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Les prix des carburants ont augmenté de 35% jeudi au Liban. C'est la seconde hausse en 48 heures puisque le gouvernement libanais a annoncé mardi une majoration de 30% de l'ensemble des tarifs en vue de la suppression totale des subventions des carburants.
Prise dans une spirale hyperinflationniste, la conjoncture libanaise souffre également de pénuries et de rationnements touchant aux biens de première nécessité tels que le carburant. Se trouvant dans un dénuement extrême, les Libanais peinent à affronter une des pires crises financières et économiques au monde depuis 1850, en sus d'une crise sanitaire inédite.
Plusieurs rixes ont ainsi lieu dans les stations-service où des armes blanches et des armes à feu sont utilisées. Hier, le 1er juillet, douze personnes ont été blessées dans une station au sud du Liban. Les conditions d'approvisionnement sont difficiles. Pour éviter les attentes interminables, certains travaillent à partir de leur véhicule en utilisant leurs ordinateurs personnels dans ce qu'on appelle " les lignes d'humiliation ".
Le pain n'a pas échappé aux effets des augmentations significatives des prix des carburants. La " Rabta " de pain blanc, dont le poids minimum est de 876 grammes se vend actuellement à 3.750 livres libanaises alors que le paquet de 910 grammes se vendait à 4.000 livres libanaises deux jours auparavant.
Sur fonds de crise, les produits de base manquent et deviennent plus chers. Il est devenu rare de trouver dans les pharmacies du lait infantile, dont le prix ne soit pas très coûteux. Résultat, les Libanais se tournent vers le marché en achetant des produits d'origine inconnue, qui nuisent à la santé et à la croissance des nourrissons.
L'accès aux soins devient plus difficile dans le pays du Cèdre qui lutte au milieu d'une crise économique fragilisé par des coupures quotidiennes et continues de courant. Les pénuries de carburant affectent également l'approvisionnement en mazout des groupes électrogènes privés puisque la société nationale, Électricité du Liban, est échaudée par la crise.
Les six millions de Libanais sont la proie d'un effondrement économique. La conjoncture libanaise est noyée depuis près de deux ans dans une grave crise. Les devantures des magasins, fermés en raison des pénuries, deviennent un des nombreux lieux d'expression de la colère de la population en affichant des maximes servant de leçons d'avenir comme " Derrière chaque acte de corruption, il y a un peuple qui dort " ou encore " un peuple dans dignité ne mérite pas la vie ".
Mariem Ben Yahia