La Banque mondiale (BM) vient de publier son dernier rapport sur la croissance économique dans la région MENA pour l'année 2023.
Pour la Tunisie, les nouvelles estimations de la BM tablent désormais sur une croissance de seulement 1,2 %, ce qui représente une nette révision à la baisse par rapport aux anticipations optimistes de 2,3 % formulées en juin 2023.
Intitulé " Trouver le juste équilibre : Emplois et salaires en temps de crise dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord ", ce rapport met en lumière les facteurs ayant contribué au ralentissement économique de la Tunisie.
Tout d'abord, le secteur agricole a été sévèrement touché par une sécheresse dévastatrice, aggravant la vulnérabilité d'une économie déjà fragilisée. De plus, des incertitudes subsistent quant au financement de la dette, et l'inertie dans la mise en œuvre des réformes structurelles a engendré un climat économique empreint d'incertitudes.
Un autre obstacle majeur réside dans l'absence d'un accord de financement avec le Fonds Monétaire International (FMI), et dans le manque de financements étrangers, tout cela dans un contexte mondial marqué par l'incertitude.
Cependant, quelques signes positifs subsistent. Le déficit budgétaire devrait connaître une légère amélioration, passant de 6,6 % du PIB en 2022 à 5,6 % en 2023. Cette évolution découle principalement de la réduction des subventions énergétiques, de la rationalisation de la masse salariale en termes réels et d'une augmentation des recettes fiscales.
En revanche, les besoins bruts de financement devraient augmenter à 16 % du PIB en 2023, comparativement à 12,6 % en 2022, en grande partie en raison d'échéances importantes liées à la dette extérieure.
Concernant le déficit du compte courant, une nette amélioration est prévue, passant de 8,6 % du PIB en 2022 à 4 % en 2023, grâce notamment à la reprise du secteur touristique.
Risques potentiels
La BM attire l'attention sur les risques potentiels qui pèsent sur les perspectives de croissance à moyen terme en Tunisie. Elle souligne que les prévisions pour 2023-2024 restent exposées à d'importants dangers de détérioration, et exhorte le pays à mettre en œuvre des réformes budgétaires et fiscales décisives.
Ces réformes englobent notamment la réduction des subventions tout en préservant un filet de sécurité pour les catégories vulnérables, la promotion de l'équité fiscale, et la restructuration des entreprises publiques. L'absence de ces réformes pourrait rendre la mobilisation de financements en devises étrangères extrêmement difficile, avec des conséquences potentiellement désastreuses pour l'économie tunisienne et l'emploi.
Par ailleurs, le rapport souligne également que la région MENA connaît une décélération de la croissance en 2023, particulièrement chez les pays exportateurs de pétrole du Conseil de coopération du Golfe (CCG).
Le taux de croissance de ces pays devrait se limiter à 1 % en 2023, en net recul par rapport aux 7,3 % enregistrés en 2022, en raison de la diminution de la production pétrolière et de la chute des prix du pétrole.
Jihen MKEHLI
Publié le 06/10/23 09:43