration et ont même réclamé le statut de réfugié auprès des services de migration à l'ambassade du Canada, mais aussi dans des bureaux de sous-traitance des dossiers de migration installés à Tunis et dans ses banlieues. C'est en tout cas ce que nous confirme le directeur de l'un de ces bureaux qui, voulant garder son anonymat, assure que ces demandes de migration pour motif d'orientations sexuelles ont enregistré une considérable hausse ces trois dernières années. " Des jeunes des deux sexes nous présentent chaque semaine des demandes de statut de réfugié pour motif d'homosexualité ou autres. Nous leur expliquons à chaque fois que ces procédures sont assez difficiles dans la mesure où le gouvernement canadien ne cesse de durcir ses conditions d'octroi de ce statut, d'autant plus que certains jeunes tunisiens se font passer pour des homosexuels pour rejoindre ce pays ", note-t-il.

Le Canada se présente comme étant l'un des pays qui offre le plus ce statut de réfugié pour motif d'appartenance à certaines minorités ou pour des orientations sexuelles. Mais, pour en bénéficier, figure, parmi les conditions nécessaires, sa capacité à prouver qu'on appartient à la catégorie des personnes LGBTQIA (lesbienne, gay, bi, trans, queer, intersexe, asexuel) par exemple. En effet, le durcissement des procédures portant sur ce motif de migration ou de demande d'asile intervient à la suite de la multiplication de fausses demandes et des propos mensongers des ressortissants de certains pays dont la Tunisie. D'ailleurs, le processus d'obtention du statut de réfugié au Canada pour motif d'orientations sexuelles est complexe. Environ la moitié des personnes LGBTQIA demandeurs d'asile au Canada ont échoué et risquent d'être retournés dans leur pays d'origine. 

Les étudiants tunisiens à l'assaut du rêve canadien 

Ce phénomène des demandes, de plus en plus nombreuses, de migration pour le pays de la neige et des forêts, semble être ancré également dans les jeunes générations, la principale cause, étant la qualité de l'enseignement supérieur et des études qu'offre le Canada. Durant le dernier salon "EduCanada" organisé à Tunis par l'ambassade du Canada en Tunisie, ils étaient 1.000 étudiants, en majorité des Tunisiens, à affluer vers ce rendez-vous éducatif, tous motivés par ce qu'ils appellent le rêve canadien. A leurs yeux, ce pays devance de loin les pays européens en matière de qualité d'études et d'opportunités d'emploi. " Le Canada offre l'une des meilleures qualités de vie au monde. Pacifique, économiquement puissant et stable, il procure des systèmes éducatifs et des milieux d'enseignement hors du commun ", explique Sarra Rekik, une élève au baccalauréat, dont la seule ambition est, visiblement, de poursuivre ses études en technologies de l'information et de la communication au Canada. Accompagnée de ses parents, Sarra n'est qu'une jeune tunisienne parmi tant d'autres qui rêvent de poursuivre leurs études sous les cieux de ce pays et de s'y installer, non seulement pour la panoplie de choix universitaires qu'il présente, mais aussi pour sa qualité de vie, jugée irréprochable. Qu'est ce qui séduit le plus ces étudiants et jeunes tunisiens pour vouloir à tout prix concrétiser ce qu'ils appellent le rêve canadien ?

Philippe Armengau, responsable auprès de l'ambassade du Canada à Tunis nous fait part d'un intérêt grandissant de la part des étudiants tunisiens pour des études au Canada. En effet, il affirme même que les demandes de migration à titre éducatif et universitaire ont carrément doublé ces dernières années. " Nous enregistrons une hausse considérable des demandes de visas à titre éducatif pour les étudiants tunisiens. Ce qui les motive le plus c'est certainement le fait d'avoir accès à un système éducatif de qualité. Au Canada, nous disposons d'un système d'éducation très attractif qui permet à chaque étudiant d'avoir aussi, en plus des études, un programme de vie, un projet pour s'installer au Canada, et c'est ce qui attire le plus, à mon sens, les étudiants et les jeunes tunisiens qui parfois pensent qu'au Canada ils peuvent avoir un meilleur avenir ", explique-t-il.

Quelles répercussions sur l'économie tunisienne ?   

