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A Washington, quel programme de réformes économiques présentera la délégation tunisienne au FMI ?

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Une délégation gouvernementale se rendra à Washington le 3 mai 2021 pour négocier un nouveau programme de financement de dette avec des responsables du Fonds Monétaire International (FMI), de la Banque mondiale (BM) et du trésor américain.

Pour réussir ces négociations, nécessaires pour parvenir à un nouvel accord, l'équipe gouvernementale n'ira pas voir les responsables de ces organismes financiers les mains vides. En effet, un programme de réformes économiques, établi par le gouvernement tunisien, sera présenté à Washington par la délégation tunisienne.

Cette dernière sera composée du ministre de l'Economie, des Finances et de l'Appui à l'investissement, Ali KOOLI, du gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie, Marouane El ABASSI, le conseiller économique du Chef du gouvernement, Abdessalem ABASSI, et le Président de l'UTICA, Samir MAJOUL.

Contacté par la Rédaction d'IlBoursa, Monsieur Abdessalem ABASSI, conseiller économique du Chef du Gouvernement, nous a confié que le programme économique proposé par le gouvernement a été négocié dans le cadre des consultations de Beit El Hikma à propos de la relance économique et l'impulsion de l'investissement.

Les principaux axes du programme des réformes

Le conseiller économique du Chef du gouvernement a fait savoir que le nouveau programme des réformes économiques s'articule autour de six principaux axes. Le premier, porte sur la libération de l'économie tunisienne des pratiques anti-concurrentielles et l'amélioration du climat des affaires. " Ce volet prévoit le démantèlement des autorisations, le renforcement du Conseil de la concurrence, l'amélioration du climat des affaires, la simplification du Code des changes et l'inclusion de l'économie informelle ".

Le deuxième axe est d'ordre fiscal portant sur l'amélioration des capacités de l'Etat à collecter et mobiliser des ressources. " Dans le cadre de la réforme fiscale, le programme prévoit la création d'une agence en charge de la modernisation et la digitalisation de l'Administration fiscale et du recouvrement de l'impôt ". En outre, ajoute M. ABASSI, le programme envisage de simplifier davantage l'Impôt sur les Sociétés (IS), la TVA et les autres taxes et ce, dans le cadre de la transition de l'économie informelle vers l'économie formelle et la réduction du gap fiscal.

Pour le troisième axe, il concerne la refonte de la politique des subventions avec la révision du système de compensation en orientant les budgets alloués aux subventions des produits directement au profit des familles nécessiteuses. " Cette réforme s'étalera sur deux ans et ce, en se dirigeant graduellement vers les prix réels tandis que les transferts ciblés vers les familles nécessiteuses seront proportionnels à l'augmentation des prix ".

Dans un premier temps, une plateforme sera mise en place et dans laquelle les personnes nécessiteuses devraient s'inscrire. Ensuite, un système déclaratif sera mis en place pour que ces personnes ne puissent bénéficier des subventions directes que s'ils déclarent leurs impôts. " Ce système permettra au gouvernement de vérifier la fiabilité des informations relatives aux personnes inscrites sur la plateforme afin d'identifier les familles nécessiteuses ", explique M. ABASSI.

Le quatrième axe porte sur l'optimisation et la remobilisation du rendement de la fonction publique. Ce volet s'inscrit dans le cadre de l'amélioration et la digitalisation des services de l'administration publique.

Quant au cinquième axe, il concerne la transformation des entreprises publiques. Dans ce cadre, souligne M. ABASSI, il a été convenu que l'État, en concertation avec l'UGTT, cède ces participations minoritaires dans les entreprises et injecte les revenus de cession dans le Fonds de restructuration des entreprises publiques. Une agence de gestion des participations de l'État verra également le jour pour assurer une meilleure gouvernance au sein des entreprises publiques.

Le dernier axe du programme porte sur l'investissement et la relance économique. Sur ce volet, le programme prévoit de nouvelles mesures susceptibles d'augmenter le volume des investissements et d'encourager le partenariat public privé (PPP).

L'optimisme est de mise pour le gouvernement

Malgré la situation apocalyptique des finances publiques, le conseiller économique de Hichem MECHICHI se veut plutôt optimiste avant la visite de la délégation tunisienne à Washington. " Cette fois, le FMI nous n'a pas imposé un programme de réformes mais plutôt c'est le gouvernement tunisien qui s'en est chargé d'établir. De plus, il est le fruit d'une consultation avec nos partenaires sociaux et il bénéficie d'un vaste consensus des différents intervenants ", précise M. ABASSI.

Et d'ajouter que le gouvernement va demander officiellement des Etats-Unis leur garantie pour que la Tunisie puisse sortir sur le marché international afin de lever de la dette. " Les Etats-Unis ont toujours soutenu la Tunisie et je crois qu'ils continueront à le faire surtout dans ce contexte économique très difficile ", estime M. ABASSI.

A notre question sur le montant que la Tunisie compte demander au FMI dans le cadre d'un accord pour un éventuel nouveau programme, M. ABASSI affirme que le sujet fait encore l'objet de discussions au niveau du ministère des Finances.

La diplomatie tunisienne s'active

A quelques jours de la visite cruciale de la délégation tunisienne à Washington, la diplomatie tunisienne s'active pour essayer d'obtenir le soutien de l'administration américaine, de l'Union européenne et des grands pays européens.

Pour ce faire, le Chef du gouvernement, Hichem MECHICHI, s'est entretenu à la Kasbah au cours de la semaine avec Messieurs Donald BLOME, Marcus CORNARO, André PARANT et Peter Prügel, respectivement Ambassadeurs en Tunisie des Etats-Unis, de l'Union européenne, de la France et de l'Allemagne.

Ces entretiens étaient l'occasion pour discuter du programme des réformes économiques que le gouvernement compte présenter au FMI pour essayer de convaincre ses responsables de nous accorder un nouveau programme de financement de dette. Selon les déclarations des Ambassadeurs susmentionnés, ceux-ci ont manifesté leur soutien au gouvernement tunisien pour réussir son programme des réformes économiques.

Néanmoins, l'essentiel est de pouvoir convaincre le FMI qui, en 2016, a accordé 2,8 milliards de dollars au gouvernement de Youssef Chahed sans pour autant obtenir les résultats escomptés du programme de réformes sur lequel ils se sont mis d'accord.

Omar El Oudi

Publié le 24/04/21 09:43

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