Un dollar vaut désormais 15.000 livres libanaises

La dégradation de la monnaie libanaise face au dollar continue son ancrage au pays du Cèdre. Le dollar américain passe la barre des 15.000 livres, mardi 16 mars, sur le marché noir. Depuis le début de la crise libanaise à l'automne 2019, la livre libanaise s'est érodée de près de 90%.

La dépréciation observée a cristallisé un ébranlement du pouvoir d'achat. L'inflation annuelle est estimée à 145% pour l'année 2020, selon les autorités libanaises. Le prix des produits alimentaires a progressé de 408% sur la même période. Après avoir était paralysé par deux explosions survenues au port de Beyrouth, le Liban continue à s'embourber dans la crise. La dette du pays a atteint 170% de son PIB au terme de l'année dernière.

Face à une conjoncture économique harassante, les Libanais peinent à se nourrir correctement. La sécurité alimentaire est au centre des préoccupations, laissant au second plan la sécurisation des vaccins contre la Covid-19. En effet, 55% de la population libanaise vit en-dessous du seuil de pauvreté, soit avec moins de 3,84 dollars par jour, selon les données de l'Organisation des Nations Unies (ONU).

Le dévissage de la livre libanaise matérialise le spectre d'un potentiel arrêt progressif du programme de subventions appliquées sur les biens de première nécessité, comme le carburant et le blé.

Dans le cas où les médicaments seraient concernés par la levée des allocations, leurs prix seraient multipliés par cinq, selon le président de la commission parlementaire de la santé libanaise, Assem Araji. L'épuisement des réserves monétaires disponibles de la Banque du Liban, servant à financer le programme de subvention, affectera plus de 25% des dépenses des ménages.

L'absence de réformes politiques et économiques fait franchir au Liban un énième Rubicon. Il est à noter qu'un dollar américain valait 1.500 livres libanaises en 1997. Des suites de la guerre civile, qui a eu lieu entre 1975 et 1990, une chute continue de la monnaie locale s'est installée sur le marché informel.

Myriam Ben Yahia

Publié le 17/03/21 11:58