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Cybersécurité : La nouvelle monnaie de confiance du secteur financier

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zep zep
Posté le 15/09/2025 11:14:13
Tout à fait d'accord avec vous ! Surtout que depuis quelques temps on entend beaucoup parler de "NUMéRISATION DE LA MONNAIE"en Europe et au Usa.Meme si nous ne sommes pas directement concernés,nous devons etre BIEN PRéPARé.
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zep zep
Posté le 15/09/2025 11:14:13

La transformation numérique a bouleversé le paysage économique africain. Des banques traditionnelles aux fintechs en pleine expansion, en passant par le mobile money, la finance en Afrique de l'Ouest connaît une croissance rapide. Mais cette révolution numérique s'accompagne d'un défi majeur : la cybersécurité.

Dans un monde où les transactions s'exécutent en quelques secondes et où les données des clients circulent en permanence, la véritable valeur qui garantit la solidité des institutions n'est plus seulement le capital financier, mais bien la confiance numérique. Aujourd'hui, la cybersécurité est devenue la nouvelle monnaie de confiance.

  1. La cybersécurité, pilier de la confiance

La confiance est le socle de toute activité financière. Or, un seul incident de cybersécurité peut suffire à l'ébranler :
- une fuite de données expose des milliers de comptes clients,
- un rançongiciel bloque les services pendant plusieurs jours,
- une fraude électronique entraîne des pertes financières considérables.

Avec mon parcours en cybersécurité — de Western Union à la Federal Reserve Bank, en passant par Coca-Cola, Ball Aerospace et aujourd'hui BAE Systems Space & Mission Systems dans l'aérospatiale, où j'ai contribué à des projets liés à la NASA — j'ai constaté que la majorité des attaques ne réussissent pas faute de technologie, mais faute de gouvernance et de préparation. La cybersécurité doit être comprise comme un investissement stratégique et non comme un simple coût.

  1. Une région en pleine expansion mais vulnérable

En Afrique de l'Ouest, la digitalisation financière avance à grands pas : banques en ligne, applications de paiement, fintechs, mobile money. Cette dynamique favorise l'inclusion financière et stimule l'économie, mais elle augmente aussi la surface d'attaque.

- Les applications mobiles sont devenues des cibles privilégiées.
- Les systèmes de paiement électronique sont exposés aux fraudes.
- Les institutions de petite taille, qui manquent de ressources, sont particulièrement vulnérables.

Mon expérience m'a montré que l'équilibre entre innovation et sécurité reste fragile. L'enthousiasme pour la digitalisation est réel, mais la cybersécurité est encore trop souvent un sujet secondaire. Pourtant, ignorer la sécurité dès la conception revient à construire sur des fondations fragiles.

  1. La confiance numérique : un atout économique

La cybersécurité n'est pas seulement un enjeu technique, c'est aussi un atout stratégique. Des études internationales indiquent que près de 80 % des clients changeraient de banque après un incident majeur.

Investir dans la cybersécurité, c'est donc :
- protéger sa réputation,
- gagner un avantage compétitif,
- éviter des coûts cachés liés aux crises.

Mes responsabilités dans différents conseils d'administration m'ont confortée dans cette conviction : la cybersécurité doit être une décision au niveau stratégique. Les dirigeants qui anticipent ces risques ne sécurisent pas uniquement leurs institutions, ils protègent l'économie entière.

  1. Menaces majeures pour la finance ouest-africaine

Les principales menaces que je rencontre dans mes analyses sont :

- Le phishing et l'ingénierie sociale : les fraudeurs exploitent la crédulité des clients et employés.
- Les rançongiciels (ransomware) : ils paralysent les systèmes et obligent au paiement d'une rançon.
- Les menaces internes : erreurs ou actes malveillants d'employés.
- Les failles dans la chaîne de fournisseurs : souvent négligées, elles ouvrent des portes aux cybercriminels.

🔎 Exemple mondial : WannaCry

En 2017, l'attaque WannaCry a infecté plus de 200 000 ordinateurs dans 150 pays. Des hôpitaux en Europe ont dû annuler des opérations, des entreprises ont perdu l'accès à leurs systèmes, et des ministères ont été paralysés. Ce rançongiciel exploitait une faille de sécurité dans Windows pour se propager très rapidement.

Même si l'Afrique de l'Ouest n'a pas été la plus touchée, WannaCry a montré que personne n'est à l'abri. Aujourd'hui, avec la croissance des fintechs et du mobile money, une attaque similaire pourrait avoir des conséquences graves sur nos économies locales si les institutions ne prennent pas la cybersécurité au sérieux.