Ces mouvements de migration vers le Canada, pays de diplomatie, d'aide humanitaire, de solidarité mondiale nettement en augmentation ces dernières années, sont liés malheureusement à un autre phénomène encore plus inquiétant, celui de la fuite des cerveaux, des compétences et des cadres tunisiens. En effet, le nombre croissant de cadres tunisiens et de hauts potentiels partis à l'étranger, et notamment vers la France, les pays du Golfe et le Canada est moins à considérer, dans la majorité des cas, comme une perte que comme un gain pour la Tunisie.

Car si ces ressortissants parviennent à s'intégrer au sein de la société canadienne, les chances de les voir revenir en Tunisie et contribuer à l'enrichissement du système économique ou éducatif s'avèrent être très faibles. C'est en tout cas ce que nous ont confirmé les différents témoins qui ont choisi de s'y installer. Un constat qui ne reste pas sans conséquences sur l'économie tunisienne. Si pour certains ce mouvement migratoire permettra de confirmer une dynamique au service du développement de leur pays d'origine, certains secteurs en Tunisie pourraient être largement impactés. Il s'agit en premier lieu de la recherche scientifique, de l'économie numérique, de la santé, des énergies renouvelables et de la mécanique.

C'est justement dans ce sens que le Forum Tunisien pour les Droits Economiques et Sociaux (FTDES) nous a exprimé ses craintes de voir, durant la prochaine décennie, le secteur public se vider de ses compétences. " La communauté nationale est en train de former des compétences au profit des pays étrangers. Il est vrai que nous soutenons le droit au déplacement libre, mais nous ne pouvons pas cacher nos craintes quant aux répercussions négatives de ce phénomène sur l'économie nationale ou sur la société d'une façon générale. Prenons le cas du secteur de la Santé publique qui souffre de plusieurs manquements à cause de l'exode des médecins vers la France. Les secteurs de l'ingénierie et de l'enseignement supérieur ont vu également plusieurs compétences et cadres partir vers le Canada ou vers les pays du Golfe. Nous nous attendons, durant la prochaine décennie, à un pays vidé de ces compétences notamment scientifiques et académiques qui veulent surtout partir pour le Canada car ce pays leur offre des programmes de migration régulière et des motivations financières séduisantes. Mais il ne faut pas oublier le fait que tout le contexte national durant ces dernières années a contribué à ces flux de migration. Les causes de cet exode s'expliquent notamment par l'état désolant des différentes composantes du service public en Tunisie. A commencer par l'éducation et l'enseignement supérieur, arrivant à la santé passant par la sécurité et le transport, à ceci s'ajoute certainement la qualité des services administratifs. Tout cela a fait que ces Tunisiens quittent leur pays vers le Canada qui les accueille à bras ouverts, et que d'autres préparent déjà leurs dossiers pour en faire de même. C'est ce qui explique également que ce phénomène touche des familles tunisiennes toutes entières qui déposent leurs dossiers de migration régulière vers le Canada ", nous explique Romdhane Ben Amor, responsable au FTDES.

Le Canada les accueille à bras ouverts dit-il ? Certes, mais ce pays est même allé, dans sa stratégie de séduction des compétences et de la main d'œuvre tunisiennes, jusqu'à organiser des visites d'inspection en Tunisie pour présenter ses programmes mais aussi "chasser" les profils intéressants. Ces cinq derniers mois, pas moins de trois visites d'inspections ont été organisées par des structures étatiques canadiennes en Tunisie dans une mission de recherche de main d'œuvre qualifiée. Selon nos informations, ces visites vont s'intensifier tout au long de l'année en cours.

Ainsi, en guise de conclure cette immersion au cœur de ce phénomène illustré par un fort intérêt des Tunisiens pour la migration et l'installation au Canada, il faut admettre que ce ne sont pas les simples motifs économiques et financiers qui pourraient l'expliquer. Cet exode vers ce pays, incluant même des familles tunisiennes toutes entières, s'explique également par le contexte sociopolitique qui a contribué à la dégradation de certaines faces de la qualité de vie en Tunisie, notamment au niveau sécuritaire.

hEn effet, l'état déstabilisé et parfois défaillant de certains services publics, surtout l'éducation, la santé et le transport, a également contribué à alimenter ces flux migratoires de plus en plus considérables. La mise en place de véritables politiques publiques orientées vers l'amélioration du rendement de ces secteurs, mais aussi vers l'étude et la rationalisation de ces mouvements migratoires qui incluent notamment des cadres et une main-d'œuvre qualifiée, s'avèrent indispensables pour remédier à la situation et offrir à ces compétences ce qu'ils cherchent ailleurs et sous autres cieux.

Publié le 15/01/20 16:50

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