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Message complété le 10/05/2020 19:21:44 par son auteur.
La compagnie d'assurance AMI vient de publier ses états financiers relatifs à l'exercice 2018. Ces derniers affichent une perte nette de 75,6 millions de dinars, succédant à un déficit de 41,7 millions en 2017. Les fonds propres basculent en territoire négatif à -34,8 millions de dinars.
La société d'assurance multibranches a cumulé en 2018 un chiffre d'affaires de 168,4 millions de dinars, soit 3,5% de mieux qu'en 2017. Une progression qui provient principalement de l'assurance non-vie, elle-même, représente 98% du chiffre d'affaires global de la compagnie. L'assurance vie ne représente à peine que 2% des revenus de l'assureur.
Corrigées des variations de provisions de l'exercice, les primes acquises de l'exercice ont totalisé 170,9 millions de dinars, en progression de +12,8% par rapport à 2017. En parallèle, les charges de sinistres s'élèvent à 185,3 millions de dinars, en hausse de +29,2%. En conséquence, la société dégage un solde de souscription (avant réassurance) déficitaire de 14,5 millions de dinars, contre un solde positif en 2017 de 8 millions de dinars. Le ratio S/P (avant réassurance) se trouve ainsi au-delà de 100% à 108,5% contre 94,7% en 2017.
Les charges de gestion et d'acquisition ont reculé de -12% à 60,6 millions de dinars contre 68,9 millions une année plutôt. Le solde d'assurance ressort ainsi à -75,1 millions de dinars contre -60,8 millions de dinars en 2017, soit un ratio combiné (avant réassurance) de 143,9% contre 140,2% en 2017 et 99,8% en 2016.
Le résultat de réassurance s'affiche à -2,5 millions de dinars. Au total, l'activité technique avant revenus des placements dégage un solde de -77,6 millions de dinars contre -60,9 millions en 2017 et -2,5 millions en 2016.
Le résultat financier n'apporte pas grand-chose à la compagnie, puisqu'il s'est limité à 11,74 millions de dinars contre 9,10 millions de dinars l'année d'avant. Ce résultat a été dopé par des profits provenant de la réalisation de placements de 7,94 millions de dinars, suite notamment à un allègement de la position du portefeuille actions.
Le résultat avant impôts atterrit à -66,4 millions de dinars, contre -52 millions en 2017. La charge d'IS s'est élevée à 9,2 millions de dinars dont des impôts différés débiteurs de 8,8 millions, après avoir enregistré en 2017 des impôts différés actifs (créditeurs) de 10,7 millions dinars.
En effet, la société a opté à partir de 2017, à appliquer la méthode du report d'impôt pour la comptabilisation de l'impôt sur les bénéfices. Les origines de l'impôt différé au sein de l'AMI sont constituées des reports déficitaires. Compte tenu du résultat déficitaire de 2018, AMI a constaté une dépréciation de cet impôt différé de 8,8 millions de dinars en 2018.
La réévaluation des immobilisations pour 44,4 millions de dinars en 2017
A partir de 2017, l'AMI a procédé à l'évaluation des biens immobiliers (terrains et construction) à leur juste valeur. Le recours à cette réévaluation, selon les notes aux états financiers, étant motivé par : (1) la recherche à présenter une information plus pertinente sur la valeur des placements immobiliers, (2) la reconnaissance par la norme IAS 16 du modèle de réévaluation pour l'évaluation des immobilisations postérieurement à leur acquisition initiale et (iii) l'adhésion à une tendance de plus en plus croissante qui converge vers d'adoption de l'approche de réévaluation.
Cette réévaluation a porté la valeur au bilan des terrains et constructions de 27,7 millions de dinars en 2016 à 71,8 millions de dinars en 2017, soit une plus-value de réévaluation de 44,1 millions de dinars dont une réévaluation du terrain et immeuble du Lac 2 de +35,9 millions de dinars.
