Lancée en 2024, Aelium Tunisie ambitionne de transformer la manière dont les entreprises locales abordent leur communication financière et extra-financière. Dans un contexte où la transparence, la gouvernance et l'ESG deviennent des enjeux majeurs, l'agence se positionne comme un partenaire stratégique pour les sociétés tunisiennes, cotées ou non, désireuses de structurer leur image, renforcer la confiance des investisseurs et valoriser leur impact.
Dans cet entretien, Salma HICHRI, Directrice Générale de la société, revient sur la vision, l'ADN et les ambitions d'Aelium en Tunisie, tout en dressant un état des lieux de la communication financière dans le pays.
Pourquoi avoir choisi de lancer Aelium en Tunisie en 2024, et quel vide spécifique cherchez-vous à combler sur le marché local ?
Nous avons lancé Aelium Tunisie avec la conviction que la communication financière et extra-financière est encore sous-exploitée dans l'écosystème économique local. Les pratiques locales se concentrent plus sur la communication corporate ou marketing, sans expertise technique en finance, gouvernance ou ESG. Notre expertise vient combler ce vide pour proposer des services à forte valeur ajoutée : communication de crise, ESG reporting, investor relations, opérations stratégiques, etc…
Le marché tunisien regorge d'entreprises ambitieuses, innovantes, qui méritent d'être valorisées à leur juste mesure afin d'attirer plus d'investisseurs. Les entreprises tunisiennes, cotées ou non, font face à un besoin croissant de transparence, de structuration de leur image auprès des investisseurs et de valorisation de leur impact.
Or, les expertises spécifiques en communication financière, relations investisseurs et ESG restent encore peu développées. Dans un contexte où les attentes en matière de transparence et d'impact ne cessent de croître, nous apportons un savoir-faire éprouvé à l'international, adapté aux spécificités culturelles et économiques de la Tunisie.
Comment décririez-vous l'ADN de Aelium Tunisie ? Est-il différent de celui de sa maison-mère en France ?
Aelium Tunisie partage le socle de valeurs de sa maison-mère : rigueur, exigence, et engagement stratégique. Mais cet ADN se décline avec une sensibilité propre au contexte tunisien. Ici, nous opérons dans un environnement en pleine évolution, où les standards de transparence progressent mais où les structures restent souvent moins institutionnalisées qu'en France.
Cela nous oblige à faire preuve d'une grande agilité, mais aussi d'un fort sens pédagogique dans notre approche. Nous adaptons nos méthodes, tout en restant fidèles à notre exigence, pour répondre aux réalités du terrain. En résumé : un socle de valeurs communes, mais une incarnation locale, pensée pour accompagner les entreprises tunisiennes dans leur transformation.
Quel est votre regard sur l'état actuel de la communication financière en Tunisie ?
Notre premier constat et une des raisons de notre déploiement en Tunisie, c'est que la communication financière reste encore largement perfectible. Trop souvent perçue comme une simple formalité réglementaire, elle peine à s'imposer comme un véritable outil stratégique. Il manque une culture affirmée de la relation investisseurs, de la construction d'un récit stratégique – l'equity story – et d'une mise en valeur des performances qui dépasse les seuls indicateurs financiers.
Or, les attentes des investisseurs, locaux comme internationaux, évoluent. Ils recherchent plus de lisibilité, de transparence et une capacité à se projeter. C'est précisément pour répondre à ce besoin que nous avons choisi d'implanter Aelium en Tunisie. Notre ambition est d'accompagner les entreprises à franchir un cap, en professionnalisant leur communication financière selon les standards internationaux, pour en faire un véritable levier de confiance, de différenciation… et in fine, de création de valeur.
Quelles sont les prestations les plus demandées aujourd'hui par les entreprises tunisiennes ?
Cela est assez varié. Comme, je l'expliquais, la communication financière, telle que nous l'entendons, est quelque chose de nouveau en Tunisie. Nous avons certains clients qui sont encore un peu " frileux " et pour qui, nous menons des missions plutôt en interne. Nous travaillons leur approche RSE, leur communication sur les réseaux sociaux ou bien nous les conseillons sur la façon de présenter leurs activités sur leur site internet.
Ce sont des premiers pas importants. Il ne faut pas brusquer les choses. Nous sommes là pour les accompagner dans cette démarche et leur démontrer que cela leur sera bénéfique.
Et nous avons des clients qui ont d'ores et déjà compris l'intérêt pour leur société ou leur Groupe de mieux communiquer et de créer un lien avec leurs actionnaires et investisseurs. Pour ceux-là, nous organisons des réunions investisseurs, nous retravaillons leurs présentations corporate et investisseurs, nous rédigeons leurs communiqué de presse, nous mettons en place un plan de communication sur plusieurs mois avec des actions et/ou publications tous les mois.
