À l'heure où plus de la moitié des Africains, soit quelque 600 millions de personnes, sont privés d'accès à l'électricité, l'énergie nucléaire émerge comme une piste sérieuse pour répondre à une demande énergétique croissante, tout en maîtrisant l'empreinte carbone du continent.
Plusieurs pays africains envisagent le nucléaire non comme un luxe, mais comme une nécessité pour stimuler le développement industriel, améliorer la qualité de vie et soutenir leurs économies.
Selon l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), l'Afrique ne compte actuellement qu'un seul pays doté d'une centrale nucléaire opérationnelle, et une vingtaine de pays africains sont soit en phase de réflexion, de planification ou de lancement de projets nucléaires, et plusieurs ont déjà entamé des démarches concrètes avec des partenaires internationaux.
Selon les projections de l'AIEA, la capacité nucléaire électrique du continent pourrait augmenter de 58 % d'ici 2030, voire être multipliée par dix d'ici 2050.
Les pays les plus avancés
Selon l'AIEA, l'Égypte est aujourd'hui le pays africain le plus avancé dans le domaine du nucléaire civil. Au nord-ouest du pays, sur les rives de la Méditerranée, les travaux de la centrale d'El-Dabaa mené par la société russe Rosatom, prévoient l'installation de quatre réacteurs d'une capacité totale de 4 800 mégawatts, de quoi alimenter plusieurs millions de foyers.
Outre l'Égypte et l'Afrique du Sud, seul pays disposant déjà d'une centrale en activité (Koeberg), l'AIEA souligne que trois autres pays africains s'approchent de la construction : le Ghana, le Kenya et le Nigéria. Tous trois ont déjà engagé des démarches techniques, réglementaires et contractuelles avec des partenaires internationaux, mais l'avancement dépend désormais d'une décision politique finale.
Les pays encore en phase d'études
Le dernier rapport de l'AIEA distingue également les pays africains qui n'ont pas encore réussi l'étape décisive de la construction mais qui avancent dans la phase préparatoire. Cette étape, appelée phase 1, correspond aux études préliminaires, analyses de faisabilité, évaluation des besoins énergétiques, choix technologiques, qui précèdent le lancement officiel d'un programme nucléaire.
Dans cette catégorie figurent notamment la Tunisie, le Maroc, l'Algérie, le Rwanda, l'Éthiopie, le Sénégal, le Niger, le Soudan, l'Ouganda et la Zambie. Ces pays explorent le potentiel du nucléaire civil, mais sans avoir encore arrêté de calendrier de construction ni signé d'accords définitifs avec des opérateurs internationaux.
La pré-phase : intentions sans engagements
L'AIEA recense aussi une " pré-étape 1 ", où se situent neuf pays africains. Le Burkina Faso, la Côte d'Ivoire, le Togo, la Guinée, Djibouti, la Tanzanie, Madagascar, la Namibie et le Zimbabwe ont manifesté un intérêt pour l'énergie nucléaire, mais restent au stade des déclarations d'intention, sans démarches concrètes pour mettre en place une stratégie nationale ou une infrastructure réglementaire.
Il est à noter que sur les cinq dernières années, 40 nouveaux réacteurs ont été lancés dans le monde : 26 en Chine, un au Pakistan construit par des entreprises chinoises, et 13 sous la houlette de l'industrie nucléaire russe, répartis entre l'Égypte, l'Inde, la Turquie et la Russie.
Jihen Mkehli
Publié le 03/09/25 08:27