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Coronavirus : Comment Esprit School of Business a fait face à la crise

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Posté le 19/06/2020 08:07:52
Waouh, bravo !!
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Posté le 10/06/2020 19:34:33
Bravo ESPRIT SCHOLL OF BUSINESS ( ESB ) En tant que parent je peux confirmer que cette école et une grande fierté pour notre pays // moralité ( si on veut on peux )
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Posté le 10/06/2020 19:34:33

Dans le cadre de notre série d'articles consacrée aux retours d'expérience des entreprises tunisiennes dans leur gestion de la crise de COVID-19, le Directeur Général et fondateur de l'Esprit School of Business, Mohamed Jaoua, revient dans cette interview sur le passage vers le e-learning en si peu de temps, suite au confinement, et comment les équipes technique et administrative ont su gérer ce grand basculement. 

 

 

Esprit School of Business se présente comme l'école du management numérique. Est-ce à dire que vous étiez mieux que d'autres préparés à affronter la crise du Covid-19 ?

[Mohamed Jaoua] Je ne le dirais pas comme ça. Comme tout le monde, nous nous sommes retrouvés le 13 mars, date de la fin prématurée des cours, confrontés à une urgence : assurer la continuité pédagogique au retour de vacances de nos étudiants deux semaines plus tard, et sauver leur année universitaire. Bien sûr, le retour en présentiel étant inenvisageable, il fallait imaginer une solution de télé-enseignement.

À vrai dire, nous n'étions pas préparés à une telle solution car nous favorisions, et continuons à favoriser, le blended learning où le e-learning vient en appui et non en substitution au présentiel. Nous travaillions depuis trois ans sur la digitalisation de nos enseignements, grâce notamment à la plateforme Moodle sur laquelle l'ensemble des contenus étaient mis à disposition de nos étudiants, ainsi que quelques compléments (vidéos, exercices, études de cas, etc.). Ce qui était tout de même un excellent point de départ pour l'expérience d'e-learning que nous avons mise en place dans l'urgence.

Deux semaines pour basculer vers l'e-learning, comment avez-vous fait ?

[Mohamed Jaoua] Eh bien, nos enseignants — de même l'équipe technique et administrative — ont consacré les vacances de printemps à la préparation de cette rentrée inédite. L'enseignement à distance nécessite en effet des supports très différents de ceux qu'on utilise en présentiel, qu'il fallait créer. Il exige une organisation différente de la classe et de l'exercice de notre métier, qu'il a fallu appréhender. Il exige enfin une maîtrise du rapport — totalement transformé — de l'enseignant à l'étudiant, en même temps que des modalités de la transmission.

Nous avons d'abord opté pour la plateforme Blue Jeans, puis migré vers Google classroom, et nous avons travaillé à mettre en place les instances nécessaires pour organiser les classes. Nous avons aussi fait en sorte que Moodle supplée à diverses fonctions, telles que les évaluations (quizzes, etc.). De sorte que le 30 mars, nous étions à pied d'œuvre pour notre première rentrée digitale.

Un taux d'assiduité de 86 %, supérieur à celui qui est constaté habituellement.

Et les étudiants dans tout ça ?

[Mohamed Jaoua] Ils ont été tenus au courant et associés de près à tout ce qui se préparait. Un tel bouleversement ne peut en effet réussir sans l'adhésion de toutes les parties concernées. Et les plus concernés ne sont-ils pas nos étudiants, puisqu'il s'agit après tout de leur avenir ? Ils étaient à juste titre inquiets par rapport à cela, mais rassurés que leur école prenne le taureau par les cornes en ne se contentant pas de les renvoyer à des supports de cours uploadés sur une plateforme. Bien sûr, ils ont été confrontés, comme nous tous, aux problèmes de connexion accrus dans ce contexte où la demande a explosé. Mais ils ont massivement joué le jeu. Un seul chiffre permet de s'en rendre compte : nous avons observé un taux d'assiduité de 86% — supérieur à celui qui est constaté habituellement — durant les huit semaines, du 30 mars au 22 mai, qu'a duré cette expérience du tout digital.

