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Au terme de la tenue de la 36e édition des Journées de l'Entreprise, samedi 10 décembre, le gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie (BCT), Marouane EL ABASSI, est revenu sur ces quatre années à la tête de l'institution émettrice nationale.
Organisées par l'Institut Arabe des Chefs d'Entreprises (IACE), les Journées sont le rendez-vous annuel pour célébrer l'entrepreneur et l'esprit d'entreprendre en Tunisie. Cette année, l'évènement tournait autour de la thématique de " L'Entreprise et la Sécurité : Libertés et Souveraineté ".
Revenant sur ses débuts, en 2018, en tant que gouverneur de la BCT, Marouane EL ABASSI est revenu sur la conjoncture tendue dans laquelle il a entamé son mandat. " Lorsque je suis arrivé à la BCT, l'inflation était à 7,6% alors que l'inflation sous-jacente était à 9,8%. Nous avions une dépréciation du dinar comprise entre 15% et 20% avec des conditions de financement extérieur complétement difficiles puisque nous n'avons pas pu avoir de déboursements de la part du Fonds Monétaire International (FMI) ".
En récupérant le portefeuille de gouverneur de la BCT en 2018, Marouane El Abassi était conscient " qu'il fallait être fou pour accepter d'être à ce poste car nous étions arrivés à des conditions compliquées accentuées par les sanctions du GAFI ".
Prioriser la stabilité financière
Avec un déficit courant atteignant les 11%, " il fallait songer à faire baisser le déficit budgétaire au cours de cette année de grandes difficultés ", indique le gouverneur avant d'ajouter que " des décisions douloureuses, en termes budgétaires, avaient été décidées avec le ministre des Finances de l'époque ".
La priorité était ainsi de sauvegarder le taux de change afin d'optimiser la politique monétaire, en garantissant la stabilisation financière et d'éviter un marché monétaire inefficace. " Lorsque nous augmentons les taux directeurs, nous évitons une perte de taux de change, qui serait néfaste pour le paiement des dettes de l'État, qui sont effectués en devises, mais aussi pour les importateurs tunisiens ".
Malgré les conditions politiques qualifiées de compliquées, " le dinar a commencé à s'apprécier, fin 2019, et l'inflation sous-jacente a commencé à baisser ", déclare-t-il avant de poursuivre " alors que la situation devenait meilleure, la crise sanitaire s'est déclenchée ".
La crise sanitaire du Covid-19 aurait plongé l'économie nationale dans un coma artificiel
Pour le gouverneur de la BCT, la fermeture de l'économie pour endiguer la propagation des contaminations au Covid-19 n'a pas été la meilleure politique à conduire. " La mauvaise décision que les autorités ont prise est la mise en arrêt de l'économie, ce qui a donné lieu à une chute de 8% de la croissance, dont les effets persistent jusqu'à aujourd'hui ".
Le choc induit par la pandémie du Covid-19 a été amplifié par la continuité de l'instabilité politique renforcée par la mise en place d'un autre gouvernement au mois de septembre 2020. " La communauté internationale nous suivait de près et, en tant que Banque centrale, nous ne pouvions pas ouvrir les vannes monétaires car au bout de 6 mois, nous aurions pu avoir une inflation à trois chiffres. Il fallait initier les réformes structurelles demandées par le FMI ".
Pour sortir de l'impasse et redresser l'économie, la Tunisie a commencé à mener les réformes demandées par le prêteur multilatéral qu'est le FMI. Parmi les mises à jour à mener pour la stabilisation macroéconomique, figurent la digitalisation et la numérisation des services administratifs.
Mariem Ben Yahia
Publié le 14/12/22 11:07
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