La plus-value de réévaluation, 44,4 millions de dinars, a été comptabilisée, en majoration de la valeur brute des immobilisations d'une part et dans un compte de réserve spéciale de réévaluation d'autre part. La réévaluation n'a pas eu d'impact fiscal en 2017 et en 2018. Également, elle sera sans incidence fiscale dans les exercices futurs tant que la réserve ne sera pas utilisée et le bien ne sera pas cédé.
Le chantier de réévaluation des provisions pèse lourdement sur les fonds propres
Les provisions techniques sont évaluées par références à l'arrêté du Ministre des Finances du 27 février 2001 et aux normes comptables sectorielles. Jusqu'en 2016, AMI calcule la provision pour sinistres à payer en se basant uniquement sur la méthode d'évaluation par dossier et non pas la plus élevée des trois méthodes réglementaires suivantes : (i) évaluation par dossier, (ii) évaluation par référence au coût moyen des sinistres des exercices antérieurs et (iii) évaluation basée sur les cadences de règlement.
Le constat qui est fait au début de 2017, a motivé l'examen approfondi de ces méthodes avec l'intervention d'un actuaire. Cet examen a abouti à conclure que les méthodes d'évaluation antérieurement appliquées nécessitent des changements compte tenu du contexte actuel de l'AMI.
Suit à ce constat et pour une meilleure estimation des engagements techniques et la mise en place des bonnes pratiques, AMI assurances a procédé à l'audit des provisions pour sinistres à payer auto arrêtés au 31 décembre 2018 et a confié cette mission à deux cabinets indépendants.
Des modifications ont été apportées aux niveaux des provisions des sinistres corporels et matériels pour l'évaluation des dossiers IBNeR (Incurred But Not Enough Reserved), coût des tardifs et le nombre des tardifs. Cette action a mené à l'ajustement des provisions sur la base des données disponibles dans les dossiers physiques, à la mise à jour des coûts moyens et à la requalification de la responsabilité de certains sinistres. Les tardifs ont été estimés compte tenu d'un ajustement ayant porté à la fois sur le nombre des dossiers et sur les coûts moyens arrêtés par année de survenance.
L'application rétrospective des changements des méthodes d'évaluation des provisions pour sinistres à payer, a entraîné l'ajustement des capitaux propres d'ouverture de l'exercice 2017 de -50,6 millions de dinars. Compte tenu de l'effet cumulé du résultat net 2017 négatif de 41,7 millions de dinars, les fonds propres fondent à 5,76 millions de dinars au 31/12/2017.
Enchaînant en 2018 avec un résultat net négatif de -75,6 millions de dinars, la société porte ses fonds propres à -34,8 millions de dinars. Les commissaires aux comptes font ainsi mention, dans leur rapport général, des remarques suivantes :
(1) les capitaux propres au 31/12/2018 sont en deçà de la moitié du capital social. En conséquence, en application de l'article 388 du code des sociétés commerciales, une Assemblée Générale Extraordinaire devrait être convoquée dans les quatre mois de l'approbation des comptes pour se prononcer sur la continuité d'exploitation
(2) la marge de solvabilité est en dessous du minimum règlementaire prévu par les dispositions de l'article 58 bis du code des assurances, et
(3) le taux de représentation des engagements techniques s'établit à 75,31 %, en deçà du taux minimum de 100% prévu par l'article 29 de l'arrêté du 27 février 2001 fixant la liste et le mode de calcul des provisions techniques et les conditions de leur représentation.
Dans ce cadre, le conseil d'administration de la société, réuni le 06 Mars 2020 a décidé de proposer une augmentation des fonds propres pour couvrir les pertes cumulées nécessitées par la couverture des besoins supplémentaires de provisions et assurer le développement de la compagnie. Une levée de fonds (Cash In) est donc programmée pour un montant de 132 millions de dinars, dont 40 millions de dinars en titres participatifs.
Télécharger les états financiers arrêtés au 31 décembre 2018
Moez Hadidane