🔎 Parallèle local : la Côte d'Ivoire en 2024

En 2024, la Côte d'Ivoire a connu une panne majeure de fibre optique qui a paralysé Internet pendant plusieurs jours. Banques, entreprises et citoyens se sont retrouvés dans l'impossibilité de travailler normalement, avec une sensation d'impuissance totale.

Même si cet incident n'était pas une cyberattaque mais un problème technique, il illustre ce qu'un rançongiciel pourrait provoquer – et même en pire :
- blocage immédiat des systèmes,
- paralysie des services financiers,
- incapacité pour les clients d'accéder à leur argent,
- perte de confiance généralisée.

Cette comparaison locale montre bien que nos économies sont désormais dépendantes du numérique. Et cette dépendance fait de la cybersécurité une priorité absolue.

🔎 Cas concret : la cyberattaque SUNU Bank en 2025

En avril 2025, la SUNU Bank Côte d'Ivoire a été victime d'une cyberattaque ayant entraîné un détournement de plus de 211 millions de FCFA. Cette attaque a mis en lumière la vulnérabilité des institutions financières locales face à des réseaux criminels organisés.

Cet incident prouve que les cyberattaques ne sont pas une menace abstraite : elles touchent déjà le cœur du système financier ivoirien, avec des pertes financières réelles et un risque majeur pour la confiance des clients.

  1. La sensibilisation : l'arme la plus sous-estimée

Trop d'institutions pensent que la cybersécurité se limite à installer des logiciels sophistiqués. Pourtant, la sensibilisation régulière des employés et des clients est le facteur le plus efficace pour réduire les risques.

- Former les collaborateurs à détecter un email frauduleux,
- Apprendre aux clients à sécuriser leurs identifiants,
- Créer une culture interne de vigilance numérique.

Mon constat, forgé aussi bien dans les salles de conseil que dans les ateliers de formation, est clair : la sensibilisation est encore insuffisante. C'est pourtant un investissement peu coûteux, qui produit des résultats immédiats. Un employé ou un client conscient devient le premier pare-feu d'une institution.

  1. Les bonnes pratiques à adopter

Pour bâtir la confiance numérique, je recommande une approche structurée en trois volets :

1. Normes et standards : ISO 27001, NIST, PCI-DSS pour les paiements.
2. Gouvernance : nommer un responsable cybersécurité (CISO) avec une place au comité exécutif.
3. Technologies adaptées : chiffrement, authentification multifactorielle, détection en temps réel.

Dans ma pratique professionnelle, j'ai accompagné des organisations qui, en adoptant progressivement ces mesures, ont réduit leur exposition aux menaces. La clé n'est pas de copier les modèles occidentaux, mais d'adapter les standards aux réalités locales.

Conclusion

La finance ouest-africaine ne pourra pas bâtir un avenir solide sans cybersécurité. Ce n'est pas une dépense accessoire mais un investissement stratégique.

La véritable richesse d'une institution ne réside pas uniquement dans ses bilans financiers, mais dans la confiance numérique qu'elle inspire à ses clients et partenaires.

En tant qu'Africaine travaillant aujourd'hui aux États-Unis, avec une expérience couvrant la finance, l'industrie et l'aérospatiale, engagée dans plusieurs conseils d'administration et fondatrice d'initiatives en Afrique, je suis convaincue que l'Afrique de l'Ouest peut devenir un modèle de cybersécurité. Investir dans la confiance numérique, c'est investir dans la résilience économique et sociale de demain.

📌 Bio de l'auteure

Gaëlle Koanda est une professionnelle burkinabé de la cybersécurité, basée aux États-Unis. Elle a occupé des rôles stratégiques en sécurité de l'information au sein de grandes institutions telles que Western Union, la Federal Reserve Bank, Coca-Cola, Ball Aerospace et actuellement BAE Systems Space & Mission Systems dans l'aérospatiale, où elle a également contribué à des projets liés à la NASA. Elle est fondatrice et présidente de WiCyS Côte d'Ivoire et Burkina Faso, Program Director de SheLeadsTech Colorado, Vice-Présidente Éducation d'ISACA Denver, AI Global Ambassador, et siège à plusieurs conseils d'administration, notamment dans le domaine académique au Colorado. Elle détient plusieurs certifications professionnelles, dont CISA (Certified Information Systems Auditor), CISM (Certified Information Security Manager), et ISO 27001 Lead Implementer, ainsi qu'une maîtrise en finance et un Master en Information System Audit and Control. Finaliste du prix Cybersecurity Woman of the Year 2025 et lauréate du Women Changing the World Award 2024, elle défend une vision de la cybersécurité adaptée aux réalités africaines, centrée sur la confiance numérique et la résilience économique.


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