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Capacité bénéficiaire des banques cotées : Le vrai du faux

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Les 12 banques cotées à la Bourse de Tunis ont réalisé en 2022 des bénéficiaire en hausse de 17,6%. Pour appréhender et positionner cette performance, nous avons comparé les réalisations des banques tunisiennes par rapport à celles des six banques marocaines cotées à la Bourse de Casablanca (comptes sociaux).

 

Par Moez HADIDANE

Tera Finances-Tera Training

Après une baisse de 30,7% en 2020, les bénéfices des banques cotées se sont améliorés après l'année COVID (+21% en 2021) pour atteindre 1.356 millions de dinars en 2022 (+17,6%), soit un peu moins que ceux enregistrés en 2019 (1.374 millions de dinars).

Si les banques tunisiennes affichent une rentabilité des fonds propres (12%) meilleure que celle des banques marocaines cotées (7,8%), elles ne le sont pas en termes de taux de marge nette.

En effet, les banques tunisiennes cotées ont enregistré un taux de marge nette (Bénéfice/PNB) de 21,9% en 2022, largement en dessous de leurs consœurs marocaines (28% en 2022 contre 28,3% en 2021).

Afin de respecter les normes prudentielles internationales et continuer à financer l'économie (et l'État), les banques doivent générer des bénéfices croissants et distribuer une partie pour rémunérer leurs actionnaires. La part des bénéfices distribués par les banques tunisiennes est de 43,9% en 2022, soit en dessous des 70% des banques marocaines.

Les six banques marocaines cotées vont distribuer 615 millions d'euros de dividendes cette année au titre de l'exercice 2022, contre l'équivalent de 194 millions d'euros qui seront distribués par les douze banques tunisiennes cotées.

D'ailleurs, les banques tunisiennes réinvestissent plus de la moitié de leurs bénéfices dans des projets de développement et contribuent largement dans les levées de fonds des structures de capital risque.

 

Commissions bancaires à rationaliser et à réorienter vers le conseil et l'accompagnement  

Les banques, en tant que prestataires, perçoivent des commissions pour rémunérer leurs services et couvrir leurs charges opératoires (masse salariale, coût technologique et de sécurité, communication, énergétique, transport de fonds, ..).

Au cours de 2022, les commissions (marge sur commissions hors gains de change) des 12 banques cotées ont augmenté de 4,9% contre un taux d'inflation moyen de 8,3%. Étant donné la montée plus rapide des autres composantes du PNB, le poids des commissions dans le PNB a baissé au niveau de 20,6% en 2022 contre une moyenne de 22,1% sur la période 2016-2021.

Il est à noter que le poids des commissions dans le total PNB varie d'une banque à l'autre allant de 16,1% à 30,5%. En général, la quote-part des commissions dans le PNB dépend plus du modèle économique, du niveau d'activité et de la diversification des services rendus, que de l'évolution de la grille tarifaire.

La justification et l'augmentation de certaines commissions perçues par les banques ont constitué depuis quelques années des sujets de contestation et de réclamation. En octobre 2022, la règlementation de traitement des réclamations inhérente entre autres, aux commissions a été sensiblement renforcée par la diffusion d'une circulaire BCT avec plusieurs mesures qui devraient  mieux protéger les clients bancaires.

Un benchmark et une rationalisation des pratiques s'imposent. Les commissions devraient s'orienter plus vers des services de conseil et d'accompagnement à forte valeur ajoutée.   

Coût du risque et charges opératoires

De par leurs activités, les banques sont exposées à plusieurs risques : de crédit, de liquidité, de change, opérationnel, cybernétique etc. En 2022, les banques tunisiennes cotées ont comptabilisé des charges pour couverture des risques de l'ordre de 1.344 millions de dinars (+20,4% par rapport à 2021).

Ce montant représente 21,7% de leur PNB (20,1% en 2021). Le taux des créances classées des banques cotées s'élève en moyenne à 10,8% en 2022, contre 8,5% au Maroc.

Ces créances sont couvertes par des provisions à hauteur de 67,8%. Le ratio de solvabilité des banques tunisiennes cotées se maintient ainsi au-dessus de 14% (14,2% en 2022 contre 14,3% en 2021) pour un minimum règlementaire de 10%.

D'un autre côté, les banques contribuent chaque année (au prorata de leur taille) dans le fonds de garantie des dépôts (FGDB)pour rassurer les déposants mais surtout pour atténuer les risques d'instabilité du système qui affecterait l'économie réelle. Aussi, les banques doivent investir dans la formation, la technologie, l'organisation pour gérer et maîtriser ces risques qui se sont exacerbés.

Les banques tunisiennes appelées à monter en taille

Les banques tunisiennes doivent réaliser des bénéfices pour consolider leurs solvabilités et se préparer à l'application des nouvelles normes IFRS. Cette normalisation donne plus de potentiel à la Tunisie pour capter les investissements étrangers et mobiliser des ressources supplémentaires. Toutefois, la taille des banques tunisiennes est encore petite.

La capitalisation boursière des 12 banques tunisiennes cotées est de 3,3 milliards d'euros, contre une capitalisation de 17,7 milliards d'euros des six banques marocaines cotées.

L'appréciation du risque pays intègre, en plus des fondamentaux (croissance, chômage, équilibres budgétaire et extérieur, etc.), la solidité du secteur bancaire, nerf de la guerre de l'économie. Le secteur bancaire, doit être solide et rentable mais doit aussi chercher la croissance en dehors des frontières, diversifier les lignes de métiers et éviter les commissions agressives appliquées à sa clientèle, le vrai capital des banques.

Contrôle et obligations de transparence

Le secteur bancaire est de loin le secteur le plus contrôlé par la BCT en tant que régulateur et superviseur des activités des banques avec des contrôles permanents, des inspections, des missions ponctuelles.

Il n'existe pas un domaine d'activité des banques qui ne serait pas soumis à des règles édictées et une surveillance adaptée. Les banques cotées et non cotées sont aussi contrôlées par le Conseil du Marché Financier (CMF) et sont soumises à des règles de transparence.

Pour les banques, les exigences de communication financière et de publication des données, indicateurs, rapports etc. sont de loin les plus importantes et imposent un niveau de transparence qui se consolide d'année en année. Ce qui n'est pas le cas pour plusieurs entreprises et grands groupes exerçant dans des secteurs stratégiques.

Rémunération des actionnaires 

La rémunération des actionnaires des banques se matérialise par les dividendes distribués chaque année. Le taux de rendement se mesure par le rapport entre le dividende par action et le prix de l'action au début de l'année.

Ce taux de rendement (Dividend yield) est de 6,3% en brut (avant impôt) pour les actionnaires des banques tunisiennes. Il est inférieur aux taux offerts par les banques sur les dépôts à terme de leurs clients qui est de l'ordre de TMM+1% soit de 9%.

Le taux de rémunération des actionnaires des banques tunisiennes cotées est supérieur à celui offert par celles marocaines qui s'est établi à 3,5% cette année.

Publié le 01/06/23 09:45

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