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Véritable révolution. La voiture hybride incarne la solution idéale pour une transition en douceur vers la voiture propre. Ce type de véhicule possède de sérieux atouts pour se tailler une belle place sur le marché tunisien de l'automobile. Mais, faute de volonté, l'Etat tarde à promouvoir la technologie hybride tant souhaitée par le consommateur tunisien.
Une voiture hybride est un véhicule dont le fonctionnement repose sur deux sources d'énergie qui se suppléent intégrant ainsi un moteur thermique traditionnel, de type essence, mais également une motorisation électrique alimentée par une batterie. Les deux motorisations interagissent pour propulser le véhicule.
Comment ça marche ?
Prenons l'exemple de la voiture Toyota hybride qui vient d'être introduite sur le marché tunisien par la société BSB. Ainsi, pas besoin de la brancher, votre Toyota Hybride est totalement autonome. La batterie se recharge toute seule durant les différentes phases de conduite vous permettant d'effectuer 50% de votre temps de trajet en ville et jusqu'à 60 Km/h en tout électrique.
Au démarrage, il suffit d'une pression sur le frein et sur le bouton Power pour démarrer dans un environnement silencieux et profiter directement du mode 100% électrique. En conduite normale, votre Toyota Hybride choisit toute seule l'énergie la plus adaptée à votre conduite.
En pleine accélération, le moteur à essence vient soutenir le moteur électrique pour apporter plus de puissance. Lors des phases de décélération et de freinage, le système coupe automatiquement le moteur à essence et recharge les batteries du véhicule.
Une solution aux multiples avantages
Le succès Florissant des véhicules hybrides s'explique en partie par les nombreux avantages qu'ils offrent : autonomie renforcée, consommation réduite, moins polluant et confort de conduite. Un fait que plus personne ne peut renier désormais.
Bien que la Tunisie ait intégré les véhicules hybrides dans la Loi de Finances 2018 avec comme avantage une baisse de 30% des taxes (droits de consommations), ceci reste négligeable. Et ce, pour plusieurs raisons que nous citerons après.
A titre d'exemple, le Maroc a pris plusieurs mesures pour inciter les Marocains à s'orienter vers les véhicules propres. Ceci à commencer par l'exonération de la taxe de luxe et de la vignette sur les véhicules propres et ce, depuis une dizaine d'années. Aussi, le gouvernement a fait baisser les droits de douane et les frais d'immatriculation sur ces derniers.
En effet, pour faire décoller le marché des véhicules hybrides en Tunisie, il faut un certain nombre d'initiatives encore. Tel est l'avis de M. Moez BELKHIRIA, Président directeur Général du Groupe BSB, concessionnaire officiel de la marque Toyota en Tunisie. Ce dernier, a lancé en septembre dernier et pour la première fois en Tunisie sa gamme hybride : le nouveau Toyota RAV4 et la nouvelle Toyota Corolla.
" Nous sommes à la traîne en ce qui concerne la promotion et l'intégration de la technologie Hybride en Tunisie. Un pays comme le Maroc adopte pratiquement l'exonération totale des taxes sur l'importation des véhicules hybrides et électriques depuis plusieurs années ", fustige M. BELKHIRIA.
Même l'intégration des véhicules hybrides dans la Loi de Finances de 2018, avec comme avantage une baisse de 30% des taxes, reste très insuffisant. " Cette mesure reste négligeable puis que le prix d'achat des véhicules hybrides est 30% plus cher que les voitures à moteur thermique traditionnel, car il s'agit simplement d'une technologie de pointe ".
Les véhicules hybrides sont généralement équipés de moteur de plus grosse cylindrée que la version normale du même modèle. Il n'y a pas mieux qu'un exemple concret pour schématiser cela.
En effet, explique M. BELKHIRIA, la version normale de la Toyota C-HR est équipée d'un moteur 1.2 Litre qui est sujette à une taxe (droits de consommation) de 20%. La version hybride de la même voiture est équipée d'un moteur de 1.8 Litre, soit le plus petit moteur hybride disponible pour ce véhicule. La taxe appliquée pour la version hybride est de 45%, soit 25 points de pourcentage de plus que la version normale. " A tout cela s'ajoute un prix fournisseur plus élevé de 30% et on se retrouve avec des prix allant du simple au double ", a-t-il martelé.
Les voitures hybrides proposées par BSB Toyota sont parfaitement adaptées pour le marché tunisien
Vue l'absence d'une infrastructure adéquate (bornes de recharge), les voitures hybrides commercialisées en Tunisie ne nécessitent aucun branchement et se rechargent toutes seules en roulant sans avoir à se soucier aux problèmes d'autonomie.
D'après le ministre de l'Industrie et des PME, le déficit de la balance énergétique a atteint 52% en 2018 contre 49% en 2017. Ce déficit peut atteindre 73% en 2030 si les ressources nationales continuent à stagner alors que la demande en énergie suit une tendance haussière.
Alors que toutes les études énergétiques et environnementales réalisées dans le pays pointent le secteur du transport comme étant le plus grand consommateur de carburant. Le déploiement de l'hybride, pour les véhicules particuliers comme un début, est la meilleure solution à moyen terme pour réduire l'impact environnemental et la consommation des énergies non renouvelables.
L'hybride séduit les automobilistes en Europe
Après avoir été prudents vis à vis de l'hybride, les principaux constructeurs automobiles mondiaux s'y sont mis. L'hybride constitue en effet le premier pas vers l'électrique.
La promesse a de quoi séduire les automobilistes, gros rouleurs et adeptes de véhicules haut de gamme, pour qui le tout électrique ne répond pas encore aux besoins, faute d'autonomie suffisante. De janvier à juillet, près de 93.000 unités de "plug-in hybrides" ont été écoulées en Europe.
Lorsque l'hybride est dite " plug in ", la batterie peut être rechargée en la reliant à n'importe quel réseau électrique. C'est aujourd'hui l'une des solutions d'hybridation les plus populaires.
Le gouvernement doit encourager la technologie hybride
La baisse des droits de douane ou encore les frais d'immatriculation sur les voitures hybrides restent des mesures insuffisantes pour rendre ces véhicules à la portée du Tunisien.
Outre l'exonération partielle (minimum de 50%), voire totale, de la taxe (droits de consommation), le gouvernement doit instaurer, en premier lieu, de nouvelles mesures fiscales pour inciter les concessionnaires automobiles à intégrer la technologie hybride sur le marché tunisien à un prix abordable.
Ensuite, des professionnels préconisent à l'Etat de promouvoir l'utilisation des véhicules hybrides pour les transports urbains ce qui va largement contribuer à la mise en place de la mobilité propre en Tunisie.
Dans un second temps, l'Etat devrait songer à instaurer le principe du pollueur-payeur, pour décourager les gens à acheter des véhicules diésels. Cela peut aller jusqu'à la restriction de la circulation dans les grandes villes des véhicules diesels à l'instar de ce qui se fait dans certaines villes européennes et américaines.
Il faut donc que l'État tunisien comprenne bien l'enjeu d'encourager la mobilité hybride qui permet la réduction de la pollution de l'air, en particulier en ville. Et pour cela il doit mettre en place de nouvelles mesures plus importantes à partir de la Loi de Finances 2020 pour faire émerger le marché des voitures hybrides en Tunisie.
Propos recueillis par Omar El Oudi