Posté le 23/09/2022 13:25:03
OPA Monoprix / Position du CMF
Je précise que je ne détiens aucune action Monoprix.
Note d’information du DG de Monoprix et valorisation par Tunisie Valeurs.
Valeur d’achat 5,5 Dt, exprimant la valeur fondamentale à différencier de la valeur boursière.
Tunisie valeur précise qu’il a utilisé les états financiers 2021 et les prévisionnels 2022-2026. Soit 5 ans d exploitation.
Cela laisse supposer que la méthode du Discounted Cash flow a été utilisée jusqu’en 2026. (Dans le cas contraire Tunisie Valeur aurait du le préciser) et il est facile de comprendre que l’extrapolation de 5 ans supplémentaires après la phase de redressement, a un impact majeur sur la valorisation globale.
Les usages et standards internationaux utilisent cette méthode sur une période de 10 ans, durée particulièrement adaptée au secteur de la grande distribution.
Tunisie valeur ne précise pas la méthode d obtention du résultat final concernant les 4 méthodes de valorisation, en particulier la pondération des méthodes.
Les actifs immobiliers très importants et leur valorisation ne sont pas évoqués alors qu’ils
représentent un enjeu financier majeur pouvant impacter sur la valeur fondamentale de l’action.
Tout ceci laisse supposer que la valeur de 5,5 Dt repose sur des hypothèses de valorisation incomplètes et basses et ne correpond pas à une juste valeur fondamentale, ceci d’autant plus que l’environnement actuel, faiblesse de la demande et inflation élévée devraient être corrigés par un Discounted Cash Flo calculé sur 10 ans.
Le Paradoxe de cette opération.
Si le Stock guide de Monoprix de la BVMT (AGO 12 Mai 2022) est exact, le Groupe Mabrouk / Exis disposait de 76,73 % des actions, le flottant inférieur à 5% 23,27 %%.
Dans ce cas précis, cela laisse supposer que le majoritaire a toute latitude en terme de capacité de décisions pour engager une restructuration stratégique opérationnelle et qu’il n’est pas obligé de faire une OPA sur le flottant.
Pourquoi alors annoncer aux minoritaires que Monoprix va engager un vaste plan stratégique qui va fortement valoriser l’entreprise et leur demander au même moment de vendre leur action à un prix apparemment bas ?? Ceci les empêchant de manière définitive de bénéficier de la nouvelle création de valeur et de ses dividendes et /ou de neutraliser leurs pertes actuelles par rapport à l’évolution négative des cours de l’action ( 22,35 Dt en 2015 et 6, 29 Dt en 2021 , env. 5 Dt en 2022 ). Comme il ne s’agit pas d’une offre de retrait , les actionnaires ne sont pas obligés de vendre à ce prix. Par manque d’attractivité Monoprix prend un risque de voir échouer son opération, excepté si celle-ci se réduit à l’affaire de quelques intermédiaires favorables à l’opération et qui détiendraient des quantités importantes d’actions.
Quant au « But de l offre », dans lequel il est précisé que l’intérêt de réaliser cette OPA pour les actionnaires est d’éviter la volatilité boursière (??) et la pression du marché sur les résultats (??) qui pourraient gêner la restructuration du groupe, il est techniquement non recevable. Ou est le lien entre ces 2 aspects et la mise en œuvre de la restructuration ?
En fait le vrai but (qui par ailleurs n’est pas discutable et totalement acceptable en terme de motivation) pour l’actionnaire, avec un contrôle total, serait de pratiquer à sa convenance une restructuration financière, organisationnelle, certainement « sophistiquée », sans avoir à en rendre compte à quiconque : les minoritaires, mais surtout la réglementation boursière.
Ceci permettrait aux actionnaires de bénéficier au maximum des résultats financiers futurs, que ceux-ci soient obtenus par des résultats de développements classiques et/ou par des transactions et montages subtils intra groupe ou autres, bien « optimisés », qui auraient pu entrainer des questionnements de la part des tiers, à savoir surtout actionnaires minoritaires et autorité de régulation.
Position et décisions du CMF.
Rappels de la loi N 94 117 du 14 Nov 1994.
Art. 23 : Le Conseil du marche financier est chargé de veiller à la protection de l’épargne investie en valeurs mobilières……
Art.32 : « ……………………………..Le CMF vérifie la conformité des informations fournies ou publies par les personnes précitées aux exigences légales et règlementaires ……………….. ».
Art.33 : « Le CMF peut demander aux experts comptables inscrits à l’ordre ……….de procéder ……….à toute analyse complémentaire ou vérification qui lui paraitrait nécessaire. …… »
Art.48 : « ……….Le collège du Marché financier approuve le prix des souscriptions et de rachat des actions de la BVMT et désigne les experts pour leur évaluation…………….. »
Les offres publiques d acquisition facultatives :
Art. 133 « ……………………..le CMF peut également demander à l’intermédiaire présentateur le réexamen de son projet, s’il n’estime pas acceptable :
.Le prix ou les parités d’échanges proposés en fonction des critères d’évaluation objectifs usuellement retenus et des caractéristiques de la société visée.
……………………………………… »
-Par rapport à ce qui a été indiqué précédemment et qui oblige à certains questionnements,
- Par rapport à l’identité du groupe Mabrouk, à l’architecture assez complexe du groupe, y compris la Sté Monoprix,
Le CMF n’aurait pas du prendre pour argent comptant le dossier technique de Tunisie Valeurs. Le CMF aurait du, s il veut démontrer qu’il défend réellement l’épargne et les minoritaires, faire auditer, en fonction de la règlementation (voir ci-dessus) cette valeur de 5,5 Dt par deux cabinets d’expertise comptable ou des experts en évaluation et la valider ou l’invalider en précisant les arguments technico financiers.
- Contrairement à un comportement proactif et contrairement à l’art 32, le CMF se satisfait d’indiquer dans son AVIS que « Le présent avis est établi sous la responsabilité de l’initiateur de l’offre et de la société visée chacun en ce qui le concerne ». Autrement dit qu’il n’a aucune responsabilité dans le contenu de l’offre, et qu il n’a pas à porter de jugement de valeur.
A quoi sert donc le CMF ?
Une fois de plus et les cas scandaleux sont nombreux depuis huit ans, le CMF n’assume pas ses responsabilités et chaque fois ceci est à l’avantage des émetteurs, contrairement à sa mission de base, défendre l’épargne. Cherchez l’erreur.