L'encours des Bons du Trésor Assimilables (BTA) a atteint 28,4 milliards de dinars au 11 septembre 2025, selon les dernières données publiées par la Banque centrale de Tunisie (BCT).
Ce volume marque une hausse spectaculaire de 11,9 milliards de dinars par rapport à la même date en 2024, soit une progression de près de 72 % en une seule année.
Cette envolée traduit le besoin croissant de financement de l'État, dans un contexte de déficit budgétaire persistant. Face aux difficultés d'accès aux financements extérieurs, le Trésor a multiplié les émissions de BTA pour mobiliser des ressources sur le marché intérieur.
Pression sur les banques et le budget
Les institutions financières locales – en particulier les banques et les compagnies d'assurances – demeurent les principaux souscripteurs de ces titres, considérés comme sûrs malgré la dégradation de la situation budgétaire.
Mais cette dépendance accrue au financement domestique fait peser deux risques majeurs, notamment l'alourdissement du service de la dette, avec une charge d'intérêts en forte hausse dans un contexte de taux élevés, et l'effet d'éviction vis-à-vis du secteur privé, les liquidités bancaires étant de plus en plus orientées vers le financement de l'État au détriment du crédit aux entreprises.
Une trajectoire préoccupante
Si cette tendance se poursuit, la soutenabilité de la dette intérieure pourrait être mise à rude épreuve. Les experts estiment qu'une stabilisation ne pourra être obtenue qu'à travers un nouvel accord avec les bailleurs internationaux et une consolidation budgétaire plus ferme.
En attendant, les BTA restent l'outil privilégié de financement de l'État, au prix d'une pression grandissante sur l'économie nationale.
Omar El Oudi
Publié le 15/09/25 10:17