Et l'administration ?

[Mohamed Jaoua] Le confinement strict auquel le secteur de l'enseignement supérieur était soumis a entraîné son basculement immédiat vers le télétravail. Nous avons continué à tenir nos réunions en utilisant Google Meet et Microsoft Team, et le téléphone a sonné plus qu'à l'ordinaire. Nous avons appris à mieux travailler en structurant nos échanges et en partageant aussi bien nos informations que nos dossiers. Certains d'entre eux ont certes pris du retard, du fait des incertitudes qui pèsent sur les projections d'avenir et des interactions avec de tierces parties moins réactives. Mais les relations avec nos étudiants et leurs familles n'ont pas été affectées, et la délivrance des documents administratifs non plus.

Nous avons été obligés de sauter le pas inéluctable du digital que nous remettions sans cesse au lendemain, comme si nous en avions peur. Le Covid-19 a brisé bien des tabous et prouvé à tous que tout compte fait, ce n'était pas sorcier.

Quel bilan faites-vous de l'expérience ?

[Mohamed Jaoua] Globalement positif. Les statistiques sont là : près de 3.600 séances de cours à distance réalisées en huit semaines, moins de 2 % de défaillances pour cause de connexions, 109 enseignants et 890 étudiants concernés, plus de 70 % de ces derniers ayant exprimé leur satisfaction en dépit des problèmes inhérents à ce mode d'enseignement.

Mais le plus important n'est pas là. Nous, Tunisiens, avons en effet — à quelque chose malheur est bon ! — été obligés de sauter le pas inéluctable du digital que nous remettions sans cesse au lendemain, comme si nous en avions peur. Le covid-19 a brisé bien des tabous à cet égard, et prouvé à tous que tout compte fait, ce n'était pas sorcier.

Il reste certes beaucoup à faire. Les solutions conçues dans l'urgence doivent être perfectionnées, stabilisées, inscrites dans la durée. Mais l'essentiel est là : nous sommes entrés de plain-pied et sans possibilité de retour dans l'ère du digital. Et nous n'allons pas nous arrêter là.

Le télétravail va devenir la norme plutôt que l'exception. Nos diplômés pourront ainsi travailler pour l'une des GAFA par exemple sans avoir à quitter Tunis.

Comment voyez-vous la suite justement ?

[Mohamed Jaoua] Ce qui est sûr, c'est que rien ne sera plus comme avant. Le blended learning et le télétravail partiel vont devenir la norme plutôt que l'exception. Ce qui ouvre de vastes perspectives à notre école et plus généralement à l'université, notamment en matière de " executive education ". La transformation digitale amènera — elle amène déjà — des millions de cadres en activité à chercher à acquérir des compétences essentielles qui leur manquent en termes de data et de numérique. Tandis que les jeunes que nous formons aujourd'hui devront continuer à apprendre tout au long de leur vie pour rester à jour dans un monde en évolution rapide. L'executive education constitue donc l'horizon de l'université, certaines institutions internationales réalisant déjà plus de la moitié de leur activité dans ce registre, et l'e-learning l'un de ses outils incontournables.

Des perspectives nouvelles s'ouvrent également devant nos étudiants. Car nombreuses entreprises, notamment internationales, vont désormais recruter des milliers sinon des millions de collaborateurs basés aux quatre coins du monde. Nos diplômés pourront ainsi travailler pour l'une des GAFA par exemple sans avoir à quitter Tunis. Et ils pourront d'autant mieux le faire qu'ils auront déjà, durant leur scolarité, appris à travailler à distance, selon un mode collaboratif, en maîtrisant les outils numériques et en utilisant l'anglais comme langue véhiculaire, tout en faisant preuve de l'esprit critique et de l'interculturalité qui siéent à ce type d'environnement.

Depuis sa naissance en 2016, ESB a inscrit sa vocation dans la transmission de ces compétences constitutives du monde de demain. La brusque accélération de sa transformation digitale, effet collatéral de la pandémie, lui permettra de le faire encore mieux et plus vite.


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