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Coronavirus - Crise économique et sociale : La Tunisie peine à utiliser les moyens mis à sa disposition

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Dans une interview exclusive accordée à ilBoursa, le Représentant Résident de la Banque mondiale en Tunisie, Mr. Tony Verheijen, délivre des messages incitatifs à la nécessité de lever les obstacles procéduraux qui entravent le décaissement et l'utilisation des fonds obtenus par la Tunisie aussi bien pour faire face à la crise sanitaire que pour concrétiser des projets d'investissements.

Pour surmonter l'impact économique et social de la crise COVID, la Tunisie a besoin de trois types de ressources, à savoir (i) des ressources pour financer, en urgence, l'achat d'équipements et de médicaments pour lutter contre l'impact direct de la pandémie, (ii) des financements de l'aide d'urgence aux citoyens les plus démunis, ainsi qu'aux entreprises les plus durement touchées  par la crise (en particulier les PMEs), et (iii) des investissements dans des projets structurants, pour aider à faire redémarrer l'économie. 

C'est un défi considérable, mais heureusement le pays dispose des ressources importantes mobilisées pour la mise en œuvre des projets d'investissement par ses partenaires bilatéraux et multilatéraux. Néanmoins, la Tunisie peine à utiliser ces ressources à cause des contraintes institutionnelles et procédurales.   

En ce qui concerne la crise sanitaire, avec l'augmentation du nombre de contaminations au coronavirus et la croissance du taux de mortalité, la priorité absolue du gouvernement porte sur la lutte contre cette pandémie, y-compris à travers des efforts (réussites) de mobilisation des fonds. En outre, des efforts ont été menées, depuis le début de la crise, à mobiliser des ressources pour soutenir des familles vulnérables ainsi que des entreprises. Néanmoins, la bureaucratie et la lenteur des procédures administratives entravent le décaissement et l'utilisation des fonds obtenus.

Par exemple, la Banque mondiale (BM) a mis 167,5 millions de dollars à la disposition de la Tunisie pour affronter la crise du Covid-19. " Ces ressources ont été dédiées à deux catégories de riposte à la crise. D'abord le renforcement des capacités de réponse du secteur de la santé à travers l'achat de tests et d'équipements de protection personnelle (EPI) pour le personnel médical, et ensuite le financement des dépenses d'urgence en aide aux familles vulnérables (protection sociale) ainsi qu'aux PMEs identifiées à travers la plateforme numérique Batinda ", explique à ilBoursa le Représentant Résident de la Banque mondiale en Tunisie, Mr. Tony Verheijen.  

L'assistance financière de la Banque mondiale sur la crise sanitaire avait porté sur 20 millions de dollars dans le cadre du " Covid-19 Fast-Track Facility " qui ont été mis à disposition immédiatement. En outre, 147,5 millions de dollars ont été dégagés à partir de projets déjà mis en place qui ont été restructurés à la demande du gouvernement tunisien, afin de juguler l'impact de la crise de Covid-19, couvrant les aspects sanitaires, économiques et sociales. Ces fonds se détaillent comme suit :  

  • 14 millions de dollars à partir du projet d'Irrigation 
  • 25 millions de dollars à partir du projet d'Inclusion économique des jeunes 
  • 20 millions de dollars à partir du projet GovTech 
  • 10 millions de dollars à partir du projet de Renforcement des fondations pour l'apprentissage 
  • 25 millions de dollars à partir du projet d'Appui au secteur de l'Energie
  • 53 millions de dollars à partir du Programme de Développement urbain et gouvernance locale 

Tous ces financements étaient préparés en urgence et pour utilisation immédiate. " Malheureusement, à cause de contraintes procédurales, on n'a toujours pas vu le décaissement et l'utilisation d'une très bonne partie de ces ressources. Par exemple, la signature des contrats pour les achats des tests PCR et des équipements de protection individuelle pour les professionnels de la santé dans le cadre du projet de riposte d'urgence au COVID est attendue depuis juillet, mais reste non accomplie et ce, à cause de contraintes internes liées aux procédures de contrôle de passations de marchés lourdes et handicapantes ", s'indigne M. Verheijen.

Et d'ajouter que ceci intervient dans un contexte d'urgence où la Banque mondiale, de façon exceptionnelle, a mis en place des procédures " Fast-Track " avec des méthodes d'achat adaptées et de contrôle à posteriori. " On retrouve cette tendance dans plusieurs autres financements mobilisés ".   

En fait, cette situation est un peu symptomatique pour beaucoup d'autres financements obtenus sur ressources externes, qui sont mis en œuvre avec des retards considérables. " Sur les 1,6 milliard de dollars dans le portefeuille de la Banque mondiale, plus de la moitié reste non-décaissée, parfois pour des projets approuvés depuis plusieurs années. La situation est la même pour la plupart des partenaires de développement ", souligne M. Verheijen.

Vu la situation budgétaire difficile dans laquelle se trouve la Tunisie, le besoin urgent d'investir dans les infrastructures et l'amélioration des services sociaux, ainsi que l'entrepreneuriat, une accélération radicale dans la mise en œuvre des projets d'investissement financés par des ressources externes s'impose. " Ceci pourrait être un élément crucial d'une stratégie de relance économique en 2021 ", conclut le Représentant Résident de la Banque mondiale en Tunisie.

Omar El Oudi

Publié le 03/11/20 08:56

2 commentaires sur cet article. Participez à la discussion.
ANALYSE


03/11/20 12:24
oui
LE-BANQUIER


03/11/20 12:33
C'est malheureux de la part de nos responsable

……………Néanmoins, la bureaucratie et la lenteur des procédures administratives entravent le décaissement et l'utilisation des fonds obtenus…………………

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