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Adel Grar : La Tunisie n'a pas les capacités nécessaires pour vendre plusieurs entreprises simultanément

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A la tête d'Al Karama Holding depuis trois ans, Adel Grar a été chargé de mener à bien la cession des biens confisqués aux familles de l'ancien régime afin de de fournir une contribution au budget de l'Etat. Une mission qui comprend également le développement des participations jeunes ou fragiles et la restructuration et/ou assainissement des participations en difficulté. Sur fond de crise économique et sociale, la tâche n'est pas simple. Le DG d'Al Karama Holding revient dans cette interview accordée à IlBoursa.com, sur ses diligences et les défis qu'attendent l'entreprise. Entretien.

Alors que l'année 2018, était une année record en termes de cession de biens confisqués générant des revenus de l'ordre de 508 millions de dinars, l'année 2019 fut l'année record en termes de nombres d'appels d'offres lancés avec 11 appels. " Notre pays n'a pas les capacités nécessaires pour vendre plusieurs entreprises simultanément ", a souligné le DG de Karama Holding, en ajoutant que, depuis les années 80, avec le programme de privatisation, seulement 1 ou 2 entreprises se vendaient chaque année. La privatisation est, depuis des lustres, difficile et contestée.

En outre, et de manière générale, la cession des actions d'une entreprise, qu'elle soit privée ou publique, n'est pas facile en Tunisie car il n'y a pas une réelle séparation entre le management et la propriété. " On n'est pas seulement vendeur au meilleur prix, on est vendeur avec un programme de continuité pour l'entreprise et la préservation des emplois ", a signalé M. Grar. Pour lui, la première difficulté est généralement la situation financière de certaines entreprises qui ont besoin d'un programme urgent de refinancement. " Tout retard n'entraîne que préjudice pour ces entreprises ".

La vente n'est pas toujours facile 

Les difficultés rencontrées par Al Karama Holding pour la cession du reste des entreprises confisquées varient en fonction de la nature de leur activité. Adel Grar a indiqué qu'en 2019, Al Karama Holding avait mis en cession plusieurs entreprises de taille moyenne. " On s'est toujours dit qu'on vendra par exemple les concessionnaires des marques Ford et Hyundai presque simultanément. Mais la vente d'un concessionnaire se fait en impliquant le constructeur dans la mise en place des critères de présélection. En voilà une délicate situation où l'on ne maîtrise plus le temps d'exécution de l'opération ", précise-t-il.

En ce qui concerne le journal " Dar Essabeh " et la radio " Shems FM ", aucune offre sérieuse n'a été enregistrée depuis le lancement des premiers appels d'offres en 2018. Ces entreprises connaissent des difficultés financières comme le reste du secteur des médias et de l'information. " A notre niveau, quand on prend des décisions concernant les entreprises confisquées, on le fait dans la limite de nos responsabilités. Par exemple, il ne nous revient pas de nommer les dirigeants de nos filiales. En revanche, c'est Al Karama Holding qui fait face aux difficultés financières de ses filiales même si celles-ci sont dues aux difficultés que connaît l'ensemble du secteur ", assène le DG.

Par ailleurs, le premier responsable d'Al Karama Holding reproche aux syndicats les exigences trop souvent excessives qui n'ont créé que des difficultés supplémentaires lors de la cession, " bien que je comprenne leur position de défendre les intérêts des employés ", a-t-il expliqué.

Et d'ajouter : " Pourtant, les investisseurs sont soumis à des conditions qui les engagent à long terme puisque nous leur demandons de ne pas revendre leur participation dans les 3 à 5 ans à venir sauf autorisation du ministre des Finances. Cette contrainte est le meilleur moyen d'obliger l'acquéreur à exécuter son programme de développement en préservant l'entreprise et ses emplois. Mais il ne faut tout de même pas multiplier les contraintes, au risque de rendre la société invendable ", a souligné le DG d'Al Karama Holding.

Et ce ne sont là que quelques petits exemples des difficultés rencontrées dans un processus de cession. Les procès en cours et leur impact sur l'évaluation, les contraintes liées aux pactes d'actionnaires hérités de la société confisquée, les droits de préemption des autres actionnaires et associés, les états financiers non arrêtés pour les sociétés qui sont passées par un mandataire judiciaire…. Sont autant d'obstacles que nous rencontrons tous les jours et qui représentent la partie immergée de l'iceberg lors d'un processus de cession.

Toutefois, M. Grar souligne que sur la vingtaine de sociétés ayant obtenu leur autorisation de cession et qui sont encore dans le stock d'Al Karama Holding, " certaines sont des entreprises issues d'un partenariat comme par exemple la société de catering Newrest Catering. C'est une petite multinationale en pleine expansion présente même à Hawaii ", a indiqué le DG. Cette entreprise dans laquelle Al Karama détient 51%, est un exemple de bonne gestion.

" D'une manière générale, notre programme est de garantir une implication importante pour l'investisseur. L'État n'a pas possédé ces entreprises par choix et n'a pas prévu les moyens de les refinancer avant de les céder. Aussi, il ne peut pas faire face à la concurrence du secteur privé car il ne dispose pas des mêmes moyens ", regrette Adel Grar.

Perspectives de 2020

Pour le dirigeant 2020 sera une belle année. Al Karama Holding avait contribué au budget de l'Etat à hauteur de 107 millions de dinars en 2017, de 508 millions en 2018 et plus de 100 millions en 2019, outre les dividendes perçus provenant de nos filiales.

" En plus de la relance de la cession de Carthage Cement, on lancera cette année un nouvel Appel d'offres pour la cession de nos participations dans la société Havas Tunisie car l'offre antérieure n'a pas été acceptée par la commission. Quant à la cession de la société AVS, chargée des passagers VIP dans l'aéroport Tunis Carthage, elle sera conclue dans quelques semaines. Il en va également pour le hangar situé à l'aéroport (Carthago Private Jet), la ferme Al Baraka à Utique, Med pêche, Biofish. Frigo-confort etc… ", a-t-il précisé.

Plus encore, 50% des silos de stockage de blé seront à céder aux côtés d'Alpha Ford, Newrest, 17% de Sodexo, 50% d'UPCAR, le courtier en assurances, 16% d'Orange Tunisie ... " En termes de nombre de sociétés, 2020 va suivre les pas de 2019 mais avec des sommes plus importantes ", conclut Adel Grar.

Propos recueillis par Omar El Oudi

Publié le 12/03/20 12:35

1 commentaire sur cet article. Participez à la discussion.
Heykeltrader


02/06/20 13:18
El lo9ma el berda... Lui et les cabinets de conseil se sucrent de l argent de ces biens saisis... Ils n ont fait que demolir leurs valeurs... D un employe de amenInvest, ensuiteemploye de MacSa avec le fiasco du fonds jasmin, il se la joue a un calibre qui le depasse de loin...

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