Banques tunisiennes en 2024 : Dépôts en hausse, crédits à la traîne mais profits en progression

La Banque Centrale de Tunisie (BCT) vient de rendre public son rapport annuel relatif à l'exercice 2024. Le document dévoile, entre autres, les chiffres clés de l'activité du secteur bancaire durant l'année écoulée.

En 2024, le secteur bancaire tunisien a enregistré une progression notable de ses résultats, avec un résultat net sectoriel en hausse de 11,9%, atteignant 1,6 milliard de dinars. Cette performance s'appuie principalement sur la croissance des revenus tirés des bons du Trésor (+35,3%), alors même que la marge d'intérêts a reculé et que les crédits n'ont progressé que de 2,6%.

Evolution des ressources

Les dépôts ont enregistré en 2024 une accélération de leur rythme de progression (soit +10,3% contre +7,4% à fin 2023) pour se situer à 114.524 MDT au terme de 2024 dépassant ainsi l'encours des crédits.

Cette hausse a concerné particulièrement les dépôts en dinars (+10,9%) et à moindre ampleur ceux en devises (+7,2%). La progression des dépôts en dinars est attribuable principalement à :

• Une croissance soutenue des dépôts d'épargne, soit de 10,6% (ou 3.552 MDT) pour se situer à 37.003 MDT. Cette évolution est en rapport avec le taux élevé de rémunération de l'épargne (+7% depuis janvier 2023).

• Une relance des dépôts à vue à un taux de 10,9% (contre une hausse de +5,3% une année auparavant).

• Une progression continue de l'encours des dépôts à terme de 12,9% (contre +8,2% à fin 2023).

La structure des dépôts en 2024 demeure quasiment inchangée et dominée par les dépôts à vue suivis par les dépôts d'épargne.

Les ressources d'emprunts ont enregistré une hausse de 4,3% expliquée principalement par la reprise des emprunts auprès de la BCT (+12,3% contre -23,2% à fin 2023) pour s'établir à 8.161 MDT à fin 2024.

Evolution de la structure des dépôts (En %)

Evolution des emplois

A fin 2024, l'encours des crédits a progressé de 2,6% contre 1,7% en 2023. Cette évolution s'explique principalement par l'accélération du rythme de croissance des crédits aux entreprises publiques de 13,2% (contre +8,5% en 2023) pour atteindre 14.432 MDT dont 45,2% au profit de l'Office des Céréales.

En particulier, le taux de croissance du portefeuille-titres a connu une hausse plus soutenue (+28% contre +12% en 2023) qui résulte principalement de l'accélération du rythme d'accroissement de l'encours des bons du Trésor (+35,3% en 2024 contre +14% en 2023) pour s'établir à 26.123 MDT au terme de l'année 2024.

Les coûts des crédits, toutes catégories confondues, sont restés quasiment inchangés en 2024 et ce, en rapport avec le maintien du taux directeur à 8% tout au long de 2023 et 2024.

Résultats d'exploitation

Le Produit Net Bancaire (PNB) du secteur a enregistré une augmentation de 5,7% à fin 2024 (contre 8,7% à fin 2023) pour s'établir à 8.035 MDT. Cette évolution résulte de l'accroissement :

• des revenus du portefeuille-titres d'investissement de 31,2% en provenance essentiellement des intérêts sur les bons du Trésor,

• des commissions nettes de 4,8%.

Evolution de la structure du PNB

En revanche, la marge d'intérêts a enregistré une baisse de 1,6% (contre une hausse de +8% à fin 2023) en rapport avec la faible croissance des crédits et les gains nets sur portefeuille-titres commercial qui affichent toujours une baisse de 8,8% (contre -8,4% en 2023) tirée principalement par la baisse des gains sur opérations de change.

Résultats d'exploitation (En MDT, sauf indication contraire)

Conséquemment à ces évolutions, la structure du PNB a été marquée notamment par la poursuite de la consolidation de la part des revenus sur portefeuille-titres d'investissement (+5 pp) pour dépasser 25% contre une baisse de la part de la marge d'intérêts (-3,4 pp) pour revenir à 46,3%.

Sous l'effet de la stabilité du taux directeur, le rendement moyen des crédits et le coût moyen des dépôts ont quasiment stagné à leurs niveaux de 2023 ; soit 9,2% et 5,3% respectivement.

Par conséquent, la marge nette d'intermédiation est restée quasiment au même niveau de 2023, soit 3,9%. Le coefficient d'exploitation s'est détérioré de 1,3 point de pourcentage pour s'établir à 46,2% en lien avec l'augmentation des charges opératoires (+8,6%) à un rythme plus soutenu que celui du PNB (+5,7%).

L'année 2024 s'est soldée par un résultat net sectoriel de 1,6 milliard de dinars, soit une augmentation de 11,9%.

Publié le 22/08/25 09:42