Jalil Allabadi : On veut que les consultations médicales coûtent le pr

 « Avec https://www.altibbi.com/">Altibbi, on voudrait que les consultations médicales dans le monde arabe aient le prix d’un café », telle est l’ambition de Jalil Allabadi, fondateur de la première plateforme arabe mettant la technologie au service de la santé. Durant notre entrevue au http://www.flat6labs.com/">Flat6Labs, abrité à Le 15 Tunis, ce philanthrope est revenu sur ses ambitions humanitaires et son idée originale de mettre un dictionnaire médical arabe en ligne. Entretien

C’est la première fois qu’il vient en Tunisie et c’est pour la bonne cause. Au sein du Flat6Labs, premier accélérateur régional de startups au Moyen-Orient situé au centre-ville de Tunis, il est venu transmettre son savoir-faire à de jeunes startupers tunisiens. Sa plateforme e-santé arabe, fondée en 2008 et basée à Amman, en Jordanie, vient de bénéficier d’une levée de fonds conséquente de l’ordre de 6,5 millions de dollars.

Les investisseurs lui font confiance et promeuvent cette nouvelle forme de pratique médicale mettant en contact patients et praticiens par voie numérique, la Télémédecine. Il veut vulgariser l’accès aux soins dans les pays arabes et pourquoi pas en Tunisie. Aujourd’hui, 10 d’entre eux sont concernés dont la Jordanie, l’Egypte, l’Irak, la Palestine, l’Arabie Saoudite, les Emirats Arabes Unis, le Bahreïn, Qatar et Oman. Dans ces pays, Altibbi apporte une réponse aux défis auxquels est confrontée la médecine dans le monde arabe.

L’idée originale d’un dictionnaire médical en langue arabe en ligne

L’idée est vieille. Elle a pour source son paternel médecin qui a écrit un dictionnaire médical en langue arabe dans les années 1980. Jalil Allabadi s’intéresse d’ailleurs dès son plus jeune âge au domaine médical et constate qu’il y a un manque flagrant de ressources terminologiques médicales en arabe. Après avoir obtenu un baccalauréat en Génie industriel à l'Université de Bologne, il décide de poursuivre une carrière dans le domaine pharmaceutique. Il déménagera ensuite aux États-Unis pour poursuivre un MBA en Global Management.

En 2008, il fonde Altibbi puis, en 2011, le projet d’un dictionnaire médical en ligne voit le jour, après des années de travail acharné. Sa plateforme s’apparentait au départ au forum médical http://www.doctissimo.fr/">Doctissimo, puis, petit à petit, des services et des publications scientifiques sont venus enrichir le site. Aujourd’hui, la plateforme permet un accès rapide aux médecins par messages et par téléphone 24 heures sur 24, 7 jours sur 7.

Les 3 levées de fond en faveur de Altibbi : une confiance renouvelée des investisseurs

Une première levée de fonds de 50 mille dollars avait été effectuée en 2014, puis en 2015 c’est 1 million de dollars qui est injecté dans l’entreprise. En 2017, une troisième levée de fonds de 6,5 millions de dollars est intervenue pour augmenter les capacités du site web médical aussi décliné https://play.google.com/store/apps/details?id=com.altibbi.directory&hl=fr">en application mobile. Convaincus par le pragmatisme et la rentabilité de Altibbi, les mêmes investisseurs ont réinjecté de l’argent pour permettre à la plateforme d’être plus performante et d’augmenter ses potentialités. 

Un avis médical à portée de clic

La télémédecine est un vecteur important d’amélioration de l’accès aux soins, en particulier dans les zones fragiles du monde Arabe confrontées aux déserts médicaux. Néanmoins, pour être opérationnelle, la plateforme nécessite une connexion Internet. Pour optimiser cet accès, Jalil Allabadi a expliqué que seules les premières minutes sur le site nécessitent une connexion Internet. Ces quelques minutes passées, la connexion Internet n’est plus requise.

« Nous voudrions être présents au Soudan où il y a des problèmes de santé publique très grave mais le pays n’est pas encore desservi par la 3G. L’Internet est fondamental », a avancé Jalil Allabadi renchérissant que « l’idée d’apporter une aide médicale et des solutions e-santé à tous les citoyens du monde arabe où qu’ils soient est un rêve ».

Le process de Altibbi et la rémunération des médecins

« Le process est très facile. Les médecins qui répondent aux patients par téléphone ou par message sont des médecins agréés, formés à ce type de consultation par voie numérique. L’idée est que les médecins ont du temps libre, notamment la nuit. C’est durant ces moments-là qu’ils téléconseillent des patients par téléphone ou par messages en se mettant online sur le site », a expliqué Jalil Allabadi.

La consultation coûte 5 dollars aux patients. Ce montant est déduit de leur forfait téléphonique et l’opérateur déduit à son tour 2,5 dollars. Au final, Altibbi récupère 2,5 dollars sur chaque téléconsultation. Le mode de rémunération des médecins est quant à lui régi par une formule. Elle consiste à le payer relativement à la durée où il est connecté sur la plateforme mais aussi en fonction du pourcentage de réponse qu’il apporte aux patients.

Il y a aussi un critère de notation qui entre en jeu puisque les patients notent leur téléconsultation sur 5 étoiles. En fonction de toutes ces données, le médecin reçoit une rémunération équitable.

Une application de lutte contre la vénalité de certains médecins

L’application bouleverse le modèle économique de la consultation médicale et concurrencera, à plus long terme, l’activité médicale traditionnelle des médecins. Sur ce sujet, Jalil Allabadi explique que la mission de Altibbi est « d’offrir à tout un chacun un accès médical. C’est une mission d’ordre public en faveur de l’intérêt général. Les médecins s’en sortent déjà très bien au niveau financier ».  

Il a également établi un constat pragmatique. « Dans le monde arabe, la relation liant un médecin à son patient n’est pas vraiment médicale. Il suffit d’un mal de tête pour qu’un individu aille chez un psychologue alors qu’il ne souffre pas d’une maladie mentale. Le médecin l’ausculte durant 3 minutes et il lui prescrit du Panadol. Inutile et chère, cette consultation fait aussi perdre du temps au médecin qui pourrait s’occuper d’un vrai malade souffrant de troubles réels. 60% des consultations dans les cabinets médicaux sont inutiles selon des recherches scientifiques diverses et variées ».

Altibbi bientôt opérationnelle en Tunisie ?

Il faut imaginer les retombées d’une telle présence en Tunisie, c’est l’ambition de Jalil Allabadi qui a déclaré à ce sujet que « ... notre ambition est que cette plateforme médicale soit également opérationnelle en Tunisie, au Maroc et en Algérie. Nous voulons couvrir tout le monde arabe. Des pays comme l’Iran et le Pakistan entrent également dans nos priorités ».

Khawla Hamed