Ce sont deux approches différentes mais dans tous les cas, nous instaurons un dialogue régulier avec nos clients, notamment autour de réunions hebdomadaires, afin de créer une relation de confiance et de proximité. Nous devons bien comprendre leurs activités et leurs attentes afin de leur conseiller des actions sur-mesure, parfaitement adaptées à leurs besoins.
Quels seraient les avantages pour les sociétés tunisiennes à travailleur leur communication financière ?
En Tunisie, les entreprises sous-estiment encore souvent le rôle stratégique de la communication financière. Pourtant, dans un contexte où les marchés se durcissent, où les investisseurs exigent plus de transparence, et où les normes évoluent, elle devient un véritable levier stratégique.
Le parallèle avec la communication commerciale est parlant : là où cette dernière vise à promouvoir un produit ou un service pour stimuler les ventes, la communication financière, elle, s'adresse à des publics plus techniques – investisseurs, analystes, régulateurs – et repose sur des principes clés : transparence, régularité, sincérité. Son but ? Mettre en valeur l'entreprise elle-même, renforcer sa crédibilité et soigner sa réputation.
Travailler sa communication financière, c'est structurer sa relation avec les actionnaires, parler le même langage que les marchés, et valoriser ses décisions stratégiques. C'est aussi se préparer à des moments décisifs : introduction en Bourse, levée de fonds, ouverture du capital, etc…
En rendant lisible sa stratégie, en donnant du sens à ses chiffres et à ses engagements, l'entreprise améliore sa lecture par le marché – et donc sa valorisation. Elle anticipe les malentendus, sécurise ses messages, et installe une relation de confiance durable avec son écosystème financier.
C'est dans cette optique que notre agence accompagne les dirigeants : faire de la communication financière non plus une contrainte réglementaire, mais un véritable outil de différenciation et de croissance.
Comment adaptez-vous vos stratégies aux spécificités culturelles et économiques tunisiennes ?
En Tunisie, le marché boursier reste modeste par sa taille, mais il se distingue par une base d'actionnaires individuels dynamique, curieuse et engagée. C'est une richesse souvent sous-estimée. Ces investisseurs attendent bien plus qu'un simple flux d'informations réglementaires : ils veulent une communication accessible, claire, mais surtout humaine. Ils cherchent à comprendre la vision stratégique, à sentir l'implication des dirigeants, à établir un lien de confiance durable avec l'entreprise.
Côté émetteurs, les choses sont plus contrastées. Les dirigeants, souvent très impliqués dans l'opérationnel, relèguent encore trop souvent la communication financière au second plan. Elle est perçue comme une contrainte, rarement comme un levier stratégique pour valoriser les résultats, asseoir leur crédibilité ou renforcer le dialogue avec leurs parties prenantes.
Cette posture s'inscrit aussi dans un héritage culturel profond, marqué par une certaine discrétion : " vivons cachés, vivons heureux " reste un réflexe ancré dans le tissu entrepreneurial local. Chez Aelium Tunisie, nous accompagnons nos clients dans une transition progressive vers plus de transparence et de pédagogie, sans jamais forcer.
Grâce à notre structure agile et notre approche sur-mesure, nous instaurons une relation de confiance qui permet, peu à peu, d'installer une nouvelle culture du récit stratégique — celle qui transforme les chiffres en vision, et les dirigeants en narrateurs crédibles de leur propre succès.
Quelle est votre ambition personnelle pour Aelium Tunisie dans les 3 à 5 prochaines années ?
Notre cap est clair : positionner Aelium Tunisie comme une référence incontournable en matière de communication financière et extra-financière sur le marché local. Nous voulons être reconnus non seulement pour notre rigueur et notre expertise technique, mais aussi pour notre créativité et notre capacité à faire bouger les lignes.
Dans les cinq prochaines années, notre ambition est d'accompagner les grandes mutations du paysage économique tunisien avec un renforcement de la transparence, une intégration plus poussée des enjeux ESG, et une professionnalisation croissante des pratiques de communication financière.
Notre objectif dépasse les seuls indicateurs de performance. Ce que nous visons, c'est une transformation culturelle plus profonde : contribuer à diffuser une véritable culture de la transparence, de la gouvernance et de la confiance dans le tissu entrepreneurial tunisien. Nous voulons apporter aux sociétés tunisiennes les " best practices " utilisées sur les autres places financières.
Nous sommes convaincus qu'une économie plus lisible est aussi une économie plus attractive, plus solide, et mieux armée pour affronter les défis de demain. Nous ne comptons pas nous arrêter à la Tunisie et nous ambitionnons de proposer nos services sur d'autres pays d'Afrique.
Propos recueillis par Omar El Oudi
Publié le 11/09/25 09:27