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1ère édition des Journées de la Fondation BNA : La politique monétaire sous la loupe

ISIN : TN0006670012 - Ticker : SIPHA
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Croissance molle, hausse des salaires sans hausse de productivité, montée exponentielle de l'inflation, dérapage du budget de l'Etat… Tous ces maux endémiques faisaient froid dans le dos. Mais dernièrement, les performances économiques respirent un tant soit peu l'air. Et c'est dans cette marge, que le coup d'envoi des journées de la Fondation BNA a été donné. Une conférence sous le thème " politique monétaire en temps d'instabilité " a ainsi été organisée dans le but d'éclaircir l'opinion publique sur l'état de l'économie tunisienne. Détails.

D'emblée, Marouane El Abassi, Gouverneur de la BCT, a indiqué que l'effort déployé par la Banque centrale pour réduire l'inflation et essayer de remettre l'économie sur les rails n'était pas évident. " la période de transition économique complexe a été dure pour tous ", a-t-il déclaré.

Sur ces mêmes longueurs d'ondes, Fatma Marrakchi, professeur en Economie à la FSEGT (Faculté des Sciences Economiques et de Gestion de Tunis), a déclaré que la politique monétaire joue un rôle de stabilisateur dans une période frappée de tensions politiques et économiques. Mais c'est la productivité et l'investissement qui constituent les vecteurs de croissance.

Elle a fait savoir, en outre, que la croissance économique avait commencé à fléchir depuis 2008. " Quand bien même la fermeture de compte capital, on avait été touché par la crise économique mondiale ", assène l'universitaire. Cette légère récession est expliquée par la crise qui a frappé de plein fouet les partenaires commerciaux les plus importants. Réduisant, par la suite, nos recettes touristiques et affectant notre balance des paiements.

Une économie fragilisée

Et depuis, la croissance économique a eu du mal à se relever. Depuis 2010, des temps marqués par l'instabilité et les tensions politiques, sécuritaires et économiques, l'accroissement du PIB tunisien a été en dents de scie. Du côté du chômage, Fatma Marrakchi a indiqué qu'une corrélation entre le PIB et la création d'emplois a été prouvée. Mais ces minimes taux de croissance ne permettent point de résorber le chômage.

Quant à la balance commerciale, l'universitaire a démontré à l'assistance qu'avant la révolution et les tensions politiques, les services couvraient 93% des échanges commerciaux de la Tunisie. En 2017, ce taux de couverture était de l'ordre de 6%. " Le tourisme et les services ont été touchés par l'instabilité ", a-t-elle ajouté.

Et les fluctuations des prix de pétrole ont rendu la tâche encore plus difficile. " 40% du déficit commercial était causé par l'énergie " déclare l'intervenante. Plus encore, avec l'augmentation des prix du pétrole, c'est la demande de devises qui suivra, causant la dépréciation du dinar et aggravant le déficit commercial davantage.

Et ce ne sera pas l'investissement national qui viendra sauver la mise. L'économiste a ajouté que le gap entre investissement et épargne s'élargit de plus en plus depuis 2009. Et d'ajouter : " On n'arrive pas à relancer l'investissement. En 2018, le rapport investissement / PIB s'établit à seulement 18,5% alors qu'en 2010 ce taux était de 24,6% ".

Côté endettement, Rym Kolsi, DG de la politique monétaire au sein de la BCT, a indiqué que l'impact des instabilités à frappé le climat des affaires. De fait, les notes des obligations souveraines ont été mises à mal. " Nous nous situons dans une catégorie spéculative à présent ce qui ne permet plus à la Tunisie d'avoir des emprunts sur le marché international à des taux inférieurs à 6% ", regrette la DG.

Une politique monétaire d'acier

L'universitaire était claire à ce sujet. La dépréciation du dinar engendre plus d'endettement et d'inflation. La dépréciation, selon l'économiste, provoque la hausse de l'inflation importée qui, à son tour, fait augmenter les coûts de la production et fait varier l'IPC. Ensuite, c'est les salaires qui suivront s'accompagnant d'une hausse supplémentaire des coûts de production… " Il s'agit d'une spirale infernale d'inflation de laquelle il est presque impossible de sortir ", dénonce Fatma Marrakchi.

Toutefois, elle a indiqué que l'inflation en Tunisie commence à reculer. " La politique monétaire restrictive commence à donner ses fruits ", a-t-elle souligné. Et de rappeler que la flambée des prix est aussi l'affaire du gouvernement. " L'économie tunisienne est très sensible aux chocs exogènes. Une bonne couverture et une meilleure gestion ainsi qu'une coordination entre les politiques monétaires sont louables ", martèle l'universitaire.

Pour Rym Kolsi, l'inflation prévue pour 2020 est de l'ordre de 5,3%. " L'on commence à réduire petit à petit le déficit budgétaire et à améliorer la parité EUR/TND. Nous jouons un rôle primordial dans la stabilisation des prix ", a-t-elle ajouté. Et de rappeler l'importance de la communication ciblée pour rassurer le citoyen et l'investisseur.

" La prochaine étape est d'instaurer un climat d'affaires capable de créer des emplois et générer de la croissance ", a-t-elle souligné. Plus encore, la restructuration des entreprises publiques et des caisses sociales, la digitalisation de l'économie et les partenariats publics-privés sont une mission de la plus haute diligence. A bon entendeur !

Azyz MEDDEB

Publié le 27/02/20 14:35

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