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Brexit, quel impact sur la Tunisie ?

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La bourse de Tunis Ouvre dans 1h57min

Dans un pays connu par sa pluviométrie, on n'a pas eu droit à une douche écossaise, mais plutôt une douche anglaise. La nouvelle est tombée comme un couperet : L'Angleterre a choisi de quitter l'Union Européenne.

Pendant des mois, le terme "Brexit", une abréviation de British exit, était utilisé pour désigner le référendum du 23 Juin.

L'impact économique de ce référendum est assez considérable sur les différents intervenants et les marchés financiers ne sont pas fait prier pour virer au rouge. Au lendemain du référendum, le FTSE MIB (Indice boursier de la place financière italienne) a baissé de 12,48%, le CAC 40 de 8,04%, le Nikkei de 7,92% et le Dow Jones de 3,39 %.

Sur le marché de change, même son de cloche avec une baisse de la Livre Sterling de 8,05% et de l'Euro de 2,35% par rapport au dollar. Cette hausse relative du dollar est due essentiellement à l'usuel "flight to safety" car le dollar est toujours considéré comme une valeur refuge au même titre que l'Or qui gagne 4,43% au lendemain du vote.

Cette réaction des marchés reflète en fait une anticipation des impacts économiques futurs du Brexit. L'Angleterre faisant plus de 60% de ses échanges commerciaux avec des membres de l'Union Européenne (UE), il est clair donc que indépendamment de la solution trouvée par les politiques ces échanges pourraient être affectés ce qui impliquerait, dans le pire des scénarios et selon les estimations des analystes, une baisse du PIB du Royaume-Uni de 9%, une augmentation du taux de chômage de 2% et une augmentation d'inflation de 3% à l'horizon 2019.

En effet, d'après l'article 50 du traité de Lisbonne, l'Angleterre a deux ans après le vote pour négocier sa sortie de l'UE. Cette négociation peut aboutir a essentiellement deux scénarios :

  • Le scénario norvégien : La Norvège ne fait pas partie de l'UE mais elle est membre de l'Europe Free Trade Association(EFTA). Ce membership facilite la libre circulation des biens, capitaux, services et personnes entre l'UE et les membres de l'EFTA. Toutefois l'UE peut faire en sorte de ne pas accepter cette option car cela pourra encourager d'autres membres à quitter l'UE en obtenant le beurre et l'argent du beurre.
  • Le scénario suisse : Après un grand rapprochement entre la Suisse et l'UE pendant des années, la Suisse a quitté l'European Economic Area (EEA) en 1992. Dans ce scénario, l'Angleterre pourra un statut privilégié en dehors de l'EEA, mais n'aura pas tous les bénéfices du libre échange avec l'UE.

Un scénario suisse aura bien évidemment des conséquences plus néfastes sur les échanges commerciaux.  

En ce qui concerne la Tunisie, les échanges économiques avec le Royaume uni ne sont pas très conséquents (2,9 % des exportations de la Tunisie et 1,2% des importations). Par contre, le Brexit pourrait avoir des conséquences négatives sur l'Europe résultant dans des pertes de points de croissance et affaiblissant sa capacité d'importation. Or l'Europe représente plus de 80% des exportations tunisiennes (33% pour la France, 18% l'Italie, 13% l'Allemagne, etc.) donc un affaiblissement de l'Europe n'est pas de bonne augure pour les exportateurs tunisiens.

Plus précisément, les secteurs qui seront le plus touchés sont le secteur des câbles et autres composantes électriques, le textile et l'énergie, comme le montre le schéma ci-dessous : 

Exportations de la Tunisie par Secteur, année 2014 (Total 16,1 Milliards de dollars)

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Bien évidemment, les entreprises tunisiennes qui exportent au Royaume Uni auront encore plus de difficultés. D'ailleurs la bourse tunisienne a immédiatement réagi en sanctionnant Eurocycle (-4,81%) dont les exportations sont adressées essentiellement au marché anglais. Le schéma ci-bas représente les exportations tunisiennes vers le Royaume Uni : 

Exportations de la Tunisie vers le Royaume-Uni par secteur, année 2014 (Total 473 millions de dollars)

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Par ailleurs, l'affaiblissement de l'économie britannique pèsera certainement sur les IDE britaniques en Tunisie et retarderait également le retour en Tunisie des touristes Britanniques, touchés dans leur pouvoir d'achat, même dans le cas d'une levée de l'interdiction de voyage.

En ce qui concerne les marchés financiers et quelque soit l'aboutissement de la négociation, il y aura beaucoup d'incertitude pendant deux ans ce qui entrainerait une forte volatilité. La City, comme place financière, sera bien évidemment la première victime avec une forte baisse de l'immobilier, les départs des banques étrangères de Londres entrainant un accroissement du taux de chômage.

Sur le marché de changes, la pression sera maintenue sur la Livre Sterling et partiellement sur l'Euro. 

Sur le plan politique, le Brexit peut encourager plusieurs pays européens à demander un référendum également et peut affaiblir encore plus l'UE. Un démantèlement de l'Europe ne sera pas une bonne nouvelle pour nous car c'est dans l'intérêt de la Tunisie d'avoir une Europe forte. 

Eymen Errais

Publié le 27/06/16 11:41

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